Contrôle du risque infectieux en odontologie

Un livre technique, bien écrit, agréable à lire, remarquablement présenté et documenté est assez exceptionnel. Contrôle des risques infectieux en odontologie est l'un de ces livres rares capables de concilier la compréhension d'un sujet considéré difficile et le plaisir de la lecture. Écrit par Daniel Perrin, Gérard Pacaud et Daniel Pône, ce petit livre traite, de manière intelligente et logique, de l'hygiène et de l'asepsie en chirurgie dentaire.

La première partie du livre examine le milieu d'exercice - cavité buccale, contamination des locaux - et les micro-organismes que l'on peut rencontrer chez les patients. L'étude de ces derniers est attrayante, car, pour chaque germe analysé, sont présentés les risques de contamination en odontologie, les traitements et vaccins qui le concernent ainsi que la sensibilité à la contamination et à la stérilisation.

La deuxième partie traite, elle, de la maîtrise des risques. L'exposé sur les normes Afnor et le choix des produits est bien développé avec l'explication de chaque norme. La question est même posée sur la norme 94402 qui permet d'évaluer l'action corrosive et n'est qu'exceptionnellement présentée par les laboratoires. Cependant, malgré des renseignements intéressants tels que celui concernant la norme 94402 ou d'autres sur les produits de détergence et de désinfection, ce chapitre reste insuffisant pour que le praticien détermine son choix dans la multiplicité des produits proposés (ainsi, tant dans ce chapitre que dans celui sur les locaux, les normes nécessaires au choix des désinfectants des sols et surfaces ne sont pas précisées). Les chapitres suivants traitent du patient et de l'équipe dentaire. Le questionnaire médical privilégie le dialogue et une mise en place de la protection du patient, spécifique à chaque discipline, est proposée avant chaque traitement. Le port des gants est longuement abordé ainsi que d'autres moyens d'équipement du personnel tels que les lunettes, le masque et la tenue. Les moyens de protection contre la contamination aérienne comme l'aspiration chirurgicale sont traités dans le chapitre sur la qualité de l'air. Pour la protection du personnel contre les accidents d'exposition au sang, les indications très pratiques sur les mesure à suivre sont livrées. La chaîne de stérilisation est présentée de manière rationnelle et simple en gardant une place importante pour la mise en sachet et les indicateurs. L'analyse du traitement de l'instrumentation dynamique est pertinente, mais les conclusions, en l'absence d'études indépendantes sur les résultats tant de nettoyage des parties internes, rotors compris, que de désinfection, pourraient être moins « définitives ». Les modes de décontamination des empreintes et des moulages en fin de chapitre donnent des renseignements précieux.

Les locaux sont étudiés en dernier. Ils sont classés en quatre zones présentant des risques de contamination différents. Le type de nettoyage des sols et surfaces leur sera adapté. L'étude de l'ergonomie, de la disposition des locaux, de la qualité de l'air et de l'eau est suivi par celle de l'élimination des déchets. Pour ceux-ci, la question de leur élimination tous les deux jours (tous les sept jours, s'ils sont réfrigérés) reste un problème.

Enfin, le chapitre sur la maîtrise des risques et la législation correspondante donne des renseignements et des conseils pratiques fort intéressants. Ce livre est clair et pertinent. Il préconise plus l'application d'un comportement rationnel que l'accumulation de moyens techniques. Il est également rempli de conseils pratiques, très quotidiens tels que « laver le teintier à l'eau et au savon avant de le passer à l'alcool afin d'éviter l'altération des teintes » ; « avant chaque lavage, ne pas oublier, si nécessaire, de mettre sa coiffe et son masque », « après chaque lavage, ne pas manipuler le masque et ne pas toucher le calot ou les cheveux », etc. Il ose également prendre position « pour nous, la cause est entendue, être hygiéno-conscient, c'est accepter de se passer de crachoir... pour des questions d'hygiène. »

Cependant, le lecteur pourra être frustré sur l'application de certaines règles pratiques. Si les explications sont généralement bien fournies, peu de protocoles et de tableaux définissent le « step-by-step » de l'organisation du cabinet. La technique aseptique, limitant le plus possible la propagation des micro-organismes lors de la gestuelle opératoire, est peu développée. L'assistante et le praticien comprendront bien l'ensemble de l'hygiène en chirurgie dentaire, mais parfois ne sauront pas la mettre en application. Vous conviendrez qu'il est impossible de tout traiter dans un ouvrage de 175 pages de petit format. Contrôle du risque infectieux en odontologie est un remarquable petit livre dont il est vivement conseillé de s'imprégner.