L'implant unitaire : étude rétrospective - JPIO n° 1 du 01/02/2005
 

Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 1 du 01/02/2005

 

Articles

L. JAOUI   *   S. KERNER **  


*Faculté de chirurgie dentaire
Université Paris-VII

Résumé

Le but de cette étude est d'évaluer 60 implants unitaires Brånemark (Nobel Biocare®, Göteborg, Suède) placés chez 58 patients (moyenne d'âge : 45,9 ans) : 25 (42 %) l'ont été au maxillaire et 35 (58 %) à la mandibule. Les prothèses unitaires sur implant ont été soit fixées par vissage direct sur la tête de l'implant, soit scellées sur pilier, lui-même vissé ou transvissé sur le corps de l'implant. L'évaluation des résultats thérapeutiques utilise des critères cliniques et radiographiques : indice de plaque, indice de saignement, mobilité, perte osseuse marginale. La période d'observation a duré de 1 à 11 ans (moyenne : 3,38 ans).

Quatre implants sur 60 ont été perdus. Le taux de survie est de 93,3 %, similaire à celui des autres études portant sur des implants unitaires Brånemark. Les tissus péri-implantaires sont sains et comparables à ceux des dents naturelles. Cette étude confirme les résultats favorables présentés dans les autres études sur les implants unitaires Brånemark.

Summary

The aim of this study was to evaluate 60 Brånemark single tooth implants (Nobel Biocare®, Göteborg, Sweden). Fifty-eight patients (mean age 45.9 years) received 60 single tooth implants. Twenty-five implants (42 %) were placed in the maxilla and 35 (58 %) in the mandible. Single tooth restorations were screw-retained either on the platform of the implant or on the abutment, or were cemented on the abutment. The evaluation used clinical and radiographic criteria (plaque index, bleeding index, mobility, marginal bone loss). The mean observation time was 3.38 years, ranging from 1 to 11 years.

Four of the 60 implants were lost. The survival rate was 93.3 %, similar to other studies of Brånemark single tooth implants. The peri-implant tissues remained healthy and comparable to those around natural teeth. This study confirms the favourable results presented in other Brånemark single tooth implant studies.

Key words

Brånemark single-tooth implants, survival rate, retrospective study

Introduction

Plusieurs études longitudinales ont montré des résultats satisfaisants avec les implants de Brånemark tant sur les édentés complets (Adell et al., 1981 et 1990 ; Albrektsson et al., 1988) que sur les sujets partiellement édentés (Jemt et al., 1989 ; Jemt et Lekholm, 1993 ; Jemt et Pettersson, 1993 ; Zarb et Schmitt, 1990 ; Lekholm et al., 1994 et 1999 ; van Steenberghe et al., 1989 et 1990). Les études multicentriques rétrospectives sur l'implant unitaire ont été lancées par Jemt (1986). Elles montrent des résultats favorables au bout de 4 ans de fonction, avec un taux de survie de 97,2 %. Le but de cette étude rétrospective est d'évaluer 60 implants Brånemark (Nobel Biocare®) remplaçant une dent unitaire chez 58 patients, sur une période comprise entre 1 et 11 ans (moyenne : 3,38 ans).

Matériels et méthodes

Population étudiée

Cinquante-huit sujets (12 fumeurs et 48 non-fumeurs) ont été sélectionnés au sein d'un groupe de patients nécessitant d'être traités pour une maladie parodontale ou le remplacement d'une dent manquante. Leur âge moyen était de 45,9 ans (20-69 ans). Les indications du traitement implantaire étaient l'édentement unitaire entouré de dents saines (n = 39) ou parfaitement couronnées (n = 13), l'agénésie (n = 5) et la présence d'un diastème large (n = 3). Les critères d'inclusion étaient les suivants : quantité osseuse suffisante permettant de poser des implants d'au moins 8,5 mm de longueur et 3,75 mm de diamètre, absence de structures anatomiques proches du site implantaire, espace adéquat vertical et horizontal permettant de placer les composants prothétiques, ouverture buccale suffisante (4 cm), résultats esthétiques favorables et prévisibles. Aucun patient ne présentait de contre-indications médicales au traitement implantaire. Les sites nécessitant l'apport d'une greffe osseuse ont été exclus de l'étude.

Classification de la maladie parodontale

Les patients atteints de maladie parodontale ont été classés en parodontite chronique généralisée modérée (n = 24) ou sévère (n = 23) et en parodontite agressive (n = 2). Neuf patients ne présentaient pas de maladie parodontale.

Dents extraites

Les extractions dentaires (tableau 1) étaient dues à des fractures (47 %), à des causes parodontales (20 %), à des caries ou à des résorptions (18 %), à des agénésies (8 %) et à des lésions endodontiques (7 %). Le délai entre l'extraction et la pose de l'implant était compris entre 6 et 8 semaines (n = 10) ou supérieur à 3 mois (n = 50).

