Implants EVL Evolution® - Implant n° 2 du 01/05/2005
 

Implant n° 2 du 01/05/2005

 

Dossier clinique

Gérard Duminil *   Michèle Muller-Bolla **   Jean-Pierre Brun ***   Philippe Leclercq ****  


*Docteur en chirurgie dentaire DSO
15, rue de France
06000 Nice
**Professeur des universités
Département de santé publique
Faculté de chirurgie dentaire de Nice
24, avenue des Diables-Bleus
06357 Nice Cedex 04
***Docteur en chirurgie dentaire
Expert près la cour d'appel de Grenoble
49, avenue d'Alsace-Lorraine
38000 Grenoble
****Docteur en chirurgie dentaire
Expert près la cour d'appel de Paris
8, place du Général-Catroux
75017 Paris

Cet article présente les résultats d'une étude longitudinale multicentrique d'une durée de 5 ans sur les implants EVL Evolution®. Elle a porté sur les patients de 3 praticiens sur 3 sites géographiquement éloignés (Grenoble, Nice et Paris) ayant l'expérience de ce système, soit un total de 413 patients et 1 198 implants.

L'implant EVL Evolution® a été conçu pour répondre aux exigences de l'implantologie en un temps chirurgical tout en permettant la technique enfouie. L'objectif de cette étude était d'évaluer le taux de succès de cet implant dans le cadre d'une utilisation clinique sur une longue durée.

Cet implant est pourvu dans la partie transmuqueuse d'un anneau démontable à l'état de surface poli miroir préassemblé en usine (Fig. 1). Au moment de la mise en charge prothétique, cette pièce peut être démontée ou conservée. Cette conception autorise la cicatrisation muqueuse tout en préservant une liaison prothétique esthétique lors de la mise en charge (Fig. 2a, 2b, 2c et 2d).

Matériel et méthodes

Cette étude longitudinale multicentrique a été réalisée sur une population de patients traités avec un ou plusieurs implants de type EVL Evolution®. Ces implants sont en titane commercialement pur grade 2, conformément aux normes ISO 5832-2. Ils présentent un état de surface poli miroir au niveau de la partie transmuqueuse. Leur partie endo-osseuse est sablée à l'aide de particules d'alumine de haute pureté. La gamme des implants EVL Evolution® comprend 3 diamètres (3,3 - 4 et 5 mm) et 6 longueurs (7 - 8 - 10 - 12 - 14 et 16 mm).

Échantillon étudié

Il était constitué par les patients traités entre le 1er janvier 1996 et le 31 décembre 2000 par 3 chirurgiens-dentistes ayant l'expérience du système EVL Evolution®. Ces 3 cabinets sont répartis géographiquement sur 3 secteurs distincts (Grenoble, Nice et Paris). Pour le cabinet parisien, seuls les patients intégralement traités (implant + prothèse) ont été inclus dans l'étude.

L'échantillon comptait 413 patients dont 222 femmes et 191 hommes. Ils ont été traités avec un total de 1 198 implants EVL Evolution® : 492 ont été posés sur les 175 patients de Grenoble ; 144 sur les 51 patients de Nice et 562 sur les 187 patients de Paris. Le nombre moyen d'implants mis en place par patient était de 2,9. En termes de localisation, 497 implants ont été posés au maxillaire et 701 à la mandibule. Leur répartition sur les arcades est indiquée dans la Figure 3 . Leurs dimensions sont indiquées en fonction de leur situation dans le Tableau I : les implants de 4 mm de diamètre étaient significativement plus nombreux dans le secteur antérieur (p < 0,001). Lors de leur mise en place, la qualité et la quantité d'os disponibles étaient variables (Tabl. II et III). Les crêtes de forme B étaient les plus représentées quel que soit le sexe des patients. Les crêtes de forme A étaient ensuite plus fréquemment observées chez les femmes ; chez les hommes, c'étaient les crêtes de forme C (p < 0,001) (Tabl. II).

Les crêtes de forme B étaient également les plus observées quelle que soit la localisation. Elles étaient cependant proportionnellement plus fréquentes au maxillaire supérieur. Les formes A et C étaient pratiquement aussi nombreuses au maxillaire ; à la mandibule, la forme A était en revanche plus fréquente que la C (p < 0,001).

Dans le secteur antérieur, la forme C était ensuite prédominante contrairement au secteur postérieur (p < 0,001) (Tabl. III).

