La tutelle promet l’application de la loi - Clinic n° 04 du 01/04/2014
 

Clinic n° 04 du 01/04/2014

 

MANIFESTATION CONTRE LE CLESI (EX-PESSOA)

Actu

ANNE-CHANTAL DE DIVONNE  

Les événements se sont accélérés alors qu’une manifestation rassemblant 3 000 étudiants en dentaire, des chirurgiens-dentistes, des orthophonistes et des kinésithérapeutes s’ébranlait, le 14 mars, dans les rues de Paris pour demander la fermeture du CLESI, une école privée qui annonce former en France des chirurgiens-dentistes hors numerus clausus.

À quelques minutes du départ du cortège de la place Saint-Sulpice à Paris, la ministre de la Santé confirmait, devant le Centre national des professions de santé (CNPS), la publication prochaine d’un arrêté imposant à un établissement comme le CLESI (Centre libre d’enseignement supérieur international, ex-Pessoa) de se mettre en conformité avec la loi de juillet 2013 qui encadre la formation des praticiens, dans un délai maximum de 6 mois, ou de fermer.

Gain de cause

Soulagement dans les rangs des manifestants car, pour continuer de fonctionner, cet établissement va devoir impérativement obtenir une double accréditation du ministère de la Santé et du ministère de l’Enseignement supérieur, et qu’il signe une convention avec une université et un centre de soins pour la réalisation des stages cliniques !

Jusqu’à présent, rien ne semblait arrêter le CLESI qui, après l’ouverture de l’école de Toulon en octobre 2012, en inaugurait une seconde à Béziers 1 an plus tard. Et la Fédération des syndicats dentaires libéraux (FSDL), qui avait lancé une action pour faire fermer la formation, était déboutée le 27 février dernier au motif que la loi votée en juillet ne pouvait être appliquée puisque les textes d’application ne sont pas parus.

Fermer le CLESI et empêcher l’ouverture d’autres écoles en France, c’est ce que demandent toutes les instances de la profession – Ordre, syndicats professionnels et étudiants – qui ont manifesté pour la seconde fois en 1 an, le 14 mars à Paris. La première fois, c’était à Toulon il y a tout juste 1 an. La profession reproche à l’enseignement délivré par le CLESI l’absence de garantie quant à son contenu, sa qualité et la validité du diplôme. Les étudiants du CLESI (environ 150 sur 2 années) n’ont « aucune garantie » d’intégrer l’université Fernando Pessoa de Porto pour terminer leurs études à l’issue de leurs deux premières années en France, remarque Christian Couzinou, président de l’Ordre. « Cette école privée échappe à tout contrôle ministériel », renchérit Alexandre Hajjar, président de l’Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire (UNECD). La profession reproche aussi de contourner le numerus clausus puisque aucun concours d’entrée n’est exigé pour accéder à la formation dont les frais d’inscription s’élèvent à 9 500 euros par an.

Un malaise plus profond

Sur ce plan, le malaise est plus profond. Car au-delà de l’action menée contre le CLESI sur le territoire français, c’est bien une désagrégation du numerus clausus qui est en marche. L’expatriation depuis plusieurs années d’un nombre croissant d’étudiants français en Belgique, en Roumanie et en Espagne pour y effectuer leurs études dentaires, ainsi que l’accueil croissant de praticiens étrangers, en témoignent. En 2013, sur 1 430 primo inscrits à l’Ordre, 301 étaient diplômés hors de France, dont 21 de nationalité française. Et ce n’est qu’un début.