Implants

Soixante implants Brånemark (Nobel Biocare®) ont été placés au maxillaire (42 %) et à la mandibule (58 %). L'implant Brånemark standard est une vis pleine, usinée, en titane et perforée au niveau de sa partie apicale. L'espacement des spires est de 0,6 mm. Initialement, les implants n'étaient pas autotaraudants.

L'utilisation d'un nouvel implant autotaraudant appelé MK II a débuté en 1997. Cet implant est identique dans sa forme à l'implant standard sauf que, au niveau apical, il présente 3 hélices au lieu de 4 et n'a pas de perforation. À partir de l'année 2000, la fixture MK III a été utilisée avec un titane de grade I renforcé. Elle présente un double filetage qui se poursuit plus apicalement que celui de l'implant MK II. Les implants larges (WP), de 5 mm de diamètre, ont été placés dans des situations cliniques où soit la hauteur d'os était faible, soit la densité de l'os alvéolaire était réduite. Dans tous les cas, la crête alvéolaire était large. Les longueurs d'implants étaient comprises entre 8,5 et 15 mm.

Thérapeutique

Le plan de traitement adopté pour chaque cas répondait en général au schéma suivant : il commençait par le traitement parodontal ; après un bilan radiographique et clinique, la thérapeutique initiale comprenait des séances d'enseignement des techniques d'hygiène, des séances de détartrage supragingival et sous-gingival et de surfaçage radiculaire. Parallèlement, les extractions étaient pratiquées le plus souvent par l'implantologiste. En fonction de la profondeur de poche, la chirurgie parodontale de débridement était réévaluée. En fin de traitement, le patient était informé de l'obligation de suivre une thérapeutique parodontale de soutien. Les prothèses provisoires ainsi que les guides radiologiques et chirurgicaux étaient réalisés par un dentiste référant.

Technique chirurgicale implantaire

La mise en place des implants a été réalisée en deux étapes chirurgicales, selon le protocole original décrit par Brånemark et al. (1985), et Lekholm et Jemt (1985). Tout d'abord, un lambeau d'épaisseur totale est récliné pour exposer suffisamment l'os alvéolaire. Des guides radiologiques et chirurgicaux en résine acrylique avec des tubes en titane ou de la gutta permettent d'optimiser l'axe de l'implant et d'assurer un profil d'émergence correct. Pour la mise en place de l'implant proprement dite, après le passage d'un foret de 2 mm de diamètre, d'un foret intermédiaire puis d'un foret de 3 mm, la fraise conique est utilisée. L'usage du taraud peut s'avérer nécessaire en présence d'un os de forte densité. La phase d'ostéo-intégration dure de 3 à 4 mois à la mandibule et de 6 à 9 mois au maxillaire. Le deuxième temps opératoire coïncide avec un aménagement tissulaire préprothétique. Des radiographies rétro-alvéolaires sont prises à l'aide d'angulateurs de Rinn le jour de la pose de l'implant puis au moment de la mise en place du pilier prothétique, généralement 4 ou 5 semaines après l'exposition de l'implant. Les piliers de cicatrisation sont remplacés par des piliers prothétiques de longueur appropriée (Anderson et al., 1992).

Piliers prothétiques - Techniques d'empreinte - Traitement prothétique

Les piliers prothétiques sont placés soit par l'opérateur, soit par le dentiste correspondant. Les principaux piliers utilisés sont :

- le pilier CeraOne (Nobel Biocare®) sur lequel la couronne est scellée. La vis du pilier, en or, est serrée à 32 Ncm. Le choix de la hauteur du pilier est effectué en fonction du degré d'enfouissement souhaité. Les hauteurs de pilier sont le plus souvent de 1, 2 ou 3 mm (hauteur du col). Les réglages lors de la mise en place suivent un protocole rigoureux avec un contrôle radiographique de l'adaptation du pilier sur la tête d'implant. Les couronnes sont des céramiques sur or, réalisées en laboratoire à partir d'un cylindre en or ;

- le pilier TiAdapt (Nobel Biocare®), en titane, avec un dispositif de contre-couple ;

- le faux-moignon transvissé en or, réalisé au laboratoire ; à partir de l'empreinte de la tête de la fixture, le prothésiste confectionne sur un maître modèle un pilier personnalisé ;

