Implants et composants : entrée dans le nouveau millénaire - Implant n° 4 du 01/12/2000
 

Implant n° 4 du 01/12/2000

 

Implant a analysé

Gérard Guez  

L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Depuis l'implant-vis standard Brånemark d'origine, en titane lisse et à hexagone externe, de nombreuses modifications sont intervenues. Celles-ci ont affecté la géométrie de l'implant, son diamètre et son état de surface, le système antirotationnel, les connexions transgingivales et les vis de rétention pour aboutir aujourd'hui à une offre commerciale quasi pléthorique.

La morphologie du corps implantaire a souvent été...


L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Depuis l'implant-vis standard Brånemark d'origine, en titane lisse et à hexagone externe, de nombreuses modifications sont intervenues. Celles-ci ont affecté la géométrie de l'implant, son diamètre et son état de surface, le système antirotationnel, les connexions transgingivales et les vis de rétention pour aboutir aujourd'hui à une offre commerciale quasi pléthorique.

La morphologie du corps implantaire a souvent été modifiée pour mieux s'adapter à la qualité osseuse et dans le but de simplifier la technique chirurgicale ou d'améliorer la stabilisation primaire ainsi que la répartition des contraintes. L'augmentation de diamètre a procuré une plus grande résistance mécanique et une meilleure résistance au dévissage.

Il en est de même pour les états de surface puisqu'au titane lisse d'origine sont venus s'ajouter les revêtements de spray de titane, d'hydroxyapatite, le sablage, le mordançage et même la combinaison de plusieurs états de surface sur le même corps implantaire (jusqu'à 4 !). Tout cela dans le but d'optimiser le contact os/implant et de raccourcir les délais d'ostéointégration.

L'évolution des indications implantaires a donné naissance à une grande variété de piliers et faux-moignons prothétiques cherchant à s'adapter au rattrapage d'angulation et de contour et à répondre à l'exacerbation de la demande esthétique (céramique).

La connexion implanto-prothétique (implant/pilier ou faux-moignon) est globalement considérée comme externe ou interne et caractérisée par un emboîtement lâche ou à friction, les pièces venant en contact soit sur une surface à angle droit soit sur une surface angulée (« bevel-joint »). La géométrie des systèmes antirotationnels est très diverse et sujette à discussion. L'hexagone externe standard a montré ses limites en termes de fragilité aux forces de flexion et d'adaptation des pièces prothétiques (surtout dans les zones postérieures).

Différentes transformations ont tenté de pallier ces travers : augmentation des dimensions, conicité, micro-stops. Deux autres systèmes de connexion externe sont à considérer favorablement : l'octogone externe (implants de faible diamètre) et le « spline », système de créneaux très résistant aux sollicitations en rotation.

Les systèmes de connexion interne (cône morse, hexagone) procurent un gain de hauteur prothétique, une meilleure résistance aux forces latérales et une protection de la vis de pilier. Un nouveau dessin est récemment apparu sous forme de « came [G1] » à rainures internes (Replace® Select).

Les vis ont également subi des améliorations : tête à assise plate, tige allongée afin d'atteindre l'élongation maximale, diminution du nombre de spires pour réduire la friction. Pour optimiser ce dernier paramètre, des revêtements dits « lubrifiants » ont été adjoints à la surface des vis par certaines firmes, tels le téflon ou l'or pur, mais aucune étude indépendante n'est venue en confirmer le bien-fondé.

L'évolution future se fera à travers la généralisation des connexions internes, l'amélioration esthétique des composants prothétiques (céramique ou céramo-métallique) et à une assise scientifique sérieuse des différents systèmes implantaires.

Ce que j'en pense : Il s'agit là d'une excellente revue de détails, digne d'être présentée à tous les cours d'implantologie de base. On mesure la fulgurante évolution de cette discipline et la multiplication de ses indications à l'aune de la floraison des systèmes et des composants.

Il est clair qu'aujourd'hui, il convient de prôner la simplification des systèmes implantaires à la lumière de l'expérience acquise, ces dernières années, avec la multitude de modifications proposées. Il paraît également indispensable d'asseoir ses choix sur des études scientifiques incontestables, compte tenu de la pression commerciale et de la politique de communication des principales sociétés. Il conviendra d'accorder sa préférence aux firmes allant dans ce sens.

Ce que j'ai appris : Il existe aujourd'hui plus de 90 formes d'implants et plus de 20 types de connexions implanto-prothétiques. La fragilité de l'hexagone externe standard est confirmée. Le Pr Brånemark avait lui-même préconisé, en... 1988, l'augmentation de la hauteur de cet hexagone à 1,2 mm afin d'assurer une meilleure stabilité aux sollicitations latérales et en rotation.

On assisterait à une évolution des systèmes vers des connexions internes profondes procurant une meilleure protection de la vis et une interface résistante et stable. La plupart des firmes travailleraient aujourd'hui sur ce type de connexion pour la proposer dans leur gamme, accompagnant ainsi l'évolution esthétique par une interface permettant de mieux assurer la stabilité des composants en céramique en augmentant leur épaisseur.

Un chiffre reste à méditer : dans la pléthore actuelle des systèmes implantaires, seuls 7 ou 8 d'entre eux sont aptes à fournir un support scientifique digne de foi.