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Youssef RAHALI * Jaafar MOUHYI ** Anne-France BAUDSON *** Michel BRECX ****
*Service de stomatologie et chirurgie maxillo-faciale,
CHU Saint-Pierre,
Université Libre de Bruxelles, Belgique.
Faculté de médecine,
Departement parodontologie,
Université Libre de Bruxelles, Belgique.
**Service de stomatologie et chirurgie maxillo-faciale,
CHU Saint-Pierre,
Université Libre de Bruxelles, Belgique.
***Service de stomatologie et chirurgie maxillo-faciale,
CHU Saint-Pierre,
Université Libre de Bruxelles, Belgique.
Faculté de médecine,
Departement parodontologie,
Université Libre de Bruxelles, Belgique.
****Faculté de médecine,
Departement parodontologie,
Université Libre de Bruxelles, Belgique.
La première parodontite juvénile a été mentionnée par Gottlieb en 1923 sous le nom d'atrophie diffuse de l'os alvéolaire. Depuis, la terminologie a évolué vers une classification plus précise de cette forme de parodontite précoce qui atteint principalement les adolescents et les jeunes adultes, surtout de sexe féminin, entre 11 et 30 ans. Les lésions osseuses caractéristiques, le peu d'inflammation apparente des tissus mous, les migrations dentaires, la faible présence de biofilm dentaire et de tartre ainsi que la spécificité de sa flore sous-gingivale et sa virulence en sont les principaux signes pathognomoniques. Les explications déjà répertoriées de l'origine possible de ces parodontites sont un défaut de la chimiotaxie des polymorphonucléaires neutrophiles, l'hérédité et la race. Cette revue de littérature s'est par ailleurs intéressée aux différents traitements proposés, à leur impact statistique et au devenir des patients qui en ont bénéficié.
Juvenile periodontitis was first described by Gottlieb in 1923 as a « diffuse atrophy of the alveolar bone ». Since then, the terminology has evolved and we have a more precise classification of this type of early onset periodontitis which affects mainly adolescents and young adults aged from 11 to 30 years, especially females. The principle pathognomic signs of the disease are, the typical bone lesions, lack of obvious soft tissue inflammation, tooth migration, low levels of dental biofilm accumulation, as well as a specific, pathogenic subgingival flora. Possible explanations for the origin of juvenile periodontitis include, defective chemotaxis of the PMNs, heredity and race. This review of literature analyses different treatment modalities and provides a statistical assessment of their benefits, together with the predictive outcome of these therapies.
La première parodontite juvénile localisée (PJL) a été mentionnée par Gottlieb en 1923 sous le nom d'atrophie diffuse de l'os alvéolaire (Lindhe, 1998). Depuis, la terminologie a évolué vers une classification plus précise. Lors du premier symposium européen de parodontologie, une nouvelle classification des maladies parodontales avait été proposée : la parodontite précoce, la parodontite de l'adulte et la parodontite nécrotique (Attström et Van der Velden, 1993). La parodontite juvénile localisée y était définie comme une forme de parodontite précoce. De même, durant le symposium sur la parodontite à début précoce sponsorisé par l'Institut national pour la recherche dentaire (à San Antonio, en 1995), les auteurs avaient également conclu qu'il n'y avait pas de différence étiologique évidente entre la parodontite juvénile généralisée (PJG) et la parodontite à progression rapide (PPR), que ces deux maladies étaient combinées dans la classification de PJG et qu'il fallait donc les distinguer de la PJL qui est à elle seule une maladie à part entière (Novak et Novak, 1996). La PJL est définie par des lésions affectant les premières molaires définitives au niveau de la face mésiale et les incisives avec une perte d'attache de 4 mm et plus (Baer, 1971). Les lésions peuvent s'étendre également à deux autres dents (Joncla et Suzuki, 1994). La particularité de cette parodontite est qu'elle fait son apparition chez de jeunes adultes en bonne santé générale, à partir de la puberté, vers 11 à 15 ans, et jusqu'à 25 ou 30 ans (Novak et Novak, 1996 ; Lindhe, 1998).
