« La profession n’échappe pas à l’étau inflationniste actuel »
 
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18/07/2022

« La profession n’échappe pas à l’étau inflationniste actuel »

Pierre-Olivier DONNAT, nouveau président des Chirurgiens-dentistes de France (CDF), expose à CLINIC les deux principaux enjeux à venir pour son syndicat : l'indexation des coûts d'une part, la démographie et l'offre de soins d'autre part. Rappel d'Expreso aussi déjà active en Bretagne et Pays-de-la-Loire.

CLINIC : QUEL EST VOTRE PARCOURS ?

J’exerce depuis 1993 dans le département de l’Yonne. Je viens d’être élu président des CDF après avoir occupé les fonctions de secrétaire général et encore avant de secrétaire général adjoint. C’est une longue histoire syndicale engagée il y a plus de 20 ans. J’ai été président depuis très longtemps du syndicat départemental de l’Yonne. J’ai aussi été président de l’URPS des chirurgiens-dentistes Bourgogne, puis Bourgogne-Franche-Comté depuis 2010.

QUELS SONT LES PRINCIPAUX ENJEUX À VENIR POUR LES CDF ?

Il y a évidemment un enjeu d’actualité au sujet de l’étau inflationniste qui touche toutes les activités économiques. La profession n’y échappe pas : le coût de certains matériels s’envole. Nous avons prévu néanmoins dans le dispositif conventionnel une augmentation de certains tarifs en fonction de l’évolution d’un indice dentaire. C’est un indice composite qui prend en compte l’ensemble de nos charges et qui doit faire l’objet d’une augmentation de plus de 1 %, mesurée sur l’année précédente, pour déclencher l’indexation des plafonds de certains actes prothétiques. Cette disposition conventionnelle sera mise en application avant la fin de cette année. Par ailleurs, de nombreux actes de soins conservateurs, endodontiques et chirurgicaux sont encore très loin de leur juste prix. Cela fera prochainement l’objet de discussions avec l’Assurance maladie.

Un autre enjeu est celui de la démographie. Il y a de très fortes tensions, notamment dans un grand nombre de territoires ruraux, semi-ruraux ou péri-urbains où l’offre de soins dentaires est insuffisante en regard de la demande. A l’inverse, nous sommes confrontés à une explosion du nombre de centres dentaires dans les grandes villes, qui s’accompagnent de nombreux scandales sanitaires (Dentexia, Proxidentaire). Ces centres captent énormément des ressources humaines de la profession, ce qui pose de réels problèmes. Par exemple, un praticien libéral ne peut s’adjoindre qu’un seul collaborateur libéral ou salarié, voire un second sur autorisation ordinale, alors qu’un centre dentaire peut faire travailler autant de chirurgiens-dentistes salariés qu’il le souhaite. C’est une des distorsions de concurrence les plus flagrantes, en dehors des avantages économiques et sociaux accordés aux centres. Notre objectif est que les cabinets libéraux puissent accueillir autant de collaborateurs libéraux ou salariés que leur plateau technique peut en accepter, ce qui serait une mesure favorisant un meilleur maillage territorial de la profession.

COMMENT LES CDF S’IMPLIQUENT-ILS DANS LA PRÉVENTION ?

La convention dentaire prévoit un volet prévention qui me tient particulièrement à cœur. Nous avons pu développer une expérimentation article 51, appelée Expérimentation Prévention en Santé Orale, ou Expreso. Elle prévoit une rémunération forfaitaire pour la prévention, en fonction du risque de chaque patient. Elle est en cours dans deux régions, Bretagne et Pays-de-la-Loire et est pour l’instant réservée aux 18-24 ans. Elle aura vocation à s’étendre à l’ensemble du territoire national et à d’autres classes d’âge. Je suis très fier que les CDF aient pu développer cet article 51, qui change totalement la donne en terme de prévention, en l’inscrivant comme pratique essentielle du chirurgien-dentiste.

Propos recueillis par Anne-Gaëlle Moulun


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