Utilisation du bistouri électrique et des lasers en présence d'implants dentaires - Implant n° 4 du 01/11/2001
 

Implant n° 4 du 01/11/2001

 

Implant a analysé

Philippe Tardieu  

L'essentiel de ce qu'il faut retenir : L'utilisation du bistouri électrique ou du laser en présence d'implants métalliques a été à l'origine de lésions osseuses dues à une augmentation de température ayant entraîné des pertes d'ostéointégration. Les études concernant l'utilisation des différents lasers donnent des résultats contradictoires ; quant à l'utilisation des bistouris électriques, très peu d'études ont abordé ce problème.

Cette étude...


L'essentiel de ce qu'il faut retenir : L'utilisation du bistouri électrique ou du laser en présence d'implants métalliques a été à l'origine de lésions osseuses dues à une augmentation de température ayant entraîné des pertes d'ostéointégration. Les études concernant l'utilisation des différents lasers donnent des résultats contradictoires ; quant à l'utilisation des bistouris électriques, très peu d'études ont abordé ce problème.

Cette étude porte, sur les effets locaux dus à l'augmentation de température observée lors de l'utilisation d'un bistouri électrique unipolaire, d'un bistouri électrique bipolaire et d'un laser Nd :Yag. L'augmentation de température a été mesurée lors d'une chirurgie de décapuchonnage d'implants, in vitro, en utilisant successivement chacun des trois instruments. Une analyse de la variance (carré de l'écart type) de température a été réalisée sur 4 impacts et 4 mesures successives.

D'autre part, l'augmentation absolue de température obtenue avec chaque outil a été comparée à une limite d'augmentation clinique tolérée établie à 10° C.

Les résultats montrent que l'utilisation d'un bistouri électrique unipolaire devrait être évitée pour cet usage. En revanche, en suivant une indication clinique judicieuse, il est envisageable d'utiliser aussi bien un bistouri électrique bipolaire qu'un laser, tout en restant bien en dessous des limites d'augmentation de température établies.

Ce que j'en pense : Cette étude confirme clairement que les bistouris électriques unipolaires sont à éviter pour effectuer ce type d'intervention.

Mais qui aujourd'hui utilise encore un bistouri électrique unipolaire ? Cette étude a l'intérêt de déboucher sur une discussion intéressante quant aux conditions d'expérimentation et aux conclusions.

Je pense que les résultats de cette étude sont à prendre en compte avec la plus grande prudence pour en déduire l'indication d'applications cliniques, car les conditions de l'étude ne reflètent pas les conditions chirurgicales réelles, à savoir :

- seulement 4 impacts successifs sont donnés, alors que pour réaliser le décapuchonnage d'un implant enfoui dans une fibro-muqueuse épaisse, il en faudrait au moins 50 ;

- si l'on devait utiliser un laser pour un décapuchonnage, on utiliserait de préférence un laser CO2 et une puissance d'au moins 5 à 10 watts.

La puissance de 1,5 watt est tout à fait inadaptée pour ce type d'intervention ;

- le mode continu d'utilisation du laser ne permet pas de mesurer la quantité d'énergie dépensée, et il eut été judicieux de travailler en mode pulsé pour calculer l'augmentation de température en fonction de la puissance, du temps et du diamètre du spot ;

- aucune mesure n'a été prise en cas d'impact direct sur le métal, ce qui, cliniquement, doit arriver, car c'est cela que l'on recherche en fin de compte : la découverte de l'implant avec l'élimination de tout le tissu conjonctif ;

- contrairement à ce que le titre de l'article laisse présager, un seul laser a été expérimenté et non pas différents lasers avec des longueurs d'ondes et des réglages différents.

Ce que j'ai appris : Même si les résultats doivent être pris en compte avec de nombreuses précautions, il apparaît que les bistouris électriques bipolaires n'augmentent pas sensiblement la température des tissus par rapport au laser Nd :Yag utilisé.