Des différences épidémiologiques manifestes entre différents groupes de populations et entre les deux sexes ont été mises en évidence par plusieurs auteurs (Beck, 1990 ; Horning et al., 1990 ; Cogen et al., 1992). Le tableau I reprend les fréquences globales et le rapport selon le sexe. Albandar et al. (1997a) ont cherché la fréquence globale de la PJL chez des adolescents américains selon la race. Ils ont conclu à une fréquence de 10 % pour les Afro-Américains, de 5 % pour les Hispaniques et de 1,3 % pour les Blancs américains.
Les patients atteints de PJL montrent une plaque supra-gingivale de faible abondance, fine et rarement calcifiée (Suzuki et Charon, 1989). Leur flore sous-gingivale est significativement différente de celle des sites sains ou de celle des patients atteints de parodontite chronique de l'adulte. Il existe une énorme disproportion entre l'atteinte des tissus superficiels et celle des tissus de soutien qui n'est décelable qu'à la radiographie ou bien par le sondage (Liljenberg et Lindhe, 1980). Par contre, Khlil et al. (1998) ont démontré que l'inflammation gingivale est associée à la parodontite précoce. De même, Albandar et al. (1998) ont remarqué une association significative entre l'inflammation gingivale, le tartre sous-gingival et le développement et la progression de la PJL. Les symptômes les plus courants sont une mobilité et une migration des incisives et des premières molaires. La PJL progresse de 4 à 5 mm/an, c'est-à-dire de 3 à 5 fois plus rapidement que dans le cas de parodontite de l'adulte (Waerhaug, 1977). Chez les personnes atteintes, la résorption osseuse s'accentue jusqu'à ce que la dent soit traitée, expulsée ou avulsée.
L'examen radiologique montre une perte verticale de l'os alvéolaire autour des premières molaires et incisives. Une lésion osseuse en forme d'arc s'étend de la face distale de la seconde prémolaire à la face mésiale de la seconde molaire (Amar et Tenenbaum, 1989). Moskow (1987) a rapporté que l'aspect radiographique au niveau des incisives mandibulaires présente une destruction des structures parodontales du support des incisives centrales atteignant pratiquement l'apex. En outre, elle est généralement symétrique, surtout au niveau des molaires, mais pas systématiquement.
Les Gram négatif et les anaérobies constituent la flore microbienne cultivable dominante de la PJL (Slots, 1976). Ils représentent approximativement 2/3 des isolats provenant des poches parodontales profondes (Newman et Socransky, 1977). Par contre, ces micro-organismes ne présentent en moyenne que le 1/3 des isolats provenant des sites de gencive saine. Ces bactéries à Gram négatif dominantes de la PJL comprennent des espèces de Capnocytophaga, Actinobacillus actinomycetemcomitans et des bâtonnets anaérobies mobiles, principalement Wolinella recta. Des espèces de Streptococcus, Actinomyces et Peptostreptococcus représentent la plus grande partie des isolats à Gram positif. Liljenberg et Lindhe (1980) ont examiné la flore des poches parodontales des patients souffrant de PJL et l'ont comparée à celle des patients atteints de parodontite de l'adulte. Alors que la flore de cette dernière comprend essentiellement des spirochètes, celle de la PJL est dominée par les coques et filaments droits. Gunsolley et al. (1990) ont trouvé que les patients atteints de parodontite juvénile localisée avaient une plus grande concentration d'A. actinomycetemcomitans dans leurs sites A. actinomycetemcomitans positifs. Albandar et al. (1997b) ont démontré que dans le groupe avec parodontite précoce, 5 micro-organismes - Porphyromonas gingivalis, Prevotella intermedia, Fusobacteriumnucleatum, Campylobacter rectus et Treponema denticola - existaient en quantité bien plus grande que dans le groupe qui ne présentait pas de parodontite. La présence d'A. actinomycetemcomitans n'est pas très importante dans les parodontites précoces même si elle s'observe en grande quantité dans les PJL. En revanche, Clerehugh et al. (1997) ont comparé, en utilisant le test ELISA, la fréquence globale et les teneurs en A. actinomycetemcomitans, en P. gingivalis et en P. intermedia de la plaque dentaire sous-gingivale provenant de sites avec ou sans parodontite précoce chez des adolescents ; ils concluaient que les adolescents avec une perte précoce d'attache conjonctive ont un plus grand nombre de P. gingivalis dans les sites malades que dans les sites de contrôle. En revanche, Asikainen (1986) a observé la présence d'A. actinomycetemcomitans en relation avec l'âge des patients atteints de PJL. Les sujets ont été répartis en 3 groupes (14-16 ans, 17-19 ans et 20-25 ans) et la moyenne du sondage des poches parodontales des sites avec résorption osseuse a été semblable. Asikainen a remarqué, d'une part, que les A. actinomycetemcomitans étaient isolés plus fréquemment dans le groupe le plus jeune qui montrait, par ailleurs, une destruction de l'os alvéolaire aussi importante que celle des autres groupes - ce groupe avait donc subi une attaque plus agressive durant une période plus courte -, et, d'autre part, que la quantité d'A. actinomycetemcomitans diminuait avec l'âge.
