La greffe gingivale libre en 2015
 

Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 3 du 01/09/2015

 

ÉDITORIAL

Yves Reingewirtz  

Rédacteur en chef invité

Une récente séance de la SFPIO Alsace m'a permis de rappeler la date de naissance de la greffe gingivale libre. Nous avons en effet fêté récemment le cinquantième anniversaire de l'article de Hilding Bjorn, première publication consacrée à cette approche - ou presque : selon Andrew Allen et Walter Cohen (JPDR 2012), le Suédois aurait été précédé d'un an par Kenneth King et Billy Pennel, en 1962 ; et la primeur reviendrait à Younger, auteur d'une...


Une récente séance de la SFPIO Alsace m'a permis de rappeler la date de naissance de la greffe gingivale libre. Nous avons en effet fêté récemment le cinquantième anniversaire de l'article de Hilding Bjorn, première publication consacrée à cette approche - ou presque : selon Andrew Allen et Walter Cohen (JPDR 2012), le Suédois aurait été précédé d'un an par Kenneth King et Billy Pennel, en 1962 ; et la primeur reviendrait à Younger, auteur d'une présentation sur ce sujet à l'American Dental Club of Paris en… 1902 !

Quoi qu'il en soit, la greffe gingivale libre (GGL), ou greffe épithélio-conjonctive, est une technique largement codifiée depuis cette date, s'appuyant sur une logique biologique et un protocole clinique qui ont fait leurs preuves, et dont les multiples indications en font, aujourd'hui encore, un must.

Si les contours n'ont guère changé, les nombreux progrès réalisés en termes d'assistance instrumentale (micro-instrumentation, AVO), de biomatériaux (allo ou xénogreffes) ou de chirurgie plastique parodontale ont permis d'améliorer le pronostic de cette intervention délicate et d'en réduire les effets délétères.

C'est donc avec plaisir que je réponds à l'invitation de Paul Mattout de présenter un numéro consacré à l'actualisation de cette technique recommandée dans de nombreuses indications. Plusieurs équipes nationales et internationales ont accepté d'apporter leur concours à ce dossier dont la richesse et la diversité permettront de réaliser deux numéros.

C'est par une approche step by step de la technique princeps, proposée par Alain Borghetti et Zineb Mekkaoui, que débute ce dossier. Les inconvénients liés à la GGL sont principalement sa médiocre intégration chromatique et la morbidité associée à la cicatrisation du palais par seconde intention ; ce premier numéro aborde la problématique esthétique, avec l'équipe italienne de Pierpaolo Cortellini, Giovanpaolo Pini Prato, Maurizio Tonetti et Roberto Rotundo : les auteurs florentins nous proposent une évolution de la technique avec un nouveau design chirurgical. C'est au responsable de la rubrique Ortho-Paro de la Revue Scientifique Internationale du JPIO qu'est revenue la tâche d'aborder le chapitre « Ortho ». Renaud Rinkenbach, associé à Bruno Grollemund, a développé les facteurs de risques des récessions liés aux traitements orthodontiques en insistant notamment sur la délicate prise en charge en orthodontie linguale. Sofia Aroca, Daniel Etienne et Anton Sculean nous apportent l'expérience des écoles parisienne et bernoise dans le recouvrement des dénudations radiculaires par tunnelisation, même dans la région des incisives mandibulaires, pourtant zone de prédilection habituelle des GGL. Ce premier numéro consacré à la GGL se conclut par une revue de littérature mettant en évidence son intérêt dans la prise en charge post-extractionnelle d'une alvéole ; la qualité d'étanchéité obtenue grâce à ce greffon permet en effet de créer une véritable chambre de régénération osseuse.

Bonne lecture à toutes et tous.