Les facettes en céramique De la théorie à la pratique

Galip Gürel, un praticien turc formé dans une université américaine et exerçant son art à Istanbul propose cet ouvrage, aux dimensions respectables, luxueusement imprimé sur papier glacé et illustré par de très nombreuses photos, toutes, c'est à signaler, d'une très grande qualité, ainsi que la bibliographie très abondante et référencée.

En s'entourant de collaborateurs, dont certains très connus dans leur spécialité (J.F. Roulet ; C.R. Rufenarcht ; F. Celenza Jr…), pour traiter des sujets fondamentaux tels que l'adhésion, l'étude des formes et la fonction, la couleur, l'orthodontie et la parodontie, l'auteur a manifestement voulu réaliser une œuvre exhaustive au sujet des facettes en céramique.

Treize chapitres composent le livre : les 3 premiers classiquement ont trait à la dentisterie esthétique, au sourire avec de brefs mais intéressants rappels concernant la forme, le positionnement des dents, les embrasures incisives, l'équilibre, l'harmonie, la ligne du sourire. Cette partie du livre fait état des connaissances de l'auteur dans le domaine si particulier des « canons de la beauté », sans apporter bien sûr d'éléments nouveaux. Par contre, elle a le mérite d'être claire et parfaitement illustrée.

Les chapitres 3 à 6 traitent de l'adhésion, de la fonction, de la couleur, du parodonte rapporté à la dentisterie esthétique et sont parfaitement à leur place dans un livre qui se veut complet.

On peut préférer (c'est mon cas) les chapitres 7 à 13 où l'implication personnelle de l'auteur, dans ce traité concernant les facettes, se fait le plus sentir. On sent dans cette partie la maîtrise du clinicien (de haut niveau) dont la sincérité et le souci de perfection constituent le fil conducteur de l'exposé. Galip Gürel sait de quoi il parle ; son approche clinique se fait à partir d'une analyse pointue de chaque cas avec une constante : le respect quasi obsessionnel des tissus dentaires pendant les phases de préparation, pour preuve sa technique du Projet Esthétique et du Projet Esthétique Provisoire fondée sur l'utilisation d'un masque en résine, tiré d'une cire de diagnostic fonctionnel et esthétique, appliqué sur l'arcade à préparer et délimitant ainsi que les zones devant être instrumentées. Cette approche conservatrice innovante est intéressante car elle permet, dans bien des cas, d'éviter une surpréparation.

Suivent d'autres considérations cliniques comme la prise en compte de la rétraction gingivale et la situation du congé, le recouvrement de la partie incisive, le scellement des plages dentinaires, la prise d'empreinte, etc.

La partie consacrée aux facettes transitoires en résine va dans le sens de la méthode que nous préconisons depuis des années, à savoir une gouttière en silicone transparent issue du wax esthétique, remplie de matériau cosmétique et polymérisé sur les préparations ; plusieurs avantages : gain de temps, bonne tenue en bouche, étanchéité et accoutumance du patient à son « nouveau » sourire.

On doit noter le paragraphe consacré à « l'anesthésie esthétique » qui élimine lors des séances d'essayage la « paralysie » des lèvres due à l'injection para apicale.

La méthodologie de collage aussi rigoureuse et complète, qu'elle soit, serait simplifiée et renforcée par l'utilisation de la digue individuelle rendue possible par un choix logique de crampons et de feuilles de latex fines et résistantes.

Le chapitre 8 « Les échecs » n'élude aucune question: les analyses et les solutions des différents cas exposés peuvent servir de référence aux praticiens en proie à des difficultés analogues.

Le problème des diastèmes et des dents fortement colorées est ici bien abordé (chapitres 9 et 10). Les réponses apportées sont élégantes et soulignent le sens clinique de l'auteur : cf. les limites des préparations et les astuces de stratification de la céramique pour masquer les teintes trop marquées.

Les chapitres 11 et 12, en permettant à l'orthodontie et à la parodontie de s'exprimer dans le domaine de la réhabilitation du sourire, achèvent de compléter ce tour d'horizon de la question.

Enfin, le chapitre 13 intitulé « Cas particuliers » permet à l'auteur de faire étalage de son sens clinique dans le traitement de cas très « limites » ou complexes.

En résumé, le livre de Galip Gürel consacré aux « facettes en céramique » est une démarche courageuse après la publication de l'ouvrage de P. Magne qui fait référence dans ce type de démarche esthétique.

Moins théorique, plus clinique, plus proche du praticien, l'auteur apporte une multitude de réponses aux éventuelles questions qui se posent lorsque l'on aborde les restaurations esthétiques en céramique collée.

Une petite réserve: le choix de la traduction littérale d'un livre écrit en anglais par un auteur non anglo-saxon entraîne certaines lourdeurs révélatrices de la difficulté d'une telle entreprise.

Un livre intéressant, bien fait, très clinique et agréable à lire et à consulter : autant de bonnes raisons pour l'avoir… et s'en servir.