- le pilier Procera : le système Procera réside dans la conception et la fabrication assistées par ordinateur de chapes en oxyde d'alumine frittée ou d'éléments en titane destinés aux constructions implantaires. À partir d'une empreinte de la tête de fixture, le prothésiste confectionne sur un maître modèle un pilier personnalisé. Ce modèle est enregistré à l'aide d'un scanner rotatif qui est muni d'une sonde d'enregistrement dont la tête de lecture est équipée d'un saphir. La lecture de la préparation s'effectue grâce à la rotation du modèle posé sur une table tournante. De 20 000 à 30 000 données informatiques sont nécessaires pour un enregistrement complet (Samama et Ollier, 1999). Ces données sont transférées vers un ordinateur distant et servent alors à préparer un pilier en titane qui, avec sa vis en or, est essayé en bouche. Dans ce cas, une clé en résine permet de repérer la position exacte de mise en place du pilier par rapport à l'hexagone externe de la fixture. En fonction du diamètre de celle-ci (RP ou WP), la vis du pilier est serrée à 32 ou à 45 Ncm. Après l'essayage du pilier, le maître modèle est renvoyé au laboratoire de prothèse afin que la dent définitive soit préparée directement sur le pilier. Une couronne céramo-métallique ou une couronne avec chape Procera pourra être scellée par-dessus.

Toutes les couronnes unitaires, dans notre étude, ont été scellées avec un ciment définitif (zinc-phosphate). Les principes d'occlusion conventionnels ont été adoptés, avec une « protection canine » pendant les mouvements latéraux. Autant que possible, les couronnes sont réalisées en minimisant les contacts occlusaux en occlusion centrée et en latéralité. Pour les canines maxillaires, la couronne est intégrée dans une fonction de groupe.

Évaluation des résultats thérapeutiques

Seuls des critères cliniques sont utilisés. Les paramètres cliniques suivants sont enregistrés :

- l'indice de plaque : il est enregistré suivant l'indice de Silness et Löe (1964). La présence de la plaque supragingivale sur les surfaces mésiale, distale, vestibulaire, linguale et palatine est mesurée avec des indices allant de 0 à 3 (0 : pas de plaque ; 1 : la plaque est non visible à l'œil nu mais présente à la sonde ; 2 : la plaque est présente, modérée ; 3 : présence importante de plaque) ;

- l'indice de saignement : si le saignement apparaît au bout de 30 secondes après un sondage doux (Mühleman et Son, 1971), il est qualifié de faible, modéré ou sévère. Cet indice et le précédent ont été notés pour l'implant et pour une dent naturelle de la même arcade mais située dans un secteur opposé ;

- la mobilité : le test de la mobilité se fait avec 2 instruments (0 : aucune mobilité ; 1 : mobilité inférieure à 1 mm dans le sens horizontal ; 2 : mobilité supérieure à 1 mm ; 3 : mobilité horizontale et verticale) ;

- les complications : il peut s'agir d'une inflammation, d'abcès, de fistules ou d'un descellement des couronnes ;

- la classification de Lekholm et Zarb :

• type 1, os cortical prédominant, os très compact ;

• type 2, couche épaisse d'os compact entourant un os trabéculaire ;

• type 3, couche corticale fine périphérique à noyau spongieux de moyenne densité ;

• type 4, couche corticale fine périphérique à noyau spongieux de faible densité, os trabéculaire très peu dense ;

- la perte osseuse : des clichés rétro-alvéolaires sont pris à l'aide d'angulateurs de Rinn, le jour de la pose de l'implant, lors de la mise en place du pilier prothétique, au stade de la couronne définitive et 1 an après la pose de cette dernière. La mesure de l'alvéolyse, exprimée en nombre de spires exposées par rapport à la crête alvéolaire, est effectuée par un opérateur différent sur ces radiographies rétro-alvéolaires (Pourdieu et Renouard, 2002).

Classification des cas à la fin de la période d'observation

Les critères utilisés pour déterminer le succès des implants ont été décrits par Schmitt et Zarb (1989) :

- l'immobilité de l'implant lorsqu'il est testé cliniquement ;

- l'absence de perte osseuse péri-implantaire ;

- la perte osseuse verticale inférieure, en moyenne, à 0,2 mm annuellement après la première année de fonction ;

- l'absence de douleur, de gêne, d'infection.

Le nombre d'implants perdus et de descellements des prothèses a permis de répartir les patients en trois groupes :

- bien maintenu (BM) : aucun implant extrait, aucune mobilité ;

- moyennement maintenu (MM) : aucune perte de l'implant, perte du pilier prothétique, prothèse facturée, prothèse fréquemment descellée ;

- échec (E) : perte de l'implant.

Méthodes statistiques

Les variables quantitatives ont été décrites par leur moyenne, leur écart type ainsi que par la valeur médiane et la distance interquartile. Les variables qualitatives l'ont été par le nombre et la fréquence dans chaque catégorie. Les cinétiques d'échec ont été étudiées par analyse actuarielle.

Résultats

Implants et répartition

Le type, la longueur et le diamètre des implants figurent dans le tableau 2 . Le tableau 3 montre la distribution des implants selon leurs longueur, diamètre et position.

Les piliers, les indices de plaque et de saignement, la classification de Lekholm et Zarb ainsi que la perte osseuse (nombre de spires) sont représentés dans les tableaux 4, 5, 6, 7 et 8 .

