Utilisation d'os bovin déprotéiné dans les comblements de sinus - Implant n° 3 du 01/08/2004
 

Implant n° 3 du 01/08/2004

 

Repères

Opinions

David Abensur *   Pascal Valentini **  


*Co-directeur du diplôme universitaire intereuropéen d'implantologie (Département de sciences médicales et de biologie humaine)
Université de Corse
**Co-directeur du diplôme universitaire intereuropéen d'implantologie (Département de sciences médicales et de biologie humaine)
Université de Corse

Depuis 1980, année de la première publication de Boyne et James [1] sur les comblements de sinus, cette technique s'est largement répandue et intégrée dans les plans de traitements implantaires. À l'origine, le matériau de choix était l'os autogène. Mais depuis 10 ans, des biomatériaux ont été expérimentés, puis régulièrement employés en chirurgie osseuse, plus particulièrement dans les comblements de sinus où leur succès...


Depuis 1980, année de la première publication de Boyne et James [1] sur les comblements de sinus, cette technique s'est largement répandue et intégrée dans les plans de traitements implantaires. À l'origine, le matériau de choix était l'os autogène. Mais depuis 10 ans, des biomatériaux ont été expérimentés, puis régulièrement employés en chirurgie osseuse, plus particulièrement dans les comblements de sinus où leur succès n'est plus à prouver. Nous utilisons l'os bovin déprotéiné (Bio-Oss®) depuis 1991 dans les comblements de sinus. Les résultats de notre expérience ont été régulièrement publiés. Ils peuvent être analysés sur 4 plans.

Résultats histologiques qualitatifs

Notre première publication [2] décrit le protocole chirurgical et présente des résultats histologiques.

La deuxième publication [3] est une étude portant sur 20 patients qui présente des résultats histologiques à partir de biopsies à 6 mois (Fig. 1) et 1 an (Fig. 2).

Dans ces deux publications, les résultats rapportés concernent l'utilisation de Bio-Oss® mélangé à parts égales à du DFDBA (os lyophilisé déminéralisé d'origine humaine). La raison de cette association était fondée sur le rôle ostéoconducteur de l'hydroxy-apatite naturelle (Bio-Oss®) et le rôle présumé ostéoinducteur du DFDBA.

Les résultats de l'histologie confirment les bonnes propriétés ostéoconductrices du Bio-Oss® et révèlent l'inefficacité du DFDBA. À partir de ces premiers résultats et pour se conformer aux consignes des autorités sanitaires françaises, l'utilisation de DFDBA fut abandonnée en 1994.

Résultats histologiques quantitatifs

Une première publication présente des résultats sur 15 patients avec un recul de 5 ans [4]. Ici, le Bio-Oss® est utilisé seul et l'histomorphométrie est réalisée sur des biopsies effectuées à 6 mois (Fig. 3) et à 1 an (Fig. 4). Et pour la première fois, la présence d'ostéoclastes a été observée, sur certaines coupes, à la surface du Bio-Oss® avec des lignes claires (de déminéralisation) et des lignes de recalcification. Cela démontre que le processus de remodelage du Bio-Oss® est identique à celui de l'os naturel.

L'histomorphométrie a permis de mettre en évidence une diminution de la quantité Bio-Oss® qui passe de 39 % à 6 mois à 27 % à 12 mois. Dans le même temps, la quantité d'os néoformé passe de 21 % à 27 %. Si l'on compare à 12 mois la densité osseuse du greffon à celle de l'os du site receveur, il n'y a pas de différence statistiquement significative.

La deuxième publication rapporte les résultats obtenus à partir de l'étude de l'interface os/implant. Un implant ayant été déposé pour des raisons prothétiques, l'os péri-implantaire a pu être prélevé et observé (Fig. 5) [5]. La surface de contact os/implant a été mesurée au niveau de la zone greffée et de la zone non greffée, c'est-à-dire au niveau de l'os résiduel sous sinus. Les pourcentages respectifs de contacts os/implant sont de 73 % et 63 %. Cela signifie davantage de surface de contact dans la zone greffée à 6 mois après la pose de l'implant et jamais de contact direct entre la surface de l'implant et le Bio-Oss® (Fig. 6).

Résultats radiologiques

Ils s'appuient sur l'observation comparée entre 5 et 10 ans des greffons et des implants. On constate qu'avec le temps, le matériau est difficile à différencier de l'os du site receveur, le greffon réagit aux forces orthodontiques (Fig. 7A et 7B, Fig. 8A et 8B) et subit une réorganisation de sa structure osseuse en son sein en réponse aux pressions masticatoires (Fig. 9A et 9B). La résorbabilité lente du Bio-Oss® fait que le matériau est encore présent pendant de nombreuses années [6]. Ainsi, le greffon conserve une excellente stabilité volumétrique et une bonne rigidité (le Bio-Oss® a le même module d'élasticité que l'os humain) sans pour cela nuire à l'ostéointégration des implants, car le matériau n'est jamais au contact direct de l'implant.

Compilation des résultats

En 2003, notre dernière publication a porté sur les taux de survie à long terme des implants (Fig. 10A et 10B) et des comblements de sinus (Fig. 11A et 11B) [7].

