« Dis-moi, est-ce que c'est mieux chez les British ? » - Clinic n° 04 du 01/04/2009
 

Clinic n° 04 du 01/04/2009

 

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C'EST MON AVIS !

Stéphane Simon  

Stéphane Simon Université de Paris7, Associate researcher (Université de Birgmingham)Exercice privé exclusif de l'endodontie à Rouen

C'est probablement la question que l'on m'a posée le plus fréquemment depuis mon retour !

Au cours de ces deux années inoubliables, j'ai connu la vie du chercheur à l'étranger, de l'enseignant et de l'exercice privé. J'ai eu la chance incroyable de travailler dans l'équipe du Pr A.J. Smith, leader mondial en recherche sur la biologie pulpaire.

La hiérarchisation britannique au travail se ressent à tous les niveaux. Protocoles rigoureux, signatures de...


C'est probablement la question que l'on m'a posée le plus fréquemment depuis mon retour !

Au cours de ces deux années inoubliables, j'ai connu la vie du chercheur à l'étranger, de l'enseignant et de l'exercice privé. J'ai eu la chance incroyable de travailler dans l'équipe du Pr A.J. Smith, leader mondial en recherche sur la biologie pulpaire.

La hiérarchisation britannique au travail se ressent à tous les niveaux. Protocoles rigoureux, signatures de décharge, rapports réguliers, réunions bimestrielles, réunions déjeûnatoires pour soulever le problème du filtre de la hotte des toxiques peuvent surprendre, voire accabler très rapidement. Les discussions sans fin sur la vie de l'odontoblaste et de sa régulation génétique, au milieu des piles de livres dans le bureau du Pr Smith resteront pour moi des souvenirs inoubliables. L'équipe est soudée derrière son chef, l'objectif commun étant la réussite et le travail d'équipe. Sur le papier tout est joli ; dans les couloirs, il en est peut-être autrement. Finalement, c'est partout pareil...

Le laboratoire étant intégré à l'école dentaire et à l'hôpital, je décrochai rapidement un contrat d'enseignant et de praticien hospitalier en endodontie. L'odontologie est reconnue depuis des années comme une spécialité médicale. Les étudiants travaillent à 4 mains avec les assistantes en formation (cycle de 2 ans), les hygiénistes et les thérapistes (hygiénistes ayant le droit de pratiquer des soins précis sur prescription d'un chirurgien-dentiste). Les Britanniques ont une approche beaucoup moins mécaniste et une formation médicale plus poussée (2 ans complets) que les Français. À l'issue de cette formation, les étudiants sont probablement moins performants sur le plan technique mais leur 6e année effectuée au sein d'un cabinet sous contrôle de l'université leur apprend très vite à progresser.

Plus tard, il leur faut choisir entre pratiquer dans le système du National Health Service (NHS) ou le milieu privé. La concurrence est rude, sauf pour les endodontistes, ce qui fut ma chance... J'ai travaillé 2 jours par mois dans un cabinet privé en tant que spécialiste reconnu par le General Dental Council (équivalent du Conseil de l'Ordre britannique). J'ai alors découvert, dans un village de 2 000 habitants, une structure impressionnante regroupant 5 associés, 5 collaborateurs et 42 membres du personnel !

Après mûre réflexion et 25 mois d'incertitude, j'ai repris le bateau. De ce genre d'expérience, on ne revient jamais le même. La comparaison entre deux systèmes est enrichissante. L'accueil qui m'a été réservé est allé au-delà de mes attentes. Je ne sais pas si c'est mieux ici que là-bas et peu m'importe. J'ai laissé sur place des amis. J'y retourne régulièrement en tant que chercheur associé du même laboratoire.

En conclusion, je ne peux qu'inciter les curieux à vivre une telle expérience. On pense toujours que l'herbe est plus verte dans le champ du voisin. Pour s'en assurer, il faut aller comparer la couleur soi-même. Ce que je retiens aussi de tout cela, c'est qu'il n'y a pas de système parfait. Tout le monde le sait, encore faut-il s'en convaincre !