Protocole opératoire

Les implants dentaires EVL Evolution® sont indiqués pour la technique en un temps chirurgical. Le choix de l'implant a résulté du double examen clinique et radiologique préimplantaire. La technique de pose respectait les principes habituels d'asepsie et utilisait le matériel ancillaire proposé par le fabricant qui prévoit en particulier un foret final à usage unique.

Pour chaque implant, le sexe du patient, le site d'implantation, les dates de pose et de mise en charge et ses caractéristiques (longueur et diamètre) ont été enregistrés. Un implant était en situation antérieure lorsqu'il était mis en place entre les 14 et 24 (ou entre les 34 et 44). En dehors de cette zone, il était en situation postérieure. Cette terminologie ne tient pas compte des critères fonctionnels prothétiques ; elle s'appuie sur des critères anatomiques : les zones sont délimitées par une ligne verticale au niveau des trous mentonniers. Au niveau de chaque site implantaire, la qualité et la quantité d'os ont été définies selon les critères de Lekholm et Zarb [1], qui correspondent à la norme NF S 91-154. La quantité d'os était répertoriée de A à E, et la qualité, de 1 à 4 : elles ont été enregistrées au niveau de chaque site au moment de la pose.

Critères d'évaluation

Les traitements ont été évalués selon les critères décrits par Albrektsson et Zarb comme suit :

• succès : l'implant était immobile lorsqu'il était testé cliniquement. La radiographie ne montrait aucune transparence péri-implantaire. Après la première année de mise en service, la perte osseuse verticale était inférieure à 0,2 mm par an. Aucun signe neuropathique, symptôme douloureux ou infectieux n'avait été mis en évidence ;

• échec : l'implant n'était plus fonctionnel ou avait été déposé ;

• compromis : l'implant était toujours en bouche, mais il ne répondait pas aux critères permettant de le classer en succès ou échec ;

• perdu de vue : la situation de l'implant ne pouvait être connue, le patient n'étant pas venu aux contrôles.

Analyses statistiques

Un chi-deux a été effectué pour analyser la quantité et la qualité d'os au niveau du site implantaire au moment de la pose en fonction du sexe du patient et de la situation de l'implant, et la fin du suivi clinique, en fonction de la réussite. De même, ce test a permis d'évaluer la réussite en fonction du temps écoulé depuis la pose, de la localisation et du sexe du patient.

Une courbe de survie a été tracée sur 5 ans selon la méthode de Kaplan-Meyer. Elle a pris en compte les cas « compromis » puisque ces implants étaient encore en bouche et donc potentiellement à risque (Fig. 4).

Les analyses statistiques ont été réalisées avec le logiciel SPSS v11.5.

Résultats

Le suivi clinique a été de 3,1 ± 1,2 ans, soit de 1 à 6 ans. À l'issue de ce suivi, 1163 implants ont été classés en succès, 19 en échecs, 12 en incertains et 4 en perdus de vue. Si les 4 perdus de vue n'étaient pas pris en considération dans les tests du chi-deux, la réussite était indépendante du temps écoulé depuis la pose (p = 0,220), du secteur (p = 0,336) ou du maxillaire implanté (p = 0,999) et du sexe (p = 0,058). Dans ce dernier cas, les résultats tendaient à montrer une proportion d'échecs supérieure chez les hommes (Tabl. IV) ; la réussite était indépendante de la qualité et de la quantité d'os (Tabl. V). Enfin, le taux de succès a été évalué en fonction du diamètre et de la longueur des implants (Tableau VI). Aucun échec n'a été relevé pour le plus petit diamètre (3,3 mm). En revanche, un taux de succès légèrement inférieur à la moyenne de l'étude a été trouvé pour le diamètre de 5 mm (94,20 %). Concernant la longueur, aucun échec n'a été constaté pour les implants de 7 et 16 mm, le taux de succès était équivalent pour les implants avec une longueur de 10, 12 et 14 mm ; seule la longueur de 8 mm a montré un taux de succès inférieur (86,75 %).

Ces résultats sont illustrés par quelques radiographies (Fig. 5a, 5b, 6a, 6b, 7a, 7b, 8a, 8b, 9a, 9b, 10a, 10b, 11a et 11b).

Discussion

Cette étude a permis de démontrer l'efficacité du système EVL Evolution® utilisé dans des conditions cliniques d'omnipratique en respectant les indications et contre-indications d'usage en implantologie [2]. La localisation des sites implantés était le résultat des choix thérapeutiques dans la pratique clinique de 3 praticiens. Les indications prothétiques allaient du remplacement unitaire aux bridges de plus ou moins grande étendue. Les résultats obtenus par chacun d'eux sont cependant très homogènes, et le taux de succès moyen est très élevé.

