Les centres de santé dentaires inquiets pour leur avenir
 
Ancien centre Dentexia de Châlon

L'entrée de l'ancien centre Dentexia de Châlon.

14/10/2016

Les centres de santé dentaires inquiets pour leur avenir

L'après Dentexia

Comment élargir la place des centres de santé dans le système de soins sans pour autant laisser la porte ouverte à toutes les dérives ? C’est la question que se posent les autorités de tutelles alors qu’une ordonnance prévue par la dernière loi de santé (article 204) doit redéfinir les centres de santé.

Car l’affaire des centres Dentexia est passée par là. Et le rapport de l’Igas qui doit faire des propositions pour mettre un terme aux dérives apportera sa contribution à cette ordonnance. « Plus personne n’a envie que cela se reproduise » a affirmé Martine Dame, nouvelle présidente du Syndicat national des chirurgiens-dentistes des centres de santé (SNCDCS), au cours de la table ronde dentaire du 56e congrès des Centres de Santé le 5 octobre à Paris. Et surtout pas les centres dentaires qui se sont souvent sentis assimilés à ces structures associatives « déviantes ».
Mais les centres dentaires sont aussi préoccupés par leur santé financière. « Génétiquement, nous avons contraint nos dépassements d’honoraires », explique Martine Dame. L’accord national signé l’an dernier avec l’Assurance maladie a donné un nouveau tour de vis aux ressources des centres. Cet accord prévoit une modération des honoraires des prothèses et des tarifs non opposables en contrepartie d’une faible progression des tarifs des soins conservateurs (5%, puis 5,5% et 6%). Si jusqu’à présent les mairies ou associations « arrangeant tout le monde », renflouaient leurs centres, aujourd’hui « elles ont du mal à abonder ». Dans ces conditions, « comment finance-t-on les soins avec un plateau technique aux normes », interroge Martine Dame ? Autant dire que les centres de santé suivent de près les négociations sur les revalorisations tarifaires avec les libéraux.
Les centres dentaires s’inquiètent aussi des idées de la Cour des Comptes, en particulier lorsque ses magistrats veulent confier aux complémentaires la partie non opposable de l’activité dentaire. C’est « un danger énorme », estime Fabien Cohen, secrétaire général du SNCDCS. « Il y a une telle diversité de situations liées aux types d’assurance que nous ne saurons plus comment soigner nos patients si ce n’est au coup par coup et en fonction de leur porte-monnaie ! » Le danger est aussi de « supprimer l’universalité du traitement dans une discipline médicale. »
Autre crainte avec ce clivage, celle de « pousser les gens vers les réseaux de soins », s’alarme Martine Dame. « Un risque majeur », renchérit Edmée Bert, référent bucco-dentaire à l’ARS d’Ile-de-France, « parce qu’avec les réseaux de soins, l’assuré n’a plus le libre choix de son praticien, sauf à assumer seul la prise en charge. » Le risque est aussi « l’immixtion des gestionnaires dans la pratique médicale – qui est totalement interdite » et dont les conséquences sont soit un travail de qualité « médiocre » à cause d’une suractivité imposée par le gestionnaire, soit une activité orientée vers les actes « rentables », s’alarme Edmée Bert.
Les perspectives qui s’ouvrent avec l’inscription des assistantes dentaires au Code la santé sont en revanche un sujet de satisfaction pour les centres dentaires qui espèrent ainsi pouvoir bénéficier des avantages offerts par les nouveaux modes de rémunération en faveur des « équipes de soins ».

Anne-Chantal de Divonne


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