Évaluation prospective et multicentrique de 1 583 implants 3i sur une période de 1 à 5 ans - Implant n° 2 du 01/05/2003
 

Implant n° 2 du 01/05/2003

 

Implant a analysé

Thierry Degorce  

L'essentiel de ce qu'il faut retenir : L'objectif de cette étude prospective et multicentrique est d'évaluer l'efficacité des implants-vis du système 3i, placés dans 13 cliniques européennes sur une période de 1 à 5 ans. Les résultats englobent l'utilisation de 3 générations de configurations d'implants-vis.

Par ordre de commercialisation, on trouve l'implant-vis autotaraudant de première génération, puis l'implant superautotaraudant, plus simple...


L'essentiel de ce qu'il faut retenir : L'objectif de cette étude prospective et multicentrique est d'évaluer l'efficacité des implants-vis du système 3i, placés dans 13 cliniques européennes sur une période de 1 à 5 ans. Les résultats englobent l'utilisation de 3 générations de configurations d'implants-vis.

Par ordre de commercialisation, on trouve l'implant-vis autotaraudant de première génération, puis l'implant superautotaraudant, plus simple d'utilisation et plus performant, dit ICE®, et enfin l'implant Osseotite® dont la différence est de présenter un état de surface rugueux de l'apex implantaire jusqu'à la 3e spire.

Ces différents types d'implants ont parfois été placés chez le même patient.

Matériels et méthodes : entre 1995 et 1999, un total de 1 583 implants (419 autotaraudants, soit 26,5 %, 619 ICE®, soit 39,1 %, 545 Osseotite®, soit 34,4 %) ont été placés chez 528 patients (335 femmes et 193 hommes) d'une moyenne d'âge de 53,6 ans au moment du placement de l'implant. Au total, 707 implants ont été placés au maxillaire et 876 à la mandibule ; 1 162 implants ont été placés dans la partie postérieure, 62,7 % à la mandibule et 37,3 % au maxillaire.

Aucune reconstruction osseuse n'a été réalisée en préimplantaire ou pendant le placement des implants.

Les diamètres d'implants les plus utilisés ont été 3,75 mm (52,9 %), 4 mm (23,2 %) et 5 mm (20,8 %).

La densité osseuse a été évaluée cliniquement durant la préparation chirurgicale du site par chaque chirurgien. Selon ce critère, 11 % des implants ont été placés dans de l'os dense, 66 % dans de l'os de densité normale et 23 % dans de l'os tendre.

Les implants ont tous été enfouis et un deuxième temps chirurgical a été réalisé après une période de cicatrisation osseuse de 4 mois à la mandibule et 6 mois au maxillaire. À ce stade, l'intégration osseuse des implants est évaluée en testant leur mobilité et en réalisant des radiographies. Après une période de cicatrisation gingivale de 6 à 8 semaines autour des piliers de cicatrisation, les prothèses vissées ou scellées sont réalisées.

Au total 672 restaurations prothétiques ont été posées. La réhabilitation prothétique la plus fréquente a été l'édentation partielle de petite étendue (440 cas de 2 à 5 éléments), suivie par l'édentation unitaire (172 cas), l'édentation partielle de grande étendue (56 cas) et 4 cas d'overdentures chez l'édenté complet.

Des évaluations cliniques et radiologiques ont été effectuées après 6 mois de mise en charge, puis tous les ans. Les prothèses fixes n'ont pas été démontées durant les contrôles.

Résultats : sur l'ensemble des implants de l'étude, 48 implants (22 maxillaires et 26 mandibulaires) chez 17 patients n'ont pas pu être recontrôlés et suivis, et 55 ont été des échecs (47 échecs précoces avant mise en charge et 8 échecs tardifs). L'évaluation radiologique après 6, 12 et 24 mois de mise en charge prothétique des implants a montré respectivement une moyenne de perte osseuse crestale de 0,04 ± 1,3 mm, 0,12 ± 1,6 mm, 0,2 ± 1,7 mm comparée aux radiographies réalisées lors de la connexion prothétique. Un taux de succès cumulatif de 96,5 % a été observé 1 à 5 ans après le placement des implants (97,2 % au maxillaire et 95,8 % à la mandibule).

Cette étude clinique met en évidence un taux de succès très élevé au maxillaire comme à la mandibule avec l'utilisation de trois générations d'implants du système 3i.

Ce que j'en pense : Il s'agit d'une étude longitudinale sérieuse et bien menée qui porte sur un grand nombre d'implants 3i placés dans différents centres.

Trois générations d'implants-vis ont été utilisées dans cette étude selon un protocole classique, c'est-à-dire en enfouissant les implants pendant une période dite de mise en nourrice de 4 mois à la mandibule et 6 mois au maxillaire.

L'excellent taux de succès obtenu est comparable, voire supérieur à ceux qui sont rapportés par d'autres études longitudinales menées avec d'autres systèmes d'implants. Il est intéressant de noter que le peu d'échecs survient presque toujours avant la mise en charge des implants. Il est ainsi plus facile de le gérer alors que la prothèse n'est pas encore réalisée.

Cette étude vient compléter d'autres publications sur les implants 3i. Elle conforte la place du système au rang des meilleurs systèmes implantaires, fiables et bien documentés, sur le marché aujourd'hui.

Cette étude ne fait toutefois pas intervenir de nouveaux paramètres intéressants dans le protocole de la réhabilitation implantaire. Les patients ont été bien sélectionnés et les patients à risques comme les gros fumeurs ont été écartés.

Il serait intéressant d'évaluer et de comparer avec les résultats de cette étude le devenir d'implants-vis 3i similaires mis en charge précocement (2 mois) et/ou sans être enfouis ou encore dans des situations dites « à risques ».

Ce que j'ai appris : Il est admis que la faible densité osseuse plus souvent rencontrée au maxillaire qu'à la mandibule est à l'origine d'un taux d'échecs plus important rapporté par de nombreuses études longitudinales.

Curieusement, dans cette étude, le taux de succès des implants maxillaires est très élevé et même supérieur à celui des implants mandibulaires.

Les auteurs avancent plusieurs explications concernant ce bon résultat au maxillaire. L'expérience du chirurgien le conduit à mieux apprécier la densité osseuse lors du forage et, en conséquence, à modifier sa séquence de forage pour améliorer la stabilité primaire de l'implant.

D'autre part, les implants de larges diamètres (5 et 6 mm) disponibles aujourd'hui permettent de prendre plus facilement un ancrage cortical et développent une surface d'ostéointégration plus importante. Enfin, l'état de surface rugueux Osseotite® facilite et augmente le développement de l'intégration osseuse du titane et réduit le risque d'échecs dans les os de faible densité.

Le taux d'échec ramené au pourcentage d'implants posés est très important pour les implants de 6 mm de diamètre comparé à celui des autres diamètres.

En effet, 1 implant sur 4 de 6 mm de diamètre a été un échec dans cette étude. Il convient donc de rester très prudent avec l'utilisation de cet implant et de le réserver comme implant de secours lorsqu'un implant de 5 mm de diamètre est instable.