Complications et mobilité

La complication la plus fréquente était la perte du pilier prothétique et le dévissage. Aucun abcès ni fistule n'ont été notés.

Les implants intégrés ne présentaient aucune mobilité.

Maintenance parodontale et implantaire

Les résultats montrent que les 58 patients traités et suivis régulièrement pendant des périodes variant de 1 à 20 ans, avec une moyenne de 8 ans, ont laissé s'écouler 5 mois entre 2 séances de maintenance parodontale (extrêmes : 3 et 8 mois). En ce qui concerne la maintenance implantaire, le délai variait de 1 an après la pose de la couronne à 11 ans, avec une moyenne de 3,38 ans.

Classification des cas, taux de survie

Selon les critères décrits dans la section « Matériels et méthodes », 53 implants étaient bien maintenus et 3 l'étaient moyennement bien. Quatre implants ont été perdus. Le taux d'échec est de 6,7 %, le taux de survie cumulatif de 82,8 % (fig. 1 et tableau 9).

Analyse des échecs

Un implant (RP) a été perdu à la sixième année de mise en fonction : il y a eu une fracture de la tête de l'implant. Le deuxième implant (WP) l'a été au bout de 2 ans chez un patient présentant tous les facteurs de risque : tabac, bruxisme, mauvaise hygiène et maladie parodontale sévère (parodontite agressive). Le troisième implant (RP) a été perdu également au bout de 2 ans, chez un patient présentant un bruxisme. Quant au quatrième implant (WP), il l'a été au bout de 1 an, chez une patiente fumeuse et présentant un bruxisme, avec des facettes d'abrasion multiples. Dans 3 de ces échecs, il s'agissait d'implants remplaçant des molaires. Deux implants sur quatre avaient un diamètre de 5 mm et une longueur de 10 mm. Les 2 autres avaient un diamètre de 3,75 mm et une longueur de 13 mm. Dans les 3 cas MM, les piliers et les couronnes se sont descellés au bout de 2, 6 et 8 ans. Pour ces cas, il a été nécessaire de changer les piliers prothétiques et de refaire les couronnes.

Discussion

Classification des cas

Cette étude rétrospective aussi bien que les études du groupe de Gothenborg (Jemt et Lekholm, 1993 ; Jemt et Pettersson 1993) et celles d'autres centres (van Steenberghe et al., 1990 ; Henry et al., 1996) (tableau 10) montrent des résultats favorables (fig. 2, 3, 4, 5 et 6). Les taux de survie sont de 98,5 et 97,2 % au bout de 3 ans (Jemt et Pettersson, 1993 ; Laney et al., 1994) et 96,6 % au bout de 5 ans (Henry et al., 1996). Creugers et al. (2000), récapitulant un certain nombre d'études, montrent un taux de survie de 94,7 à 100 %. Le taux cumulatif de survie de notre étude, au bout de 5 ans, est de 91,6 % ; il est supérieur à celui d'une étude récente (Naert et al., 2002), qui est de 91,2 % pour une période de 5 ans. Toutefois, il reste inférieur aux taux de survie des autres études. Cette différence est due à la localisation du site d'implantation. La majorité des implants dans la plupart des études étaient placés dans la région antérieure maxillaire : 74,5 % (Scholander, 1999), 71 % (Malevez et al., 1996) contre 42 % pour notre étude. Très peu d'implants ont été posés dans les sites molaires : 2 % pour les études précédentes contre 58 % pour notre étude (fig. 7, 8 et 9). Cette répartition se retrouve dans les études d'Ekfeldt et al. (1994), d'Engquist et al. (1995), de Henry et al. (1996) et d'Avivi-Arber et Zarb (1996). La région antérieure maxillaire est une zone favorable avec peu de charge occlusale (Schmitt et Zarb, 1993).

Trois implants perdus sur quatre remplaçaient des molaires mandibulaires. Pour 1 implant, il y a eu une fracture de la tête de l'implant. Pour ces 3 échecs, les patients réunissaient tous les facteurs de risques : bruxisme, tabac, maladie parodontale sévère. Le taux d'échec implantaire chez les fumeurs est de 25 %.

Les implants situés dans les zones molaires sont soumis à des forces occlusales excessives qui peuvent contribuer à des éventuelles fatigues de l'implant (Renouard et Rangert, 1999). Les parafonctions peuvent être un facteur de risque en relation avec la fracture de l'implant.