A. actinomycetemcomitans est un cocco-bacille à Gram négatif, capnophile, anaérobie facultatif non mobile et ayant un pouvoir d'invasion tissulaire (Sreenivasan et al., 1993). De nombreuses substances contribuent à son pouvoir pathogène. Il est enveloppé par une double membrane dont la plus externe est riche en endotoxines. Ces lipopolysaccharides (LPS) peuvent induire une réaction de Schwartzman (Kiley et Holt, 1980), une réaction de cytotoxicité vis-à-vis des macrophages, une réaction d'agrégation plaquettaire et une lyse osseuse en sécrétant des médiateurs d'inflammation tels que les prostaglandines, l'interleukine 1-β et les facteurs de nécrose tumorale. D'autre part, des LPS capsulaires d'A. actinomycetemcomitans favorisent son adhésion aux muqueuses. Ces bactéries produisent également des leucotoxines qui inhibent certains mécanismes de défense de l'hôte (Tsai et al., 1984). Elles inhibent la synthèse d'anticorps (Shenker et al., 1982), détruisent les polymorphonucléaires neutrophiles (PMN), les macrophages, les granulocytes et les monocytes (Baehni, 1983 ; Lally et al., 1996). Elles peuvent également inhiber la multiplication des cellules endothéliales et épithéliales (Taichkman et al., 1984 ; Kamen, 1983). Certains micro-organismes à Gram négatif trouvés dans les sites de PJL élaborent des facteurs non toxiques qui inhibent la chimiotaxie des PMN (Boughman et al., 1988). Plusieurs bactéries peuplant les poches parodontales élaborent de puissants activateurs polyclonaux des lymphocytes B contribuant à la pathogénie des maladies parodontales. Ils induisent la production d'anticorps possédant des déterminants sans relation avec l'agent activateur ainsi que la libération de lymphokines influant sur le chimiotactisme et les ostéoclastes (Lindhe, 1998), ceci amplifiant la nature agressive de cette maladie.
Des anomalies de fonction de ces cellules immunitaires peuvent prédisposer les patients à une destruction rapide du parodonte. Le rôle des PMN a souvent été invoqué dans la pathogénie des maladies parodontales agressives (Clark et Klebanoff, 1977 ; Van Dyck et al., 1990).