Froum et al. [3] ont mis en évidence, dans une étude histologique, la qualité de la liaison os/implant permise par l'état de surface de l'implant EVL Evolution®. Weng et al. [4] ont également montré l'intérêt des surfaces rugueuses par rapport aux surfaces usinées.

Le taux de succès de 97,08 % obtenu est supérieur aux 85 % recommandés par Albrektsson et al [5]. ainsi qu'aux 95 % sur 5 ans rapportés par Smith et Zarb [6]. Il est supérieur aux résultats de 93,6 % dans les cas de prothèses partielles fixées et similaire aux 97,5 % pour les cas de couronnes unitaires obtenus par Lindh et al. [7]. Khang et al. [8] ont obtenu un taux de succès à 3 ans supérieur (96,8 %) pour les implants ayant bénéficié d'un traitement de surface à celui des implants usinés (84,8 %). Ces résultats rejoignent ceux de Testori et al. [9] : 97,5 % à 3 ans, et de Stach et Kohles [10] : 98,4 % à 4 ans.

Notre résultat peut paraître légèrement inférieur, l'analyse statistique tenant compte des cas considérés comme perdus de vue. Le taux de succès serait certainement supérieur si cette catégorie avait été exclue du résultat. Toutefois, la perte de vue d'un patient est un événement usuel dans la vie de tout cabinet dentaire et doit donc entrer dans le mode de calcul du taux de succès réellement constaté. Conformément aux travaux de Zarb JP et Zarb GA [11], aucune différence significative dans le taux d'échec et de succès n'a été constatée entre les femmes et les hommes au terme de cette étude. Le taux de succès n'a pas été influencé par la localisation au maxillaire ou à la mandibule. Dès lors, nos résultats divergent de ceux de Versteegh et al. [12] qui avaient mis en évidence un taux de succès des implants ITI® d'au moins 95 % au niveau de la mandibule et 85 % au maxillaire pour un suivi clinique à 5 ans. De même, pour Albrektsson et Sennerby [13], l'implant Brånemark présentait 91 % de succès au niveau de la mandibule et 84 % au niveau du maxillaire. Ce même implant a affiché un taux de 93 à 99 % de succès ; cela concernait en revanche uniquement des localisations entre les foramens mentonniers. Salvi et al. [14] rapportent 100 % de succès pour 67 implants ITI® SLA à 1 an en position mandibulaire postérieure. Bernard et al. [15] ont souligné l'intérêt d'utiliser des implants ITI® de faibles longueurs (< 12 mm) dans les régions postérieures afin d'éviter des examens d'imagerie complexes. Les auteurs préconisaient en plus d'un examen clinique rigoureux, une simple radiographie panoramique. Ils obtenaient dans ces conditions 99 % de succès à 3 ans. Notre étude corrobore ces résultats puisque nous avons obtenu le taux maximal de succès pour les longueurs de 10 et 12 mm ; seuls les implants de 8 mm ont présenté un taux d'échec plus élevé ; pour la longueur de 7 mm, aucun échec n'a été, en revanche, signalé.

Dans une étude à long terme, la longueur des implants ne doit pas être considérée comme le seul critère, le bras de levier mécanique engendré par la prothèse qu'il soutient devrait aussi être pris en compte.

Conclusion

Cette étude menée dans les conditions de pratique clinique que peuvent rencontrer les praticiens a montré un taux de succès très satisfaisant (97,08 %) pour le système EVL Evolution®. Autre particularité : les résultats étaient identiques pour le maxillaire et la mandibule ainsi que dans le secteur antérieur et postérieur.

ADRESSE DES DISTRIBUTEURS

EVL EVOLUTION® - SERF - 85, chemin des Bruyères - 69153 Decines Cedex - tél. : 04 72 05 60 20 - Fax : 04 72 02 19 18 - E-mail : serf@serf.fr -

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ITI® - STRAUMANN - 10, place d'Ariane-Serris - 77706 Marne-la-Vallée Cedex 4 - Tél. : 01 64 17 30 00 - Fax : 01 64 17 30 10 - E-mail : info.fr@straumann.com -

BRÅNEMARK SYSTEM® - Nobel Biocare - 80, avenue des Terroirs-de-France - 75007 Paris Cedex 12 - Tél. : 01 53 33 89 10 - Fax : 01 53 33 89 33 -

BIBLIOGRAPHIE

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