L'étude rétrospective de Becker et Becker (1995), portant sur 22 paients et 24 implants remplaçant des molaires unitaires, montre un taux de survie, à 2 ans, de 95,7 %, en accord avec notre étude (95,4 %, tableau 10 ). Ce taux de succès est identique à celui des implants antérieurs. Mais ces résultats très favorables s'expliquent par le fait que tous les patients présentant un bruxisme ont été exclus de l'étude et que la durée d'observation a été de 2 ans. Lorsqu'ils ont été testés cliniquement, tous les implants présentaient une mobilité inexistante avec tous les critères de succès : absence de douleur, d'infection, perte osseuse limitée, évaluée radiographiquement. Tous les implants étaient entourés par des tissus sains et stables qui reflètent une hygiène correcte et un schéma prothétique adéquat (fig. 10 et 11). Les résultats indiquent que les indices parodontaux et les indices de saignement au niveau des implants sont comparables à ceux des dents naturelles. Ceci est en accord avec d'autres études (Jemt et al., 1990a et 1990b ; Eckert et al., 2001) où l'examen gingival ne montre aucune différence significative entre les sites dentaires et implantaires. L'indice de saignement reste relativement constant à la fois pour les dents naturelles et les implants. Toutefois, les indices de plaque et de saignement sont très légèrement supérieurs au niveau de la dent naturelle qu'à celui de l'implant, en accord avec Andersson et al. (1995). Ces résultats favorables s'expliquent par le fait que, d'une part, les patients ont eu un traitement parodontal initial (84 % des patients présentaient une maladie parodontale traitée et stabilisée) et, d'autre part, le protocole de maintenance a été rigoureusement respecté (Feghali et Jaoui, 1996). À la fin du traitement parodontal et implantaire, les 58 patients ont été suivis pendant des périodes variant de 1 à 20 ans, avec une moyenne de 8 ans et un rythme de séances de maintenance de 5 mois (Jaoui, 1995). Le traitement parodontal a eu comme objectif de stopper l'évolution de la maladie parodontale, d'arrêter le processus infectieux et d'intégrer le traitement implantaire dans un environnement sain.

Complications

Il n'y a eu ni mobilités, ni fistules. Les principales complications étaient prothétiques avec des dévissages des piliers prothétiques et des fractures de couronnes.

Perte osseuse

La majorité des implants présente une résorption de l'os marginal bien qu'une absence de perte osseuse ait été observée dans quelques cas. La mesure de l'alvéolyse exprimée en nombre de spires exposées par rapport à la crête alvéolaire a été faite sur les 56 implants maintenus : 13 spires ont été perdues, soit une moyenne de 0,393 spire pour une période moyenne de 3,38 années. Cette perte osseuse, de 0,23 mm, est minime (fig. 12 et 13). Elle est comparable aux observations faites dans d'autres études (Adell et al., 1981 ; Schmitt et Zarb, 1993 ; Lekholm et al., 1994 ; Jemt et Pettersson, 1993 ; Scheller et al., 1998), sur des édentés partiels (Quirynen et al., 1992 ; Lekholm et al., 1999) et sur des édentés totaux (Adell et al., 1990). L'étude de Malevez et al. (1996) montre une perte osseuse de 0,2 mm pendant la première année et de 0,1 mm les années suivantes. Pour Engquist et al. (1995), la perte osseuse est plus importante : 0,6 mm. Dans l'étude de Scholander (1999), la perte osseuse marginale reste très faible et identique à celle rapportée dans les études sur 5 ans (Henry et al., 1996 ; Scheller et al., 1998 ; Esposito et al., 1993). Ce taux d'environ 0,2 mm fait partie des critères de succès. Deux facteurs peuvent expliquer cette perte osseuse minime. Le premier est qu'il n'y a eu aucune implantation immédiate. Le délai minimal, après extraction, était de 6 à 8 semaines (n = 10) et la majorité des implants ont été posés dans un délai supérieur à 3 mois (n = 50). Après extraction, la résorption la plus importante est intervenue dans les 3 mois : environ 80 % de la perte osseuse à 2 ans postopératoires est déjà présente dès le troisième mois. Cette résorption est une constante (Ouhayoun, 1992). Ce délai plus long permet un déroulement normal du processus de réparation osseuse de l'alvéole. Le second facteur était la qualité osseuse. La majorité des implants (83 %) ont été placés dans un os de type 2. Aucun implant n'a été posé dans un os de type 4. Les interprétations de la perte osseuse doivent être faites avec prudence. La méthode est subjective et n'utilise pas de moyens radiographiques précis. Huit spires (62 %) sur des implants WP et 5 spires (38 %) sur des implants RP ont été exposées. Plusieurs auteurs rapportent des complications spécifiques à l'utilisation de ces implants de 5 mm de diamètre : le taux d'échec paraît plus important et des résorptions osseuses péri-implantaires sont observées pendant la phase de cicatrisation (Renouard et al., 1998). Dans cette étude, 24 % des implants présentent une perte osseuse intéressant au moins 2 spires au moment du deuxième temps opératoire. En 1999, Ivanoff et al. rapportent un taux d'échec de 18 % avec les implants de large diamètre comparé à 5 % avec les implants de 3,75 mm de diamètre et de 3 % avec les implants de 4 mm de diamètre. Eckert et al. (2001) publient un taux d'échec de 24 % avec des implants larges sans trouver de corrélation avec la densité osseuse, le volume osseux ou une pathologie systémique.