En effet, Suomalainen et al. (1996) ont conclu que lors d'une PJL, la concentration en lysosyme, lactoférine et myéloperoxydase avant le traitement parodontal est significativement très élevée tant dans la circulation sanguine périphérique que dans le liquide créviculaire. Durant le traitement parodontal, la quantité diminue jusqu'à s'approcher de celle observée dans un parodonte sain. Agarwal et Suzuki (1992) ont observé une altération des fonctions des PMN chez la quasi-totalité de ces patients. Boughman et al. (1988) ont montré que 86 % des patients ayant une PJL présentaient un défaut du chimiotactisme des PMN. Astemborski et al. (1989) ont rapporté que les patients qui présentent une PJL avec une altération de la chimiotaxie de PMN sont souvent très jeunes et séropositifs vis-à-vis d'A. actinomycetemcomitans, avec une prédominance du sexe féminin. Van Dyke et al. (1990), quant à eux, ont marqué les protéines de surface des PMN pour observer l'altération du chimiotactisme de ces cellules. Ils ont conclu qu'elle existe et qu'elle est due à une réduction des récepteurs GP110 et FMLP des PMN. Enfin, Novak et Novak (1996) ont remarqué que la PJL est le résultat d'une altération génétique qui entraîne une diminution de la réponse immunitaire, à savoir la fonction de PMN et les immunoglobulines vis-à-vis d'A. actinomycetemcomitans et de P. gingivalis. Suomalainen et al. (1991) ont prouvé que chez ces patients, la collagénase est produite par les fibroblastes, les cellules épithéliales et les macrophages. Par contre, celle trouvée dans le fluide gingival des patients atteints de parodontite de l'adulte est produite par les PMN. Le défaut de fonctionnement des PMN dans les PJL pourrait être dû à la flore bactérienne colonisant le parodonte qui entraînerait une augmentation de la production de collagénase par les cellules résiduelles.
De nombreux chercheurs ont étudié le rôle de l'immunité à médiation humorale et cellulaire chez les patients atteints de PJL (Sandholm, 1985 ; Hagewald, 1990). Ils ont signalé que les taux sériques d'IgG, d'IgM et d'IgA seraient significativement plus élevés chez ces patients que chez les témoins sains. Il semble que ces patients présentent des taux d'IgG élevés contre la leucotoxine d'A. actinomycetemcomitans (Ebersole et al., 1995). En effet, Califano et al. (1997) ont cherché la relation entre l'anticorps qui réagit avec la leucotoxine d'A. actinomycetemcomitans et la sévérité de la maladie parodontale. Ils confirment que c'est l'IgG et surtout la sous-classe IgG1 qui sont responsables. En revanche, Nakashima et al. (1997) ont estimé que les anticorps qui réagissent avec les antigènes dominants d'A. actinomycetemcomitans seraient des IgG dans lesquels 83 % seraient les sous-classes IgG2.
L'aspect familial dans la distribution de la PJL a été remarqué très tôt (Benjamin et al., 1967). Il est à l'origine de la théorie génétique de la PJL. Une transmission autosomale récessive a été proposée par Saxén (1980b) car aucun des parents des individus affectés n'était atteint. Par contre, Marazita et al. (1994) ont étudié l'aspect génétique de la maladie dans 100 familles de races blanche et noire dont 104 membres avec PJL. Ils ont confirmé l'existence, chez tous les membres de la famille atteints, d'un locus autosomal dominant pour les deux races. La théorie de la transmission autosomale est également soutenue (Boughman et al., 1986 ; Hart et al., 1992). Melnick et al. (1976) ont développé le concept d'une affection dominante liée au chromosome X ; en effet, la répartition par rapport au sexe des cas de PJL est à forte prépondérance féminine (79 % chez les femmes et 21 % chez les hommes). La transmission dominante ou récessive liée au chromosome X n'est pas encore déterminée et Boughman et al. (1988) l'ont expliquée par l'existence, dans les familles, d'une grande proportion de phénotypes encore inconnus. Des examens bactériologiques réalisés dans plusieurs familles, soit par culture soit par sonde ADN, mettent en évidence une analogie des flores pathogènes chez tous les membres d'une même famille. La similitude des profils bactériologiques peut être imputée à un phénomène de transmission ou de contamination. En effet, Meyer (1991) a comparé la similitude des profils bactériens entre les membres d'une même famille (conjoint, enfant, frère) pour A. actinomycetemcomitans, P. gingivalis et P. intermedia. Il a observé une analogie bactériologique pour ces trois germes au sein d'une même famille, et ce indépendamment de la forme clinique de la maladie parodontale de chaque sujet. De plus, l'épidémiologie et la transmission d'A. actinomycetemcomitans et de P. gingivalis ont été étudiées en 1993 par Petit et al., dans 4 familles ayant chacune 1 enfant positif à P. gingivalis. Les résultats ont indiqué qu'au moins un des parents était positif à P. gingivalis. L'analyse endonucléase restrictive de P. gingivalis et d'A. actinomycetemcomitans indique que ces germes ont été transmis par les parents à leurs enfants.