L'innocuité de l'os bovin déprotéiné (Bio-Oss®) ayant été mise en cause dans le passé, il est opportun de rappeler que ce biomatériau a subi :

- une sélection de la matière d'origine, c'est-à-dire de l'os selon la BfArM (norme allemande) et la FDA (norme américaine) ;

- une sélection du troupeau avec présentation des certificats vétérinaires ;

- un traitement à 300 °C pendant plus de 15 heures ;

- un traitement alcalin puissant de plusieurs heures qui est le protocole de choix pour l'inactivation de l'ESB (encéphalite spongiforme d'origine bovine) ;

- une validation documentée de la stérilisation à 160°.

Enfin, ce matériau a le certificat CE n°G1 0004 394446 002 et G1 0004 394446 005. La société Geistlich AG a la certification internationale d'assurance de qualité : ISO 9001, EN 46001.

Conclusion

• Les résultats à long terme de la mise en charge d'implants posés dans des sinus greffés avec un substitut osseux naturel déprotéiné sont un succès.

• Les sites greffés présentent une densité osseuse comparable aux sites non greffés ainsi qu'une capacité équivalente à subir une mise en charge.

• Le volume de substitut osseux diminue entre le 6e et le 12e mois.

• Le volume d'os généré augmente entre le 6e et le 12e mois.

• Lorsque le substitut osseux est utilisé seul, le taux de succès implantaire est similaire quel que soit le type d'implants.

Ces conclusions corroborent celle du rapport de la conférence de consensus sur les comblements de sinus qui a réuni au Babson College dans le Massachusetts en novembre 1996 [8] : « Les taux de succès des implants dans différents matériaux de comblement sont très similaires. Du fait d'un nombre important de variables, il est impossible de préciser avec certitude quel matériau ou quelle technique est supérieur aux autres. »

Plus récemment, Hising et al. observent des taux de succès supérieurs avec du Bio-Oss® pur qu'avec de l'os autogène ou un mélange os autogène et Bio-Oss® [9].

Hallman et al. présentent en 2002 des résultats similaires en comparant l'histomorphométrie de biopsies prélevées dans des sinus greffés avec de l'os autogène, un mélange d'os autogène et de Bio-Oss®, et du Bio-Oss® pur [10].

Enfin, la revue de littérature de Del Fabbro et al. [11] à paraître porte sur 3 398 implants posés dans des sinus comblés avec de l'os autogène et compare leur taux de succès à ceux de 3 133 implants posés dans des sinus comblés avec des substituts osseux ou des greffes mixtes. Ces taux de succès sont respectivement de 87,70 % pour l'os autogène et de 95,43 % pour les autres types de comblement.

ADRESSE DES DISTRIBUTEURS

BIO-OSS® - GEISTLICH SÖHNE distribué par PRED - 1, QUAI DE PARIS Grenelle - 75015 - Tél. : 01 44 37 75 80 - Fax : 01 45 75 54 46 - E-mail : pred@bourely.com -

BIBLIOGRAPHIE

  • 1. Boyne PJ, James RA. Grafting of the maxillary sinus floor with autogenous marrow and bone. J Oral Surg 1980;38(8):613-616.
  • 2. Abensur D, Valentini P. Les élévations de plancher sinusien en implantologie : protocole chirurgical et résultats histologiques. Act Odonto-Stomato 1993;184:531-536.
  • 3. Valentini P, Abensur D. Maxillary sinus floor elevation with DFDBA and bovine bone (Bio-Oss®): a clinical study of 20 patients. Int J Periodont Res Dent 1997;17(3):232-241.
  • 4. Valentini P, Abensur D, Wenz B, Peetz M, Schenk R. Sinus grafting with bone porous mineral (Bio-Oss®): a 5-year study on 15 patients. Int J Periodont Res Dent 2000;20(3):245-253.
  • 5. Valentini P, Abensur D, Densari D, Graziani JN, Hämmerle CHF. Histological evaluation of Bio-Oss® in a 2-stage sinus floor elevation and implantation procedure. A human case report. Clin Oral Impl Res 1998;9(1):59-64.
  • 6. Piattelli M, Favero G, Scarano A, Orsini G, Piatelli A. Bone reactions to anorganic bovine bone (Bio-Oss®) used in sinus augmentation procedures: a histologic long-term report of 20 cases in humans. Int J Oral Maxillofac Implants 1999;14(6):835-840.
  • 7. Valentini P, Abensur D. Maxillary sinus grafting with anorganic bovine bone: a clinical report of long term results. Int J Oral Maxillofac Implants 2003;18:556-560.
  • 8. Academy of osseointegration sinus graft consensus conference. Int J Oral Maxillofac Implants Special Supplement 1998;13(supplement).
  • 9. Hising P, Bolin A, Branting C. Reconstruction of severely-resorbed alveolar ridge crests with dental implants using a bovine bone mineral for augmentation. Int J Oral Maxillofac Implants 2001;16(1):90-97.
  • 10. Hallman M, Sennerby L, Lundgren S. A clinical and histologic evaluation of implant integration in the posterior maxilla after sinus floor elevation with autogenous bone, bovine HA or 20:80 mixture. Int J Oral Maxillofac Implants 2002;17:635-643.
  • 11. Del Fabbro M, Testori T, Francetti L, Weinstein R. Systematic review of survival rates for implants placed in the grafted maxillary sinus. Int J Periodont Res Dent (à paraître).

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