Communiquer en odonto-stomatologie - Implant n° 4 du 01/11/2004
 

Implant n° 4 du 01/11/2004

 

Implant a lu - Édition

Thierry Neimann  

Watzlawick et al. ont écrit dans Une logique de la communication que le comportement n'a pas de contraire, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de « non-comportement ». Cela revient à dire qu'on ne peut pas ne pas avoir de comportement.

Ils complètent : « Si on admet que dans une interaction, tout comportement a la valeur d'un message, c'est-à-dire qu'il est une communication, il suit que l'on ne peut pas ne pas communiquer, qu'on le veuille ou non....


Watzlawick et al. ont écrit dans Une logique de la communication que le comportement n'a pas de contraire, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de « non-comportement ». Cela revient à dire qu'on ne peut pas ne pas avoir de comportement.

Ils complètent : « Si on admet que dans une interaction, tout comportement a la valeur d'un message, c'est-à-dire qu'il est une communication, il suit que l'on ne peut pas ne pas communiquer, qu'on le veuille ou non. »

Activité ou inactivité, parole ou silence, tout a valeur de message. Ronald Nossintchouk propose de regarder et d'analyser les éléments communicants de notre activité en tenant compte des cadres juridique, déontologique et éthique, imposés à tout soignant par les textes législatifs qui ont renforcé le droit des malades à leur propre information.

La première partie du livre, « Concepts de la communication en pratique clinique odonto-stomatologique », aborde des sujets très actuels :

- le questionnaire médical ;

- la communication téléphonique et ses enjeux relationnels ;

- la prescription ;

- la gestion du temps, élément d'organisation et d'information ;

- la communication dynamique pendant les traitements et le rôle important de l'assistante ;

- la communication verbale et non verbale avec des commentaires propres au cabinet dentaire, et par conséquent, replacée dans des situations qui nous parlent.

La communication externe de la structure cabinet dentaire est évoquée et permet à l'auteur de revenir sur la qualité des écrits du praticien, notamment les plans de traitement, leurs options et les devis qui sont des éléments du consentement éclairé du patient.

Différents supports technologiques (RVG, caméra intrabuccale, radiographies panoramiques numérisées, photographies numériques, logiciels de gestion et logiciels de communication) permettent aux chirurgiens-dentistes de communiquer avec les patients plus simplement qu'avec des mots parfois abstraits. Un chapitre leur est consacré.

Tout au long des chapitres précédents, l'iconographie, les nombreux tableaux et schémas complémentaires renforcent la compréhension de cette interactivité qu'est la communication au cabinet dentaire.

La deuxième partie du livre, « Approche thématique de la communication en odonto-stomatologie », est signée par différents intervenants.

M. Ruel-Kellermann évoque des principes généraux de communication et insiste sur la spécificité de la relation-communication en odonto-stomatologie, en développant les moments clés de la relation patient-praticien : prise de rendez-vous, accueil, anamnèse, examen clinique, demande du patient, décision de traitement... W. Mesnay présente un modèle de relation thérapeutique : la méthode comportementale. Cette méthode repose sur l'empathie. Le praticien met en œuvre une technique « d'écoute active » qui facilite l'expression du patient pour aboutir à la résolution des problèmes par rapport aux demandes initiales. Le chapitre très concis et précis sur le plan de traitement et l'alliance thérapeutique invite à mieux connaître et bien maîtriser ses outils de communication.

M. Golberg propose une analyse très intéressante des différents stades et enjeux de la communication scientifique et en détaille la sociologie : les revues, les comités de lecture, les biais de l'information, les modèles de rédaction des articles, l'information du grand public et le rôle des médias. P. Mazière se consacre à des questions de droit médical : la liberté de parole relative à l'état du patient, le suivi postérieur aux soins et ses obligations avec un rappel important sur le dossier médical, l'obligation d'information relative aux traitements et la notion de consentement éclairé. Partant du principe que nul n'est censé ignorer la loi, la lecture de ce chapitre donnera un sens à ces obligations d'une grande actualité. J.-P. Méningaud commente les relations entre éthique, bioéthique et communication. Il complète le chapitre précédent en présentant des situations cliniques axées sur l'urgence, la précarité, l'esthétique, les biomatériaux, l'argent, la communication entre praticiens, l'implantologie.

Tout praticien doit faire face à des échecs thérapeutiques. M. Bert et P. Missika traitent de la communication dans les situations d'échec ou de complications en odonto-stomatologie. Chaque choix thérapeutique doit faire l'objet d'une information préalable sur ses avantages, risques et inconvénients. Le dossier médical et le consentement éclairé doivent donc être correctement rédigés et signés par les deux parties. Les rappels confortent toutes les données des chapitres précédents qui sont des anticipations à toutes difficultés. La lecture de cet ouvrage montre la richesse de chaque instant de notre vie professionnelle, mais aussi l'importance d'écrire des protocoles pour chaque situation. Cela renvoie à la démarche qualité et à la certification des cabinets dentaires, autres sujets d'actualité. Pour faire face à cette complexité, éviter l'improvisation perpétuelle, et conformément à ce que transmettent les différents organismes formateurs en management organisationnel, l'équipe dentaire avec des secrétaires, des assistantes et bientôt des hygiénistes doit permettre de mener à bien les préceptes de cet ouvrage remarquable dont le seul défaut est d'oublier cette notion faisant du praticien un être presque extraordinaire.

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