L'évolution de la PJL en l'absence de traitement peut se faire selon plusieurs schémas et dépendrait des taux d'anticorps anti-A. actinomycetemcomitans. Une rémission spontanée peut apparaître avant même que les signes cliniques se manifestent : soit la forme localisée continue à évoluer jusqu'à la chute des dents concernées, soit il y a arrêt spontané de la forme localisée, soit encore la PJL évolue vers une forme généralisée. Selon Page et Schroeder (1982), elle peut se transformer en une parodontite à progression rapide. Cette évolution s'accompagne d'une modification de l'écologie bactérienne avec disparition plus ou moins totale d'A. actinomycetemcomitans du fond des poches. Ce changement est probablement dû à la présence, dans le fluide gingival et la salive, d'un taux d'anticorps anti-A. actinomycetemcomitans suffisant pour contrecarrer sa croissance et sa multiplication, et permettant l'éclosion d'une flore différente (Sandholm, 1985 ; Rodenburg et al., 1990 ; van Winkelhoff, 1994 ; Asikainen et Chen, 1999).
Comme pour toutes les autres parondontites, le traitement initial des PJL commence par une motivation à l'hygiène, même si l'accumulation de plaque dentaire et de tartre est souvent peu importante, suivie d'un détartrage et d'un surfaçage radiculaire. Après quoi il se produit des modifications qualitatives et quantitatives de la plaque bactérienne entraînant le rétablissement d'une flore compatible avec la santé gingivale (Listgarten, 1984).
Dans la PJL, une pénétration tissulaire des bactéries, notamment d'A. actinomycetemcomitans, est observée. Ce germe, s'il n'était pas éradiqué par une antibiothérapie appropriée, coloniserait à nouveau la poche parodontale à partir des réservoirs parodontaux et serait à l'origine d'un échec thérapeutique même si le curetage-surfaçage a été soigneusement effectué. La prescription d'antibiotiques est donc un bon adjuvant au traitement initial classique (Baer et Socransky, 1979 ; Genco, 1981 ; Rams et al., 1992 ; Pavicic et al., 1994). Pour être efficace, un antibiotique doit atteindre le site d'infection et y être présent à des taux thérapeutiques (Huynh et Meyer, 1990).
Les tétracyclines paraissent satisfaire aux deux impératifs susmentionnés. Elles se concentrent préférentiellement dans le fluide créviculaire (Gordon et al., 1981) à des taux de 4 à 8 μg/ml, doubles ou triples de ceux observés au niveau sérique. Celles qui incluent différentes cyclines telles que la doxycycline et la minocycline ont un mode d'action bactériostatique par inhibition de la synthèse protéinique des bactéries. Elles sont actives vis-à-vis de toutes les bactéries à Gram positif et à Gram négatif de la flore buccale et, notamment, vis-à-vis d'A. actinomycetemcomitans généralement résistant à la pénicilline (Seymour et Heasman, 1995). Pour Novak et al. (1991), l'utilisation de la tétracycline seule à raison de 1 g/j mais pendant 6 semaines comme adjuvant au traitement initial donne des résultats très satisfaisants avec un arrêt de la progression de la maladie, une diminution de la profondeur des poches parodontales, un gain d'attache clinique et une régénération osseuse significative. Outre leur action antibactérienne, ce groupe de drogues possède un certain nombre de propriétés positives telles que l'inhibition de la collagénase, l'action anti-inflammatoire, l'inhibition de la résorption osseuse et la capacité de favoriser l'attache des fibroblastes à la surface radiculaire.
