Comparaison de 3 protocoles de prescription antibiotique à visée prophylactique et thérapeutique en implantologie Essai contrôlé randomisé - Clinic n° 06 du 01/06/2023
 

Clinic n° 06 du 01/06/2023

 

Revue de presse

Internationale

Constance LAGADIC  

OBJECTIF

Déterminer le protocole de prescription antibiotique le plus efficace dans la réduction des infections post-opératoires en implantologie.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Les auteurs ont réalisé un essai clinique contrôlé randomisé en simple aveugle. Les patients inclus avaient consulté le service de chirurgie orale et maxillo-faciale de l’Université de Sciences médicales de Shahid Beheshti à Téhéran pour une réhabilitation implantaire unitaire...


OBJECTIF

Déterminer le protocole de prescription antibiotique le plus efficace dans la réduction des infections post-opératoires en implantologie.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Les auteurs ont réalisé un essai clinique contrôlé randomisé en simple aveugle. Les patients inclus avaient consulté le service de chirurgie orale et maxillo-faciale de l’Université de Sciences médicales de Shahid Beheshti à Téhéran pour une réhabilitation implantaire unitaire maxillaire ou mandibulaire sans atrophie osseuse associée (excepté un défaut mineur pour lequel la pose d’un implant simultanée à une greffe par régénération osseuse guidée était possible). Les patients allergiques à l’amoxicilline ou atteints d’une pathologie systémique affectant le métabolisme osseux étaient exclus.

Ces patients ont été répartis en 3 groupes randomisés en simple aveugle, le patient seul ayant connaissance du protocole :

- groupe 1 : une dose flash de 2 g d’amoxicilline 1 heure avant la chirurgie ;

- groupe 2 : une dose flash de 2 g d’amoxicilline 1 heure avant la chirurgie puis 500 mg toutes les 8 heures pendant 5 jours ;

- groupe 3 : 500 mg d’amoxicilline toutes les 8 heures pendant 5 jours en post-opératoire uniquement.

RÉSULTATS

Un total de 450 patients a été inclus entre septembre 2016 et juin 2020 et ils ont été randomisés en 3 groupes de 150 patients. Aucune différence statistiquement significative n’a pu être mise en évidence dans les 3 groupes, tant sur le nombre d’infections post-opératoires - groupe 1 : 9 (6 %), groupe 2 : 11 (7,3 %), groupe 3 : 7 (4,7 %) (p = 0,62) - que sur le nombre d’implants perdus - groupe 1 : 0, groupe 2 : 2, groupe 3 : 1. En revanche, plus d’infections étaient observées chez les fumeurs indépendamment du protocole antibiotique reçu.

DISCUSSION

Les résultats de cette étude n’ont montré aucune différence statistiquement significative dans la réduction des infections post-opératoires en implantologie entre les protocoles d’antibioprophylaxie flash seuls et ceux avec antibiothérapie post-opératoire. Bien que les recommandations de l’ANSM de 2011 ne recommandent pas d’antibioprophylaxie pré-opératoire pour la population générale, sa mise en place en pratique clinique est encore monnaie courante et de nombreuses études vont en ce sens. Pour des raisons éthiques, les auteurs ont volontairement choisi de ne pas mettre en place de protocole placebo puisque l’intérêt de l’antibioprophylaxie est encore largement décrit dans la littérature. La prise en charge des infections a consisté en une antibiothérapie adaptée, établie après prélèvement bactériologique et mise en culture. Une flore bactérienne mixte, constituée de germes aérobies et anaérobies, a été mise en évidence. L’antibiogramme a révélé des cas de résistance à l’amoxicilline, pour lesquels des traitements par clindamycine ou amoxicilline/acide clavulanique étaient instaurés. Les résultats présentés montrent que le traitement de ces infections a permis la survie implantaire dans certains cas. En revanche, le pourcentage exact de perte implantaire par rapport aux infections n’est pas décrit.

Enfin, le schéma de l’étude a choisi de ne pas exclure les patients fumeurs, patients pour lesquels plus d’infections ont été diagnostiquées.

PERTINENCE CLINIQUE

• Justification scientifique de l’étude. Les infections post-opératoires concernent 10 % des patients en implantologie et conduisent à la perte de 2/3 des implants infectés. La prévention de ces infections représente donc un besoin de santé publique majeur. L’utilisation d’antibiotiques à cet effet se doit d’être justifiée compte tenu de l’augmentation croissante des résistances bactériennes aux antibiotiques

• Principales conclusions. Les résultats présentés dans cette étude sont comparables à ceux retrouvés dans la littérature. La prescription antibiotique post-opératoire ne semble pas montrer de supériorité dans la réduction des infections en implantologie par rapport à une antibioprophylaxie flash.

• Implications pratiques. Ainsi, la prescription antibiotique d’une seule dose flash à visée prophylactique pourrait être envisagée dans les cas de réhabilitations implantaires unitaires sans atrophie osseuse associée. Il convient cependant de rappeler que la gestion des facteurs de risque d’échecs implantaires en pré et post-opératoire comme l’absence de tabac et le maintien d’un environnement parodontal sain sont des prérequis indispensables à tout traitement implantaire.

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