Prothèse

La prothèse unitaire sur implant de Brånemark a évolué de façon très importante au cours des 10 dernières années, sur les plans fonctionnel et esthétique, grâce aux différents piliers adaptables CeraOne, TiAdapt, Procera (fig. 14, 15, 16 et 17). Dans les premières études publiées (Jemt, 1986 ; Laney et al., 1994 ; Scheller et al., 1998), les complications prothétiques étaient fréquentes et concernaient la perte du pilier ou le dévissage de ses vis. Cette perte de pilier n'affectait pas l'ostéo-intégration de l'implant. Des modifications ont été apportées aux composants prothétiques. La fréquence des pertes a été réduite avec l'introduction des vis en or et des piliers CeraOne (Nobel Biocare®) et l'utilisation d'instruments dynamométriques. Le fait de visser à 32 Ncm évitait le desserrage dans le temps (Henry et al., 1996 ; Andersson et al., 1998a et 1998b). Dans l'étude présente, 29 piliers CeraOne ont été utilisés et aucun d'eux n'a subi de dévissage. Toutes les couronnes ont été scellées sur les piliers. Dans les 3 cas MM, 2 des piliers ont été réalisés au laboratoire, le troisième était un pilier TiAdapt. Les prolèmes de dévissage sont apparus au bout de quelques années de mise en fonction (2, 6, 8 ans). Creugers et al. (2000), dans une revue de la littérature médicale sur les études cliniques de restauration sur des implants unitaires, ont mélangé les résultats des études comprises entre 1990 et 1998. Ceux-ci montrent que les complications prothétiques sont fréquentes. La majorité des échecs sont associés à la suprastructure (Breeding et al., 1993 ; Sharifi et al., 1994).

Dans notre étude, il y a eu une fracture de la tête de l'implant perdu à la sixième année de mise en fonction (fig. 18, 19, 20 et 21). Les causes probables étaient le bruxisme et le mauvais choix du pilier. Le pilier transvissé élaboré au laboratoire était volumineux et la distance mésio-distale 3 fois supérieure à la tête de l'implant. La table occlusale n'avait pas été réduite pour diminuer l'effet cantilever de la largeur vestibulo-linguale de la couronne. La majorité des échecs implantaires survenant après la pose de la prothèse ont généralement une origine biomécanique (Renouard et Rangert, 1999). La surcharge du complexe prothèse-implant peut aboutir à la fracture de ce dernier.

Conclusion

Cette étude confirme les résultats favorables des implants unitaires. Après des périodes de mise en fonction de 1 à 11 ans (moyenne de 3,38 ans), le taux d'échec est de 6,7 %. Peu de complications, uniquement mécaniques et d'altération tissulaire, ont été notées. Cependant, ces données doivent être confirmées par des examens à long terme et pendant des périodes d'observation plus longue

Remerciements

Les auteurs veulent remercier les professeurs Jean-Pierre Ouhayoun, Philippe Bouchard, ainsi qu'Éric Vicault (statisticien). Cette étude a été soutenue pour l'obtention du diplôme universitaire approfondi en parodontie et en implantologie.

Demande de tirés à part

Linda JAOUI : 52, avenue de la Bourdonnais - 75007 PARIS - FRANCE.

