Réponse osseuse à des armatures implanto-portées mal adaptées et soumises à différents niveaux de contrainte : étude in vivo chez des lapins - Implant n° 2 du 01/06/2001
 

Implant n° 2 du 01/06/2001

 

Implant a analysé

Gérard Guez  

L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Le problème de l'inadaptation des armatures prothétiques sur implants est un thème récurrent de la littérature scientifique implantaire. Cet article en poursuit l'exploration avec une étude animale portant sur 12 lapins se voyant inséré chacun dans chaque tibia trois implants Brånemark, avec un implant central plus court que les deux autres (7 contre 10 mm). Des armatures prothétiques sont réalisées et posées après 7 à 10...


L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Le problème de l'inadaptation des armatures prothétiques sur implants est un thème récurrent de la littérature scientifique implantaire. Cet article en poursuit l'exploration avec une étude animale portant sur 12 lapins se voyant inséré chacun dans chaque tibia trois implants Brånemark, avec un implant central plus court que les deux autres (7 contre 10 mm). Des armatures prothétiques sont réalisées et posées après 7 à 10 semaines de cicatrisation. Quinze armatures « tests » sont conçues de telle manière que le pilier central présente un hiatus de 1 mm par rapport au col implantaire lui correspondant. Neuf armatures « contrôles » sont, elles, bien adaptées.

Sur 9 animaux, on installe une armature test et une armature contrôle. Les trois autres lapins portent chacun deux armatures tests.

Les piliers terminaux sont serrés au couple moyen de 15,4 Ncm sur toutes les armatures. Sur les 9 armatures contrôles, les piliers centraux sont serrés au même couple de 15,4 Ncm. Sur les 15 armatures tests, ces mêmes piliers centraux sont serrés à des couples variables (15,3 à 26,2 Ncm), entraînant une tension entre l'armature et l'implant central. Les armatures tests sont réparties en deux groupes selon le couple de serrage du pilier central : le groupe HT (5 armatures) avec couple de 25 Ncm et le groupe LT (10 armatures) avec couple de 15,3 à 18,6 Ncm.

Les animaux sont sacrifiés 2 à 3 semaines après la pose des armatures. Des coupes histologiques sont réalisées avec mesure du contact os/implant à différents niveaux.

Aucune vis centrale n'était dévissée à la fin de l'étude. La valeur moyenne de contact os/implant est d'environ 40 %, aucune différence statistiquement significative n'étant constatée entre les implants « contrôles » et « tests ». Une relation statistiquement significative a été, en revanche, notée entre la valeur du contact os/implant au sommet des spires implantaires et l'augmentation de la précontrainte sur la vis du pilier central.

Le contact os/implant semble être moins important pour les armatures ne subissant pas de contraintes ; en revanche, il augmente pour les fortes valeurs de contraintes (gr HT).

Ce que j'en pense : Cette étude vient corroborer les résultats de précédentes.

Jemt et Book (1996) avaient montré que la précision d'adaptation était un facteur moins important qu'on ne l'avait imaginé. Il n'y aurait aucune corrélation statistiquement significative entre l'inadaptation relative des armatures prothétiques et les modifications pouvant intervenir au niveau de l'os marginal. Il existerait ainsi une certaine tolérance biologique à l'inadaptation des prothèses.

Les résultats présentés ici proviennent d'une implantation dans le tibia avec une force de tension exercée globalement dans le grand axe de l'implant. Que deviendraient-ils lors d'une implantation buccale avec l'influence, à terme, de la flore microbienne, des cycles fonctionnels de mastication et des éventuelles contraintes parafonctionnelles ?

Ce que j'ai appris : La notion de tolérance osseuse aurait une importance à reconsidérer.

La plupart des précédentes études sur le sujet mesuraient la valeur du hiatus.

L'intérêt de celle-ci est d'analyser non seulement l'influence de l'inadaptation des prothèses, mais aussi celle du couple de vissage (autrement dit l'augmentation de la contrainte).

La réponse osseuse s'effectue principalement au sommet des spires implantaires, l'espace interspires semblant moins réagir.

Il est probable que de nombreuses armatures vissées sont insérées en bouche avec un certain degré d'inadaptation, sans pour autant engendrer des dommages cliniques apparents contrairement à des systèmes plus « rigides » faussement sécurisants, avec le spectre de la fracture implantaire. Les auteurs militent pour des systèmes prothétiques « souples », laissant la possibilité d'amortir les contraintes.