Précision du diagnostic radiographique des espaces péri-implantaires radio-clairs - expérimentation in vitro - Implant n° 3 du 01/08/1998
 

Implant n° 3 du 01/08/1998

 

Implant a analysé

Jean-Pierre Lucchini  

L'essentiel de ce qu'il faut retenir :

Dans le but d'observer radiographiquement in vitro leurs rapports avec l'os, 20 implants vis de 10 et 3,5 mm de diamètre (Astra Tech, Danemark) ont été insérés dans des spécimens de mandibules humaines, spécialement préparées pour pouvoir conserver la texture osseuse. L'installation a été faite selon un protocole habituel, en utilisant des forêts de diamètre croissant. Dans un premier temps, les implants ont été vissés en...


L'essentiel de ce qu'il faut retenir :

Dans le but d'observer radiographiquement in vitro leurs rapports avec l'os, 20 implants vis de 10 et 3,5 mm de diamètre (Astra Tech, Danemark) ont été insérés dans des spécimens de mandibules humaines, spécialement préparées pour pouvoir conserver la texture osseuse. L'installation a été faite selon un protocole habituel, en utilisant des forêts de diamètre croissant. Dans un premier temps, les implants ont été vissés en contact étroit avec l'os péri-implantaire, simulant l'ostéointégration. Puis, ces mêmes implants ont été dévissés, leurs logements agrandis avec un forêt de diamètre légèrement supérieur, de manière à créer un « vide » péri-implantaire de 0,1 mm et replacés dans leur position initiale, grâce à un dispositf de connexion rigide assurant une reproduction exacte de cette position. Cette opération a été ensuite répétée avec un forêt de diamètre encore supérieur, créant ainsi un espace péri-implantaire de 0,175 mm. Chaque situation (0, 0,1 et 0,175 mm) a été radiographiée selon deux incidences (0et 15°), soit un total de 120 clichés (20 × 3 × 2).

Ces différents clichés ont été examinés par dix observateurs ayant une grande expérience en implantologie ; ces cliniciens devaient interpréter les radiographies selon une échelle allant de 1 à 5 :

1. absence incontestable d'un espace péri-implantaire ;

2. absence probable d'un espace péri-implantaire ;

3. espace péri-implantaire incertain ;

4. présence probable d'un espace péri-implantaire ;

5. présence incontestable d'un espace péri-implantaire.

Les dix observateurs étaient au courant du protocole expérimental et, de ce fait, informés que 66 % des clichés présentaient un espace péri-implantaire. Ils n'étaient soumis à aucune limite de temps pour leurs observations et disposaient d'un négatoscope avec grossissement (x 2). Les variations d'interprétation ont souvent été considérables entre les observateurs et aucun consensus général n'a été obtenu, ne serait-ce que sur un seul cliché parmi les 120 examinés et quelle que soit la largeur du « vide » péri-implantaire créé.

Plus cet espace est grand (0,175 mm dans le cadre de cette étude), plus le nombre de diagnostics corrects augmente.

L'angle de rayons par rapport à l'implant (0 ou 15°) ne change pas les résultats de façon significative.

Ce que j'en pense :

Le protocole expérimental utilisé était très simple et rigoureux. Les conditions de prise et d'observation des clichés étaient idéales et incontestablement facilitées par rapport aux conditions cliniques où la présence des tissus mous est une interférence importante. Cette étude confirme la difficulté de diagnostic d'un espace péri-implantaire, surtout quand il se situe en deçà de la limite de résolution des films ou du seuil de perception visuelle de l'observateur.

Ce que j'ai appris :

Même dans des conditions optimales d'observation, la présence d'un espace radio-clair péri-implantaire est impossible à affirmer tant qu'il n'excède pas 0,175 mm. Dans des conditions cliniques quotidiennes, cette valeur peut être encore augmentée bien qu'elle soit déjà très importante d'un point de vue histologique. Il semble dès lors impossible d'utiliser des clichés rétro-alvéolaires (et encore moins des radiographies panoramiques) comme seules preuves d'une ostéointégration.

L'importance de l'orthogonalité des rayons semble relative et les résultats ne sont pas modifiés de façon significative tant que l'angle ne dépasse pas 15°.