Tentatives pour obtenir une réintégration osseuse après péri-implantites expérimentales chez le chien

L'essentiel de ce qu'il faut retenir :

Ce travail expérimental examine la capacité de régénération péri-implantaire suite à une péri-implantite expérimentale et d'évaluer la possibilité d'obtenir une nouvelle ostéointégration. L'étude a porté sur 41 implants cylindriques de Ø 2,8 x 6 mm avec 4 états de surface différents : 1 surface usinée (M : n = 11) et 3 surfaces rugueuses : TPS : n = 10, SLA : n = 13 et TPS furc (perforations), n = 7, posées en 1 temps. Après 3 mois, une péri-implantite expérimentale est induite à l'aide de ligatures, entraînant une perte osseuse d'environ 40 % en 4 mois. Le traitement évalué consiste en la dépose des ligatures, l'installation quotidienne de chlorexidine à 0,12 %, la prise de métrodinazole (20 mg/Kg/j p.o.) durant 2 semaines et une intervention chirurgicale avec curetage péri-implantaire, lavage à la chlorexidine et mise en place d'une membrane Gore-Tex pour 30 sites (test) et sans utilisation de membrane pour 11 sites (contrôle). Les chiens furent sacrifiés après 6 mois de cicatrisation.

Les résultats : 2 échecs sur 41 (1 TPS et 1 TPS furc) furent exclus de l'étude, 6 membranes perdues et 3 exposées. Le groupe TPS furc n'a pu être analysé en raison de l'échec d'intégration et de la fréquence de perte de membranes. Le pourcentage d'ostéointégration mesuré au niveau des zones non affectées par la péri-implantite était statistiquement différent selon l'état de surface (SLA = 75,7 %, TPS = 68,1 %, M = 61,9 %). La perte osseuse occasionnée par la péri-implantite était par contre similaire pour les 3 états de surface. L'utilisation de membranes s'est avérée efficace, aboutissant à une régénération de 62-83 % pour le groupe test comparée à 14-31 % pour le groupe contrôle. En revanche, l'obtention d'une nouvelle intégration osseuse fut limitée : 2-20 % pour le groupe test et 7-14 % pour le groupe contrôle. La conclusion est que le traitement préconisé pour traiter la péri-implantite est efficace, car il permet de stopper l'évolution et de régénérer une partie de la perte osseuse. En revanche, un nouveau contact direct entre l'os et la surface implantaire ne peut être garanti.

Ce que j'en pense :

On a souvent dit que les surfaces rugueuses induisaient davantage de péri-implantites que les surfaces usinées, lisses et qu'elles seraient difficiles à maîtriser. Cette assertion est infirmée une fois de plus par ce travail expérimental qui ne montre pas de différence significative de perte osseuse ni de résultats selon les surfaces. Cette étude confirme la difficulté d'utilisation de membranes non résorbables dans cette indication et ses limites puisqu'elle ne semble pas, à elle seule, permettre d'obtenir une nouvelle ostéointégration. Ce mode de traitement permet par contre de stopper l'évolution du processus infectieux. Le choix de membranes collagènes associées à un matériau de comblement (os autogène ou substitut) pourrait certainement améliorer les résultats.

Ce que j'ai appris :

Cette étude établit le rôle favorable des surfaces rugueuses sur la qualité de l'ostéointégration sans montrer de différence dans l'extension de la perte osseuse ni dans les possibilités de traitement des péri-implantites en fonction de la surface. Elle confirme de façon expérimentale ce que nous avons observé cliniquement, à savoir : la possibilité de traitement efficace des péri-implantites survenant sur des implants à surface rugueuse.