Implantation immédiate ou légèrement différée. Suivi multicentrique à trois ans - Implant n° 1 du 01/03/2000
 

Implant n° 1 du 01/03/2000

 

Implant a analysé

Jean-Pierre Lucchini  

L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Deux cent soixante-quatre implants de Brånemark ont été placés sur 143 patients dans 12 centres différents pour comparer les résultats de deux méthodes chirurgicales :

- mise en place d'implants immédiatement après extraction ;

- mise en place légèrement différée (trois à cinq semaines après extraction).

En fait, cinq méthodes différentes ont été utilisées selon les cas :

1/ mise en place immédiate sans...


L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Deux cent soixante-quatre implants de Brånemark ont été placés sur 143 patients dans 12 centres différents pour comparer les résultats de deux méthodes chirurgicales :

- mise en place d'implants immédiatement après extraction ;

- mise en place légèrement différée (trois à cinq semaines après extraction).

En fait, cinq méthodes différentes ont été utilisées selon les cas :

1/ mise en place immédiate sans utilisation de membrane ;

2/ mise en place différée sans utilisation de membrane ;

3/ utilisation de membrane sur le site d'extraction ;

4/ utilisation d'os déminéralisé, de greffes osseuses ou de collagène ;

5/ méthode combinée.

Cela, en réalité, porte à huit le nombre de méthodes susceptibles d'être utilisées par les différents opérateurs selon leurs critères cliniques : (1), (1 + 3), (1 + 4), (1 + 3 + 4), (2), (2 + 3), (2 + 4), (2 + 3 + 4).

Les auteurs ont cherché à établir une relation de cause à effet entre la perte d'implants (17) et dix facteurs susceptibles de l'expliquer (même partiellement) :

- la longueur et le type de l'implant : pas de relation significative sauf pour les 7 mm;

- la qualité osseuse ;

- la quantité osseuse ;

- la perte osseuse marginale ;

- la position de l'implant sur l'arcade ;

- la profondeur des alvéoles ;

- la cause de la perte de la dent ;

- la technique chirurgicale employée ;

- l'état gingival ;

- la profondeur des poches après traitement.

Cent vingt-cinq patients furent évalués un an après mise en charge et 107 le furent après trois ans : aucune relation n'a pu être établie entre l'échec implantaire et la qualité ou la quantité osseuse, la cause de l'extraction, le type d'implant, la position du site et la méthode chirurgicale utilisée.

Ce que j'en pense : Cette étude ne suit pas un protocole clair et bien défini.

Chaque auteur a utilisé la méthode de son choix selon sa sensibilité clinique.

Une multitude de paramètres a été prise en compte, ce qui rend les résultats inexploitables. L'échantillonnage est beaucoup trop réduit (17 implants perdus) pour huit techniques différentes utilisées. Il est difficile d'apprécier un résultat sans savoir si on doit l'attribuer à la méthode ou à l'un des trop nombreux paramètres de l'étude. (Quel casse-tête pour le statisticien !).

La mesure radiographique de la résorption osseuse n'est pas significative, car le point de référence des mesures n'est pas mentionné. Ces mesures n'ont été effectuées que sur 62 % des implants en raison de la mauvaise qualité de nombreux clichés radiographiques.

Malgré tout, les résultats sont cohérents et correspondent aux résultats de nombreuses études déjà publiées, avec un taux de survie cumulatif de 92,4 % au maxillaire et de 94,7 % à la mandibule. Quatre implants de 7 mm sur cinq posés ont échoué, ce qui évidemment constitue le taux d'échecs le plus important quand on se réfère aux longueurs choisies. Ceci n'est pas une surprise, mais ces échecs doivent-ils être attribués à la longueur des implants, au type d'os rencontré dans les zones postérieures ou encore à la méthode chirurgicale, car il est très difficile d'obtenir une bonne stabilité primaire après extraction quand on ne dispose que de 7 mm de hauteur osseuse ?

Quatorze des 17 implants perdus visaient à remplacer des dents extraites pour des raisons parodontales. Comme le signalent fort justement les auteurs, il serait hasardeux de conclure qu'une prédisposition au développement de la maladie parodontale est une contre-indication à l'implantologie, ce qui heureusement reste à prouver.

En résumé, cette étude se veut exhaustive, mais l'avalanche de paramètres contribue davantage à noyer le lecteur qu'à l'éclairer. Heureusement, la conclusion est parfaite et justifie le sérieux de ce rapport, trois ans après implantation immédiate ou légèrement différée :

- il n'existe pas de différence, en termes de résultats après trois ans, quelle que soit la méthode chirurgicale employée ;

- le taux de survie est de 92,4 % au maxillaire et 94 % à la mandibule ;

- les implants de 7 mm de longueur donnent le taux d'échecs le plus élevé.

Ce que j'ai appris : Dans le cadre de cette étude, il n'y a aucune différence en termes de survie entre les implants de Brånemark de première génération et les implants autotaraudants, ce qui ne semble pas être en accord avec des résultats publiés par ailleurs.

Les auteurs rapportent un taux d'échecs de 58,8 % avant mise en charge et de 40,8 % après mise en charge : ce dernier chiffre particulièrement élevé pourrait, toujours selon les auteurs, être la conséquence d'une mise en charge trop précoce dans certains cas d'implantation immédiate (ou légèrement différée), ce qui met l'accent sur l'importance des travaux de Sennerby sur la RFA (Radio Frequency Analysis) et de l'amélioration qu'ils pourraient apporter dans la prévision des résultats implantaires.