Altérations osseuses péri-implantaires en relation avec les distances séparant les éléments - Implant n° 1 du 01/02/2004
 

Implant n° 1 du 01/02/2004

 

Implant a analysé

Jean-Pierre Lucchini  

L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Cette équipe suédoise a évalué radiographiquement les altérations de la topographie osseuse au niveau des sites proximaux de 35 prothèses postérieures de 3 éléments, vissées sur des implants de Brånemark standard (28 patients dont 18 femmes et 10 hommes, âgés de 48 à 81 ans), soit 18 bridges maxillaires et 17 mandibulaires. Des radiographies ont été prises le jour de la mise en place des bridges, puis à 1 et 3 ans, pour...


L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Cette équipe suédoise a évalué radiographiquement les altérations de la topographie osseuse au niveau des sites proximaux de 35 prothèses postérieures de 3 éléments, vissées sur des implants de Brånemark standard (28 patients dont 18 femmes et 10 hommes, âgés de 48 à 81 ans), soit 18 bridges maxillaires et 17 mandibulaires. Des radiographies ont été prises le jour de la mise en place des bridges, puis à 1 et 3 ans, pour mesurer le niveau osseux en regard des implants et des dents adjacentes et le niveau de la crête osseuse dans les zones proximales. La ligne de contact implant/pilier et la jonction émail/cément pour les dents naturelles ont été prises comme points de référence. Les mesures ont été analysées pour 35 couples proximaux dent/implant et 70 couples proximaux implant/implant.

Des courbes de régression multiple ont été utilisées pour évaluer sur 3 ans l'influence des différents facteurs sur l'os parodontal et péri-implantaire : différence de position implant/dent dans le plan vertical, différence de position de 2 implants adjacents dans le plan vertical, distance entre 2 implants ou un implant et une dent dans le plan horizontal, distance entre le point de contact de 2 couronnes adjacentes et la ligne de jonction implant/pilier.

Concernant les couples dent/implant, la perte osseuse moyenne sur 3 ans a été de 0,5 mm au niveau de l'implant et de 0,4 mm au niveau des dents.

La technique d'analyse par régression multiple n'a pas pu identifier de facteurs significatifs expliquant les modifications de niveau de l'os péri-implantaire et parodontal. Concernant les couples implant/implant, la perte osseuse péri-implantaire a été de 0,6-0,7 mm (0,3-0,5 mm la première année) et semblait significativement influencée par la distance verticale entre les implants, la différence de niveau osseux entre les implants adjacents lors de l'examen initial et des changements osseux au niveau de la surface de l'implant opposé. De plus, l'importance du déplacement apical de la crête osseuse interimplantaire était inversement proportionnelle à la distance séparant 2 implants. Les différences de positions verticale et horizontale entre 2 implants semblent influencer le niveau de l'os qui les sépare sur une période de 3 ans suivant la mise en charge alors que les résultats enregistrés n'ont pas pu démontrer de relation concernant d'éventuelles modifications osseuses dans les zones proximales séparant implants et dents naturelles.

Ce que j'en pense : Toutes les mesures de résorption après 3 ans se situent en dessous du millimètre avec une marge d'erreur évaluée se situant à 2,8 % (mesures horizontales) et 14,4 % (mesures verticales). À ce degré de précision, tous ces résultats ne peuvent pas être appréciés cliniquement et peut-être faut-il seulement retenir que les différences de position de 2 implants dans le plan vertical et la distance horizontale séparant 2 implants peuvent avoir un effet relativement significatif sur la perte osseuse. Dans tous les cas, une distance interimplantaire insuffisante entraînerait des complications prothétiques et le sens clinique de l'implantologiste lui permettra d'éviter ce piège. Cette étude longitudinale est certainement utile et nécessaire, mais fait partie des articles dont on a seulement envie de lire le résumé ou les conclusions, car la simple énumération des paramètres mesurés est rébarbative. Bonne chance à tous ceux qui auront le courage de se plonger dans une étude approfondie de ce travail !

Ce que j'ai appris : Que ce soit dans les plans vertical ou horizontal, les différences de position des implants les uns par rapport aux autres ou par rapport aux dents naturelles entraînent des altérations osseuses statistiquement significatives après 3 ans d'observation des prothèses implanto-portées, analysées dans le cadre de cette étude. La résorption osseuse péri-implantaire constatée se situe toutefois dans la moyenne publiée par Jemt et Lekholm pour les reconstructions implantaires partielles, que ce soit dans les couples dent/implant ou implant/implant. Le voisinage d'une dent naturelle ne semble pas avoir d'influence négative (ou positive) sur la résorption osseuse péri-implantaire.