Observations histopathologiques sur des échecs implantaires tardifs - Implant n° 3 du 01/09/2000
 

Implant n° 3 du 01/09/2000

 

Implant a analysé

Frédéric A. Chiche  

L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Cet article cent pour cent suédois se propose d'analyser l'étiologie des échecs implantaires, dits tardifs (entendez, par là, qui surviennent après la réalisation et la pose de la prothèse). Cette étude est particulièrement intéressante, car en cas d'échec précoce, c'est-à-dire antérieur à la phase prothétique, le préjudice n'implique que la dépose des implants et, ultérieurement, leur repose. Le traitement d'un échec...


L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Cet article cent pour cent suédois se propose d'analyser l'étiologie des échecs implantaires, dits tardifs (entendez, par là, qui surviennent après la réalisation et la pose de la prothèse). Cette étude est particulièrement intéressante, car en cas d'échec précoce, c'est-à-dire antérieur à la phase prothétique, le préjudice n'implique que la dépose des implants et, ultérieurement, leur repose. Le traitement d'un échec tardif est, en termes d'occupation du cabinet, du remplacement de tous les composants utilisés et du coût du laboratoire, bien plus lourd à gérer, sans parler de la prise en charge psychologique qui est loin d'être négligeable suivant le profil du patient et l'importance du traitement.

Chez 9 patients, dont 7 totalement édentés, 10 implants déclarés perdus ont été déposés à l'aide d'un trépan afin de prélever leurs tissus environnants (os et gencive). Pour 9 d'entre eux, il n'y avait aucun signe clinique évident. Seule, la radiographie rétroalvéolaire a mis en évidence une étroite zone radioclaire autour des implants. Lorsque la prothèse fut déposée, une mobilité accompagnée d'une sensibilité fut relevée et la dépose, indiquée. Les coupes histologiques réalisées n'ont montré qu'un faible infiltrat inflammatoire de la muqueuse péri-implantaire, tout à fait comparable à une situation physiologique.

Au niveau osseux, les coupes ont mis en évidence la présence d'une fine bande de tissu conjonctif fibreux à la périphérie des implants avec, pour 4 d'entre eux, la présence d'un épithélium rampant apicalement le long de la surface.

Le 10e implant indiquait une perte osseuse importante accompagnée d'une fistule. Les auteurs expliquent qu'ils n'ont pas pu mettre en évidence la présence de bactéries sur ce dernier implant parce qu'il leur a été impossible analyser en totalité la surface des spécimens.

Ce que j'en pense : L'étude est menée principalement chez le patient totalement édenté et le nombre des implants perdus est le même par arcade : 5 au maxillaire et 5 à la mandibule.

Même si le nombre des implants étudiés est faible, ces 10 échecs sont consécutifs. Les signes cliniques et radiographiques de péri-implantite (fistule et perte osseuse importante) ne concernent qu'un seul implant. Pour les 9 implants restants, l'absence de signe clinique d'inflammation et de perte osseuse indique une rupture de l'ostéointégration après une période de mise en charge allant de 11 mois à 6 ans et dont l'étiologie majeure est la surcharge occlusale.

Le nombre d'implants par patient est reporté, tout comme leur position respective au sein de la prothèse. Il est compris entre 5 et 6 pour les édentements totaux. Trois patients (4 implants perdus) sont bruxomanes. On peut noter que 4 des 5 implants perdus au maxillaire sont des implants terminaux, c'est-à-dire supportant la compression maximale. Sur un échantillon aussi faible, on aurait aimé connaître le type de prothèse et donc la longueur des cantilevers, car l'étiologie majeure avancée par les auteurs est bien la surcharge due principalement au bruxisme. Il n'y a pas d'indication sur la nature du matériau cosmétique employé (résine ou céramique).

Ce que j'ai appris : Seule, la présence d'une étroite zone radioclaire sur les radiographies rétroalvéolaires permet de soupçonner un échec lorsqu'il n'y a aucun signe clinique. Cet examen est particulièrement valable dans le suivi des bridges où l'immobilisation d'un implant non ostéointégré n'entraîne pas de perte osseuse ni d'élargissement progressif de la couche fibreuse, en cas de surcharge occlusale. La mobilité doit bien évidemment être mise en évidence dans un deuxième temps.

Cet article confirme que la péri-implantite n'est pas la cause majeure d'échecs tardifs avec les implants-vis usinés présentant une surface lisse.

Cet article nous conforte également dans l'attitude à adopter face au patient bruxomane chez lequel il ne faut pas hésiter à multiplier le nombre des implants (supérieur à 6) afin de répartir les contraintes fonctionnelles et parafonctionnelles.