RÉALITÉS CLINIQUES
 

Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 4 du 01/11/1998

 

Vient de paraître

H. Vignal  

Qui d'entre nous, odontologistes, omnipraticien ou spécialiste peut se targuer de n'avoir jamais été confronté à un malaise pendant ou immédiatement après avoir dispensé un soin ?

Si notre triple rôle de consultant, anesthésiste et opérateur nous oblige à une rigueur sans faille dans l'établissement de nos actes, et nous confère une lourde responsabilité, il va sans dire que nous devons également être apte à faire face à tout incident ou accident médical mettant...


Qui d'entre nous, odontologistes, omnipraticien ou spécialiste peut se targuer de n'avoir jamais été confronté à un malaise pendant ou immédiatement après avoir dispensé un soin ?

Si notre triple rôle de consultant, anesthésiste et opérateur nous oblige à une rigueur sans faille dans l'établissement de nos actes, et nous confère une lourde responsabilité, il va sans dire que nous devons également être apte à faire face à tout incident ou accident médical mettant ou non en jeu le pronostic vital du patient.

Du malaise vagal (lipothymie) au collapsus cardio-vasculaire en passant par le choc anaphylactique ou la crise d'épilepsie, un diagnostic précis, immédiat, basé sur des paramètres biologiques simples à contrôler (vigilance, pouls carotidien, ventilation) et la mise en œuvre de gestes simples pour peu que le matériel de réanimation et la trousse équipée des médicaments de l'urgence (en nombre très limité) soient à proximité et prêts à l'emploi, préserveront le malade d'une aggravation préjudiciable de son état dans l'attente de secours médicalisés qui sauront prendre en charge la suite des soins et la surveillance.

En ce sens, ce numéro de Réalités Cliniques consacré exclusivement à l'Urgence médicale au cabinet dentaire permettra au lecteur, non seulement de se refamiliariser avec les gestes élémentaires de premier secours, mais aussi de mettre à jour la trousse d'urgence, enfin de se sensibiliser au temps nécessaire et indispensable qu'il devra accorder à l'interrogatoire médical (anamnèse, antécédents médicaux, chirurgicaux, mode de vie, habitudes alimentaires, médication en cours et l'examen clinique).

Ce numéro vous permettra de mieux appréhender le caractère fondamental de cet interrogatoire dialogue qui doit toujours être réactualisé entre chaque visite espacée d'un laps de temps conséquent.

En cas d'accident, il s'agira d'évaluer avec précision les trois fonctions vitales : neurologique, respiratoire et cardiaque.

A l'aide de l'arbre décisionnel, expliqué et fourni dans ce numéro, le praticien mettra en œuvre les gestes d'urgence utiles :

- LVA Ventilation Artificielle ;

- Manœuvre de Heimlich ;

- MCE.

Ces gestes pourront également être accompagnés ou secondés par l'administration de certains médicaments en IV, IM, par voie intra-linguale ou inhalatoire.

Ces thérapies médicamenteuses sont bien répertoriées dans leur mode d'administration et leur indication.

Le lecteur découvrira un inventaire non exhaustif des complications et des incidences plus ou moins gravissimes de nos maladresses gestuelles pouvant entraîner ingestion ou inhalation d'objets contendants (lime, champ à digue, tournevis implantaire, voire même stellite ou matériau d'empreinte).

Il reste de notre devoir d'informer le patient de l'incident mais également de l'orienter vers un service spécialisé si nécessaire qui le prendra en charge en vue d'examens complémentaires éventuels suivis de gestes chirurgicaux si l'évolution est défavorable.

Le risque allergique de l'anesthésie odontologique y est largement démystifié, tout en insistant encore sur la valeur de l'interrogatoire médical qui, bien mené, permettra au praticien de dépister les sujets à risque (antécédents d'allergie, terrains à risque).

Dans nos cabinets, l'étiologie majeure des allergies recontrées est le latex (gants, digue…), allergène de la décennie.

Mais si le latex est en tête des allergènes, l'iode, les anesthésiques locaux, le nickel ne devront pas être mésestimés.

Devant chaque tableau clinique d'une manifestation d'allergie, qu'elle soit à médiation cellulaire ou humorale, s'exprimant par une simple éruption cutanée (prurit-urticaire) ou une réaction généralisée (choc anaphylactique, une attitude raisonnable (suppression du traitement médicamenteux causal, éloignement de l'agent causal (latex)) et un traitement d'urgence devront être instaurés :

- Polaramine en cas d'urticaire ;

- Soludécadron en cas d'œdème de Quincke ;

- Adrénaline en IV en cas de choc.

Quel que soit l'accident survenant dans notre cabinet, le praticien a le devoir de porter une assistance éclairée à son malade, aidé de son personnel soignant tout en s'assurant que les services médicaux spécialisés (SAMU, SMUR n° 15) ont été avertis.

L'urgence médicale est une épée de Damoclès suspendue au-dessus du praticien peu scrupuleux du risque encouru au cours de son acte à l'égard de son patient.

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