Prothèses de recouvrement mandibulaires supportées par des implants de Brånemark Mk II. Étude comparative prospective entre la mise en charge différée ou immédiate - Implant n° 4 du 01/11/2001
 

Implant n° 4 du 01/11/2001

 

Implant a analysé

Jean-Pierre Lucchini  

L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Cette étude compare les résultats obtenus avec une mise en charge immédiate ou différée des prothèses totales de recouvrement mandibulaires. Un groupe test de 10 patients a reçu 40 implants symphysaires (4 implants Mk II de 13 mm minimum pour chaque patient) avec connexion immédiate de piliers standard et pose, 2 ou 3 jours après, d'une barre de conjonction rigide mise en charge immédiatement avec une prothèse de recouvrement. Un...


L'essentiel de ce qu'il faut retenir : Cette étude compare les résultats obtenus avec une mise en charge immédiate ou différée des prothèses totales de recouvrement mandibulaires. Un groupe test de 10 patients a reçu 40 implants symphysaires (4 implants Mk II de 13 mm minimum pour chaque patient) avec connexion immédiate de piliers standard et pose, 2 ou 3 jours après, d'une barre de conjonction rigide mise en charge immédiatement avec une prothèse de recouvrement. Un groupe contrôle de 10 patients a également reçu 40 implants répartis comme dans le groupe test, mais ces implants, laissés en nourrice selon la technique initiale préconisée par Brånemark, n'ont été mis en charge que 4 à 8 mois après implantation en suivant le même type de réalisation prothétique. Chaque implant a été évalué après 6, 12 et 24 mois suivant la mise en charge en relevant les valeurs de l'index de plaque modifié (MPI), de l'index de saignement modifié (MBI), de profondeur des poches (PD) ainsi que les valeurs données par le Periotest®. La résorption osseuse péri-implantaire a été mesurée sur des radiographies panoramiques 12 et 24 mois après mise en charge. Aucune différence significative n'a été montrée entre les deux groupes au niveau de tous les paramètres pris en considération.

Le taux de succès cumulé a été de 97,5 % pour les deux groupes. Les résultats de cette étude semblent montrer que la mise en charge immédiate des implants endo-osseux, connectés d'une manière rigide avec une barre en U, ne semble pas affecter l'ostéointégration. Cette méthode raccourcit de façon significative la durée des traitements pour la plus grande satisfaction des patients.

Ce que j'en pense : Les résultats obtenus dans cette étude ne sont pas surprenants, car de toutes les indications possibles de mise en charge immédiate, la meilleure est sans doute celle qui a été choisie par les auteurs : une barre de connexion très rigide sur 4 implants mandibulaires d'au moins 13 mm engageant si possible la corticale basale ; d'autre part, la méthodologie très précise utilisée pour la prise d'empreinte ainsi que le type de barre choisi (barre en U) assurent une parfaite stabilité secondaire des implants.

À part le sondage des poches, les méthodes d'évaluation des résultats sont un peu approximatives, en particulier l'exploitation des clichés panoramiques pour l'évaluation et la comparaison des degrés de perte osseuse. Mais, cela n'est pas très important puisque la même méthodologie a été suivie pour les 2 groupes ; il n'est d'ailleurs pas évident que les résultats eussent été vraiment différents en utilisant des techniques d'évaluation plus précises dans le contexte clinique choisi. Les conclusions vont d'ailleurs dans le sens des travaux déjà publiés à ce sujet.

Ce travail est remarquable surtout dans sa discussion, car la revue de littérature sur les mises en charge immédiates est très intéressante.

Ce que j'ai appris : J'ai été surpris de lire qu'on pouvait fixer une barre sur des piliers standard à 32 Ncm (à moins qu'il ne s'agisse d'une faute de frappe) !

Deux autres points intéressants :

- Selon une étude de Cameron et al., des micromouvements n'excédant pas 50 µ ne sont pas préjudiciables à l'ostéointégration, sentiment partagé par les auteurs qui rappellent ce travail dans leur discussion.

- Une étude de Piatelli et al., sur le singe, a montré qu'à 9 mois, des implants mis en charge immédiatement présentaient un contact os/implant en pourcentage supérieur aux implants controlatéraux non mis en charge.

Cela tendrait à démontrer que la mise en fonction rapide peut être tolérée (voir bénéfique ?) si la stabilité secondaire est assurée pour réduire les effets des forces délétères.