Intérêt des implants autotaraudants - Implant n° 1 du 01/03/2000
 

Implant n° 1 du 01/03/2000

 

Repères

Opinions

Patrick Exbrayat  

Maître de conférences
Praticien hospitalier
Faculté d'odontologie de Lyon

Des principes établis à l'origine par P.-I. Brånemark, certains ont été revus : les tracés d'incision, l'enfouissement systématique, la pose d'implants dans les secteurs postérieurs, la mise en charge, la nature du matériau cosmétique, le traitement des édentements unitaires, le scellement des prothèses, etc. ; d'autres ne l'ont pas été - en tout cas, pas par les fidèles du système suédois -, notamment le choix du titane pur de grade 1 usiné ou l'absence de liaison aux dents...


Des principes établis à l'origine par P.-I. Brånemark, certains ont été revus : les tracés d'incision, l'enfouissement systématique, la pose d'implants dans les secteurs postérieurs, la mise en charge, la nature du matériau cosmétique, le traitement des édentements unitaires, le scellement des prothèses, etc. ; d'autres ne l'ont pas été - en tout cas, pas par les fidèles du système suédois -, notamment le choix du titane pur de grade 1 usiné ou l'absence de liaison aux dents naturelles. Parmi les propriétés importantes des implants, est abordée, dans cette rubrique, leur caractère autotaraudant qui n'avait pas été retenu à l'origine dans le système suédois. Certains fabricants d'implants ne le préconisent pas (IMZ®) ; d'autres ne développent que des implants autotaraudants (Screw-Vent® Paragon, 3i®) ; d'autres enfin disposent des deux configurations dans leur catalogue (Nobel Biocare). Quel est donc l'intérêt des implants autotaraudants ?

Tout d'abord, cette caractéristique n'est exploitable que pour les implants en forme de vis. En effet, les implants impactés sont insérés selon la manière dont le logement intraosseux a été ménagé. Le blocage primaire de l'implant impacté dépend du calibrage de ce logement. Ces implants jouent souvent la carte d'un état de surface tourmenté soit par du plasma de titane (Frialit 2®) soit par de l'hydroxyapatite (Bio-Vent®, Paragon) pour tenter d'améliorer cette imbrication avec l'os. Parmi les avantages avancés par leurs partisans, citons la rapidité d'intervention et leur efficacité dans un os de qualité médiocre. Ce dernier point est très controversé, notamment sur le long terme. Ainsi, certains implants, par leur forme, se passent de l'autotaraudant. Est-ce un inconvénient ?

Intérêt par rapport à la qualité osseuse

Le chirurgien-implantologiste a pris désormais l'habitude d'adapter la préparation du logement osseux pour un implant-vis à la qualité osseuse de chaque site. Ainsi, il peut forer un puits de 2,8 à 3,2 mm (diamètre de l'âme de l'implant classique : 3,75 mm), suivant la densité plus ou moins importante de l'os. Ce forage limité en diamètre est d'autant plus exploitable sans échauffement lors de l'insertion de l'implant que celui-ci est autotaraudant. Dans un os de dureté extrême (type 1 +), le recours au taraudage instrumental reste prudent, mais disposer d'un implant autotaraudant n'est pas un handicap dans ce cas. A l'inverse, dans un os de médiocre qualité, le caractère autotaraudant permet un sous-calibrage du site receveur et peut être associé à une morphologie plus adaptée du corps implantaire (double spire de l'implant Mk IV de Nobel Biocare ou à un état de surface modifié (surface SBM des Screw-Vent® ou surface Osseotite® de 3i Carena).

Intérêt par rapport aux éléments anatomiques

Si l'insertion d'un implant non autotaraudant est strictement conditionnée et limitée par la cavité préparée, l'emploi d'un implant autotaraudant permet de moduler la préparation de ce logement et de poursuivre son insertion au-delà. Ceci est particulièrement intéressant lorsqu'on se rapproche de certains éléments anatomiques comme le sinus (Fig. 1 et 2) ou le nerf dentaire inférieur (Fig. 3, 4 et 5). En effet, le chirurgien peut, en regard de ces éléments, réduire la profondeur de forage du site de 1 à 2 mm et poursuivre progressivement l'insertion, grâce au pouvoir autotaraudant de l'implant. Dans ces cas délicats, il convient également de tenir compte de la longueur des forêts qui peuvent être jusqu'à 1 mm plus longs que la longueur correspondante de l'implant.

Intérêt par rapport à la durée d'intervention

Il est clair que le fait de se dispenser du taraudage de chaque puits implantaire représente un gain de temps considérable lors de la chirurgie de pose des implants. Et ce d'autant plus qu'il s'effectue à faible vitesse (15 tours/mn), que le nombre d'implants posés est élevé et que leur longueur est importante. Ce gain est un avantage à tout point de vue : pour limiter l'exposition des tissus (surtout osseux), pour limiter la fatigue tant du patient que du chirurgien, pour réduire le coût des interventions.

Intérêt par rapport à l'ostéointégration

Les données bibliographiques sont contradictoires sur ce sujet. Certaines études, notamment chez l'animal, concluent à une meilleure ostéointégration grâce au taraudage mécanique. D'autres, au contraire, penchent en faveur de l'autotaraudant. En fait, ces contradictions tendent à montrer que le caractère autotaraudant d'un implant ne joue pas un rôle déterminant sur l'ostéointégration. Nous partageons ce dernier point de vue.

Conséquences sur le design de l'implant

L'évolution du design implantaire pour disposer de l'autotaraudant est très perceptible sur l'implant Brånemark System® (Nobel Biocare) (Fig. 6). L'extrémité apicale de l'implant est dotée de plus de spires, conserve une certaine conicité qui facilite l'insertion sans dévier de son axe et est munie de cavités réceptrices pour recueillir les copeaux osseux ciselés lors de la pose. L'implant Screw-Vent® dispose dans cette optique d'un apex ouvert et de cavités proportionnelles à la longueur de l'implant (Fig. 7).

Conclusion

Le caractère autotaraudant d'un implant nous semble un atout important en chirurgie implantaire. Il n'est pas contrebalancé par des inconvénients qui justifient de disposer des deux configurations pour un même implant et d'alourdir un stock déjà passablement encombré par les divers « accastillages » prothétiques.

ADRESSE DES DISTRIBUTEURS

IMZ® - FRIALIT 2® - FRIADENT FRANCE, Route de Montereau, BP 106, 77793 Nemours Cedex. Tél. : 01 60 55 55 45. Fax: 01 60 55 55 49.

SCREW-VENT® PARAGON - BIO-VENT® PARAGON - DES CENDRES, 39, rue des Francs-Bourgeois, 75004 Paris. Tél. : 01 44 54 24 34. Fax : 01 44 59 24 49.

3I® - 3i CARENA, 22, rue de la Paix, 75002 Paris. Tél. : 01 43 12 81 38. Fax : 01 43 12 81 30.

MKII - BRÅNEMARK SYSTEM® - NOBEL BIOCARE, 80, avenue des terroirs de France, 75607 Paris Cedex 12. Tél. : 01 53 33 89 10. Fax : 01 53 33 89 33.

BIBLIOGRAPHIE

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  • Tanaka M, Sawaki Y, Niimi A, Kaneda T. Effects of bone tapping on osseointegration of screw dental implants. Int J Oral Maxillofac Implants 1994;9:541-547.

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