12 septembre : une journée pour les cancers buccaux - Clinic n° 08 du 01/09/2009
 

Clinic n° 08 du 01/09/2009

 

SANTÉ PUBLIQUE

ACTUALITES

Christophe Lequart***  

Par son diagnostic, le chirurgien-dentiste a un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre les cancers des voies aéro-digestives. C'est pourquoi la FDI* a décidé de faire de la Journée mondiale de la santé bucco-dentaire du 12 septembre 2009 la journée des cancers buccaux.

Les cancers de la cavité buccale représentent chaque année plus de 7 500 nouveaux cas dont les trois quarts touchent des hommes. La France connaît l'une des situations les plus dégradées en Europe. 70 % des cancers de la cavité buccale y sont diagnostiqués à un stade avancé. Or il est possible de les détecter précocement et ainsi d'éviter les traitements mutilants.

Les chirurgiens-dentistes, en pratiquant un examen de la bouche, peuvent jouer un rôle déterminant dans cette détection, car ils sont les seuls professionnels de santé à avoir quotidiennement accès à la cavité buccale de la population.

En prévention primaire, le chirurgien-dentiste a un véritable rôle de détection des personnes « à risque », en particulier celles souffrant de comportements addictifs liés à l'alcool et au tabac. Son implication dans la prévention secondaire est tout aussi capitale, en tant que détecteur des cancers buccaux, puisqu'un examen de quelques minutes lui permet de suspecter une lésion précancéreuse ou cancéreuse et d'adresser son patient pour un examen approfondi, permettant ainsi une prise en charge précoce. En cas de confirmation de suspicion, c'est également lui qui interviendra, en prévention tertiaire, dans les champs aussi importants que la restauration des fonctions orales, le rétablissement de l'élocution et de la déglutition, et la restauration de la mastication. Plus généralement, il est un acteur primordial tant dans l'amélioration de la qualité de vie de tout patient atteint d'un cancer que dans la poursuite de son traitement.

S'ils ont gagné en efficacité, les traitements actuels contre le cancer (radiothérapie et traitements médicaux) provoquent cependant des effets secondaires de gravité variable, que le chirurgien-dentiste peut contribuer à mieux gérer, voire à réduire. En effet, les dents, les gencives, les tissus buccaux et les glandes salivaires peuvent tous être affectés. Si ces effets secondaires varient selon le type de cancer et l'intensité du traitement, ils sont cependant nombreux :

- sur le plan des pathologies bucco-dentaires :

• apparition rapide de caries,

• infections dues à l'affaiblissement du système immunitaire (herpès, infections fongiques, infections bactériennes muqueuses ou parodontales) ;

- sur le plan du confort de vie :

• xérostomie (ou bouche sèche) entraînant des difficultés à avaler et à parler, liée à la diminution de la production de salive (moindre sous chimiothérapie qu'après radiothérapie),

• sensation de douleur et de brûlure dans la bouche, la langue et les gencives, due aux pathologies que sont la mucite, la stomatite et les ulcérations,

• nausées,

• diminution du goût.

Sous l'impulsion du plan cancer de l'UFSBD lancé en 2005, le chirurgien-dentiste a pu réaffirmer son rôle médical et transversal. En partenariat avec l'UFSBD, l'Institut national du cancer (INCa) a créé la première plateforme de formation continue en ligne de dépistage des lésions cancéreuses**. Notre mobilisation face à ce fléau, enjeu de santé publique, doit se renforcer : la Journée mondiale du 12 septembre est là pour nous rappeler que chaque jour dans nos cabinets, par un examen simple, nous pouvons sauver des vies. Car il est inconcevable qu'aujourd'hui les cancers buccaux tuent en France autant de personnes que les accidents de la route.

© Claus Mikosch-Fotolia * Fédération dentaire internationale ** www.e-cancer.fr *** Chirurgien-dentiste, porte-parole de l'UFSBD