L'utilisation de l'antiprotozoaire et antibactérien métronidazole à la place de la tétracycline a fait l'objet de plusieurs études car il a une grande capacité de pénétration tissuaire et cellulaire. Van Winkelhoff et al. (1992) ont préconisé l'utilisation d'un cocktail beaucoup plus efficace à base de 250 mg de métronidazole et 375 mg d'amoxicilline 3 fois par jour pour éviter les parodontites dites réfractaires. En 1993, Saxén et Asikainen ont comparé les résultats après administration de métronidazole et de tétracycline par voie générale en tant qu'adjuvants au détartrage et au surfaçage radiculaire dans le traitement de la PJL. Les sujets ont été répartis en 3 groupes égaux : le premier a reçu du métronidazole (200 mg × 3 × 10 j), le deuxième de la tétracycline (250 mg × 4 × 12 j) et le troisième n'a pris aucun médicament et servait de contrôle. Tous les paramètres cliniques ont été mesurés lors de l'examen initial, puis 6 et 18 mois après le traitement. A la fin de l'étude, les A. actinomycetemcomitans étaient descendus sous le niveau de détection dans tous les sites dans le groupe métronidazole, dans 17/26 sites (4 patients) dans le groupe tétracycline et dans 19/26 sites (6 patients) dans le groupe contrôle. En conclusion, le métronidazole est plus efficace que la tétracycline pour supprimer A. actinomycetemcomitans et cette suppression s'accompagne de meilleurs résultats cliniques à long terme.
L'extraction des dents atteintes au stade terminal peut aussi être un traitement afin de ne pas compromettre les dents voisines. L'application de tétracycline peut être utilisée pour améliorer la cicatrisation osseuse des sites d'extraction (Hars et Massler, 1972).
Des hypoplasies cémentaires ont été décrites. Elles pourraient expliquer la perte d'attache ainsi que la facilitation de la pénétration des bactéries mobiles (Lindskog et Blomlöf, 1983). Celles-ci peuvent se trouver au sein du tissu conjonctif et dans l'os alvéolaire des poches parodontales (Saglie et al., 1982). Ces arguments semblent justifier le traitement du cément et l'éviction du tissu de granulation.
Le traitement mécanique et éventuellement chirurgical est le traitement classique pour toute parodontite ; en présence de PJL, l'utilisation supplémentaire d'antibiotique est systématique. En effet, la difficulté d'éliminer A. actinomycetemcomitans par surfaçage dans ce cas a été bien documentée (Slots et Rosling 1983 ; Christersson et al., 1985 et 1987 ; Kornman et Robertson, 1985). Tant l'utilisation des antibiotiques que la suppression des tissus mous entraînent une élimination nettement plus importante de cette bactérie, ce qui soutient l'hypothèse qu'elle réside non seulement dans la poche parodontale mais également dans ses tissus mous (Carranza et al., 1983 ; Saglie et al., 1985 ; Christersson et al., 1987). Lindhe et Liljenberg (1984) ont rapporté la guérison de lésions osseuses angulaires à la suite de lambeau-curetage associé à l'administration de tétracycline en préopératoire et de chlorhexidine pendant la cicatrisation. Quelle que soit la technique utilisée, les PJL répondent très bien au traitement chirurgical sous antibiothérapie (van Winkelhoff et al., 1992). Comme pour toute parodontite, les techniques de comblement et de régénération tissulaire guidée (RTG) trouvent également leur place dans le traitement des lésions infraosseuses associées aux PJL. L'utilisation d'une membrane permet d'obtenir un gain d'attache significativement plus important que quand aucun biomatériau n'est employé (Benqué et al., 1997). Sirirat et al. (1996) ont comparé la RTG et la chirurgie osseuse résectrice (COR) mineure. Un an après le traitement, une réévaluation a été effectuée pour les deux groupes (tableau II).
Seul un contrôle de plaque rigoureux permet de conserver un parodonte sain quels que soient les succès initiaux (Wilson et al., 1984 ; Miller, 1993 ; Kornman et al., 1994). La réévaluation va donc permettre de déterminer les besoins thérapeutiques du patient, d'adapter la fréquence des visites de contrôle en fonction de la situation clinique et d'empêcher toute récidive éventuelle.
Demande de tirés à part
Dr Youssef RAHALI, Lotissement Dolubake, Aïn takaoute, route de Zaïres, villa n° 45, Suissi, RABAT - MAROC.