BIBLIOGRAPHIE

  • Adell R, Lekholm U, Rockler B, Brånemark PI. A 15-year study of osseointegrated implants in the treatment of edentulous jaw. Int J Oral Surg 1981;10:387-416.
  • Adell R, Erikson B, Lekholm U, Brånemark PI, Jemt T. A long-term follow-up study of osseointegrated implants in the treatment of the totally edentulous jaw. Int J Oral Maxillofac Implants 1990;5:347-359.
  • Albrektsson T, Dahl E, Enbom L, Engevall S, Engquist B, Eriksson A et al. Osseointegrated oral implants. A Swedish multicenter study of 8 139 consecutively inserted Nobelpharma implants. J Periodontol 1988;59:287-296.
  • Andersson B, Ödman P, Carlsson L, Brånemark PI. A new Brånemark single-tooth abutment : handling and early clinical experiences. Int J Oral Maxillofac Implants 1992;7:105-111.
  • Andersson B, Ödman P, Lindvall AM, Lithner B. Single-tooth restorations by osseointegrated implants : results and experiences from a prospective study after 2-3 years. Int J Oral Maxillofac Implants 1995;10:702-711.
  • Andersson B, Ödman P, Lindvall AM, Brånemark PI et al. Cemented single crowns on osseointegrated implants after 5 years. Results from a prospective study on CeraOne. Int J Prosthodont 1998a;11:212-218.
  • Andersson B, Ödman P, Lindvall AM, Brånemark PI. Five-year prospective study of prosthodontic and surgical single-tooth implant treatment in general practices and at a specialist clinic. Int J Prosthodont 1998b;11:351-355.
  • Avivi-Arber L, Zarb G. Clinical effectiveness of implant supported single-tooth replacement : the Toronto study. Int J Oral Maxillofac Implants 1996;11:311-321.
  • Becker W, Becker BE. Replacement of maxillary and mandibular molars with single endosseous implant restorations : a retrospective study. J Prosthet Dent 1995;74:51-55.
  • Brånemark PI, Zarb G, Albrektsson T. Tissue-integrated prostheses. Osseointegration in clinical dentistry. Chicago : Quintessence Publ. Co, 1985.
  • Breeding LC, Dixon DL, Nelson EW et al. Torque required to loosen single-tooth implant abutment screws before and after simulated function. Int J Prosthodont 1993;6:435-439.
  • Creugers NHJ, Kreulen CM, Snoek PA, de Kanter RJAM et al. A systematic review of single-tooth restorations supported by implants. J Dent 2000;28:209-217.
  • Eckert SE, Meraw SJ, Weaver AL, Lohse CM. Early experience with wide-platform MK II implants. Part I. Implant survival. Part II. Evaluation of risks factors involving implant survival. Int J Oral Maxillofac Implants 2001;16:208-216.
  • Ekfeldt A, Carlsson GE, Börjesson G. Clinical evaluation of single-tooth restorations supported by osseointegrated implants : a retrospective study. Int J Oral Maxillofac Implants 1994;9:179-183.
  • Engquist B, Nilson H, Astrand P. Single-tooth replacement by osseointegrated Brånemark implants. A restrospective study of 82 implants. Clin Oral Implants Res 1995;6:238-245.
  • Esposito M, Ekestubbe A, Gröndahl K. Radiological evaluation of marginal bone loss at tooth surfaces facing single Brånemark implants. Clin Oral Implants Res 1993;4:151-157.
  • Feghali M, Jaoui L. Protocoles de maintenance en implantologie. Rev Odont Stomatol 1996;25:461-469.
  • Haas R, Mensdorff-Pouilly N, Mailath G, Watzek GB. Brånemark single tooth implants : a preliminary report of 76 implants. J Prosthet Dent 1995;73:274-279.
  • Henry P, Laney W, Jemt T, Krogh P, Polizzi G, Zarb G, Herrmann I. Osseointegrated implants for single-tooth replacement : a prospective 5-year multicenter study. Int J Oral Maxillofac Implants 1996;11:450-455.
  • Ivanoff CJ, Gröndahl K, Sennerby L, Bergström C, Lekholm U. Influence of variations in implant diameters : a 3 to 5-year retrospective clinical report. Int J Oral Maxillofac Implants 1999;14:173-180.
  • Jaoui L. Évaluation à long terme des thérapeutiques parodontales. Étude rétrospective. Thèse pour le diplôme de doctorat. Paris : Université Paris-VII, 1995.
  • Jemt T. Modified single and short-span restorations supported by osseointegrated fixtures in the partially edentulous jaw. J Prosthet Dent 1986;55:243-247.
  • Jemt T, Lekholm U, Adell R. Osseointegrated implants in the treatment of partially edentulous patients. A preliminary study on 876 consecutively placed fixtures. Int J Oral Maxillofac Implants 1989;4:211-217.
  • Jemt T, Lekhlom U, Gröndahl K. Single implant restorations ad modum Brånemark. A 3-year follow-up study of the development group. Int J Periodont Rest Dent 1990a;5:341-349.
  • Jemt T, Lekholm U, Gröndahl K. Étude longitudinale sur 3 ans des premières restaurations unitaires sur implants de Brånemark. Rev Int Parodont Dent Rest 1990b;10:341-349.
  • Jemt T, Laney WR, Harris D, Henry PJ, Krogh P, Polizzi G et al. Osseintegrated implants for single-tooth replacement : a 1-year report from a multicenter prospective study. Int J Oral Maxillofac Implants 1991;6:29-36.
