Biomatériaux et biomécanique des implants dentaires et maxillo-faciaux : état actuel et développements futurs - Implant n° 4 du 01/12/2000
 

Implant n° 4 du 01/12/2000

 

Implant a analysé

Jacques Colat-Parros *   Patrick Quinquis **  

L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Cet article de 31 pages est rédigé par trois auteurs, Brunski et Puleo, ingénieurs biomédicaux associés à Nanci, directeur du laboratoire d'études sur les tissus calcifiés à l'Université de Montréal. Il s'agit d'un travail de synthèse bibliographique ayant trait essentiellement aux implants dentaires et présentant les différentes techniques modernes d'investigation sous le double aspect biomatériaux et...


L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Cet article de 31 pages est rédigé par trois auteurs, Brunski et Puleo, ingénieurs biomédicaux associés à Nanci, directeur du laboratoire d'études sur les tissus calcifiés à l'Université de Montréal. Il s'agit d'un travail de synthèse bibliographique ayant trait essentiellement aux implants dentaires et présentant les différentes techniques modernes d'investigation sous le double aspect biomatériaux et biomécanique.

L'introduction expose un problème récurrent en implantologie orale, lié au très grand nombre de systèmes implantaires commercialisés ne permettant pas aux cliniciens d'avoir des critères de choix raisonnés entre l'avancée scientifique et les propositions commerciales.

L'article se décompose en trois parties.

Dans un premier temps, les auteurs exposent les contraintes rencontrées quotidiennement dans l'exercice implantaire par les praticiens qui sont en perpétuelle quête du meilleur système, du meilleur implant, du meilleur matériau, etc. Ce questionnement refait surface de manière rémanente lorsqu'on s'interroge plus précisément sur la morphologie, les états de surface, sans oublier les systèmes de construction prothétique.

Dans une deuxième partie, les relations entre implant et os sont longuement décrites dans une étude bibliographique approfondie mettant en valeur cette interface. Les auteurs insistent sur la nécessité de prendre en considération la réponse de l'hôte, mais également le comportement des matériaux, sans oublier que les études in vitro ne modélisent pas assez l'hétérogénéité de la population à implanter. S'ensuit un exposé largement documenté sur les techniques d'évaluation de la biocompatibilité par dosage biochimique des mouvements moléculaires s'effectuant à l'interface. L'intérêt de l'utilisation de facteurs de croissance en chirurgie orthopédique y est rappelé.

Dans la troisième et dernière partie, les auteurs s'intéressent au rôle déterminant des contraintes mécaniques et posent des questions toujours d'actualité : Quel niveau de contraintes pour les implants ? Que se passe-t-il à l'interface ? Comment contrôler ces contraintes ? Quand deviennent-elles dangereuses ?

Ils participent au débat sur le déplacement des implants par rapport aux tissus environnants et émettent le concept de « bonne santé péri-implantaire ». Se référant à la loi de Wolff, ils en fixent les limites pour le comportement osseux autour des implants dentaires.

Ce que j'en pense : Sur la forme, il faut signaler ici la longueur de l'article, la diversité des techniques d'évaluation proposées aussi bien in vivo qu'in vitro et avertir le lecteur qu'il doit posséder à la fois une culture scientifique élargie et un sens critique développé.

En effet, sur le fond, Brunski associé à ses deux coauteurs peut apparaître comme contestant les « canons » traditionnels de l'ostéointégration en implantologie orale. Synthétisant une large bibliographie, les auteurs mettent en évidence - parfois jusqu'à la caricature - les résultats contradictoires d'études parcellaires. Ils expliquent d'ailleurs ces résultats par la trop grande diversité des implants étudiés et des méthodes employées. Poursuivant leur argumentation, ils avancent que les résultats cliniques acquis sur plusieurs années, sur plusieurs millions d'implants posés ne témoignent pas de la réponse osseuse des maxillaires à la mise en charge.

Ce que j'ai appris : Cet article peut être assimilé à une analyse critique de l'implantologie orale tant au niveau des concepts d'ostéointégration traditionnellement admis qu'au niveau des modèles de recherche et d'évaluation.

Selon les auteurs, il faut prendre en considération les « micro déplacements » au stade initial, ceux-ci pouvant être néfastes pendant la phase de cicatrisation s'ils ne sont pas contrôlés. En revanche, il faut bien admettre que, lors de la mise en charge prothétique, on assistera à une adaptation de l'os maxillaire aux contraintes transmises.

Le blocage primaire semble être un des éléments majeurs de réussite.

Les différents états de surface et les revêtements proposés aujourd'hui sur le marché ne permettent pas aux auteurs de conclure à des différences significatives.

Il semblerait plus intéressant de s'orienter vers l'utilisation des matériaux issus des nouvelles biotechnologies. On peut retenir à court terme l'injection d'un ciment phosphocalcique ayant un rôle biologique et favorisant mécaniquement le blocage primaire. À plus long terme, on peut porter ces espoirs sur la possibilité d'utiliser des facteurs de croissance et des molécules bio-inductrices.

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