  • Jemt T, Lekholm U. Oral implant treatment in posterior partially edentulous jaws : a 5-year follow-up report. Int J Oral Maxillofac Implants 1993;8:635-640.
  • Jemt T, Pettersson P. A 3-year follow-up study on single-tooth implant treatment. J Dent 1993;21:203-208.
  • Laney WR, Jemt T, Harris D, Henry PJ, Krogh P, Polizzi G et al. Osseointegrated implants for single-tooth replacement : progress report from a muticenter prospective study after 3 years. Int J Oral Maxillofac Implants 1994;9:49-54.
  • Lekholm U, Jemt T. Principles for single tooth replacement. In : Albrektsson T, Zarb, eds. The Brånemark osseointegrated implant. Chicago : Quintessence Publ. Co, 1985 : 117-126.
  • Lekholm U, van Steenberghe D, Herrmann I, Bolender C, Folmer T, Gunne J et al. Osseointegrated implants in the treatment of partially edentulous jaws : a prospective 5-year multicenter study. Int J Oral Maxillofac Implants 1994;9:627-635.
  • Lekholm U, Gunne J, Henry, Higuchi K, Lindén U, Bergström C et al. Survival of the Brånemark implant in partially edentulous jaws : a 10-year prospective multicenter study. Int J Oral Maxillofac Implants 1999;14:639-645.
  • Lekholm U, Zarb A. Patient selection and preparation in tissue-integrated prostheses. Osseointegration in clinical dentistry. In : Albrektsson T, Zarb G, eds. The Brånemark osseointegrated implant. Chicago : Quintessence Publ. Co, 1985 : 199-209.
  • Malevez C, Hermans M, Daelemans P. Marginal bones levels at Brånemark system implants used for single-tooth restoration. The influence of implant design and anatomical region. Clin Oral Implanto Res 1996;7:162-169.
  • Mühleman HR, Son S. Gingival sulcus bleeding : a leading symptom in initial gingivitis. Helv Odontol Acta 1971;15:107-113.
  • Naert I, Koutsikakis G, Duyck J, Quirynen M, Jacobs R, Van Steenberghe D. Biologic outcome of implant-supported restorations in the treatment of partial edentulism Clin Oral Implanto Res 2002;13:381-389.
  • Ouhayoun JP. Extractions et implants. Inf Dent 1992;8:571-579.
  • Pourdieu M, Renouard F. Analyse de la perte osseuse autour des implants de large diamètre : technique chirurgicale en un temps. Rev Odont Stomatol 2002;31:45-54.
  • Quirynen M, Naert I, van Steenberghe D, Dekeyser C, Callens A. Periodontal aspects of osseointegrated fixtures supporting a partial bridge. An up to 6-year retrospective study. J Clin Periodontol 1992;19:118-126.
  • Renouard F, Robert P, Godard L, Fiévet C. Facteurs de risque en chirurgie implantaire : implants de large diamètre, régénération osseuse guidée et tabac. J Parodontol Implant Orale 1998;17:299-314.
  • Renouard F, Rangert B. Facteurs de risque et traitements implantaires. Évaluation clinique et approche rationnelle. Paris : Quintessence International, 1999.
  • Samama Y, Ollier J. Une nouvelle approche dans l'élaboration des céramo-céramiques : le système Procera. Inf Dent 1999;81:166-171.
  • Scheller H, Urgell P, Kultje C, Klineberg I, Goldberg P, Stevenson-Moore P et al. A 5-year multicenter study on implant-supported single crown restorations. Int J Oral Maxillofac Implants 1998;13:212-218.
  • Schmitt D, Zarb GA. Criteria for success of osseointegrated endosseous implants. J Prosthet Dent 1989;62:567-572.
  • Schmitt A, Zarb GA. The longitudinal clinical effectiveness of osseointegrated dental implants for single-tooth replacement. Int J Prosthodont 1993;6:197-202.
  • Scholander S. A retrospective evaluation of 259 single-tooth replacements by the use of Brånemark implants. Int J Prosthodont 1999;12:483-491.
  • Sharifi MJ, Pang LC, Chai J. Alternative restorative techniques of the CeraOne single-tooth implant abutment : a technical note. Int J Oral Maxillofac Implants 1994;9:235-238.
  • Silness J, Löe H. Periodontal disease in pregnancy. II. Correlation with oral hygiene and periodontal condition. Acta Odont Scand 1964;22:121-135.
  • van Steenberghe D, Sullivan D, Liström R, Balshi T, Henry PJ, Worthington P et al. A restrospective multicenter evaluation of the survival rate of osseointegrated fixtures supporting fixed partial prostheses in the treatment of partial edentulism. J Prosthet Dent 1989;61:217-223.
  • van Steenberghe D, Lekolm U, Bolender C, Folmer T, Henry PJ, Herrmann I et al. The applicability of osseointegrated implants in the rehabilitation of partial edentulism : a prospective multicenter study on 558 fixtures. Int J Oral Maxillofac Implants 1990;5:272-281.
  • Wannfors K, Smedberg JI. A prospective clinical evaluation of different single-tooth restoration designs on osseointegrated implants : a 3-year follow-up of Brånemark implants. Clin Oral Implants Res 1999;10:423-458.
  • Zarb GA, Schmitt A. The longitudinal clinical effectiveness of osseointegrated implants : the Toronto study. Part I. Surgical results. J Prosthet Dent 1990;63:451-457.