Orientation du tissu conjonctif autour d'implants dentaires dans un modèle canin - JPIO n° 1 du 01/02/2002
 

Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 1 du 01/02/2002

 

Revue scientifique internationale - Recherche fondamentale

Implantologie

V Jaumet*   Y Reingewirtz**  

But de l'étude

Etablir un bouclier de gencive attachée avec, à défaut d'une attache conjonctive insérée dans le cément radiculaire (inexistant au niveau implantaire), au moins un trousseau de fibres conjonctives orientées perpendiculairement à l'implant. Voilà qui pourrait aboutir à la création d'une barrière efficace contre la pénétration bactérienne. Les résultats histologiques obtenus à ce jour avec l'utilisation d'implants en titane concluent à...


But de l'étude

Etablir un bouclier de gencive attachée avec, à défaut d'une attache conjonctive insérée dans le cément radiculaire (inexistant au niveau implantaire), au moins un trousseau de fibres conjonctives orientées perpendiculairement à l'implant. Voilà qui pourrait aboutir à la création d'une barrière efficace contre la pénétration bactérienne. Les résultats histologiques obtenus à ce jour avec l'utilisation d'implants en titane concluent à l'établissement au niveau coronaire d'un trousseau de fibres conjonctives orientées parallèlement à la surface de l'implant. Les auteurs de cette étude s'interrogent sur l'orientation de ces fibres dans le cas d'implants recouverts d'hydroxyapatite.

Matériels et méthodes

Trente-neuf implants identiques dans leur portion osseuse et coronaire (titane recouvert d'un spray de plasma de titane), mais différents dans la zone d'insertion fibreuse gingivale sont insérés après extraction, sur quatre chiens. La portion implantaire variable est soit en titane (groupe contrôle), soit recouverte d'hydroxyapatite par un spray de plasma (HASP) (épaisseur 40-60 µm, cristallinité de 76 %) ou par un rayon ionique (HARI) (épaisseur 1 µm). Deux des chiens sont sacrifiés à trois mois ; l'influence du facteur bactérien est étudiée par le sacrifice à quatre mois des deux chiens restants après avoir provoqué une péri-implantite par la pose de ligatures dans un des quadrants de chacun des deux chiens.

Résultats

La profondeur du sondage est identique pour tous les groupes sains à 3 et 4 mois, mais est augmentée pour les groupes avec péri-implantite. Des observations identiques sont obtenues par l'évaluation histologique des cellules inflammatoires : infiltrat équivalent quels que soient le groupe, avec ou sans revêtement, et la durée de l'intégration (3 ou 4 mois) ; la seule différence significative apparaît entre les mesures à 4 mois des implants recouverts d'HASP, avec ou sans péri-implantite. La longueur de l'attache conjonctive est indépendante de la présence ou de l'absence de revêtement, ainsi que du temps d'intégration ; en revanche, elle est significativement diminuée à 4 mois entre les groupes HARI sain et inflammatoire. Les fibres ont été classées en groupes orientés à 0-5°, 6-30°, 31-60°, 61-85° et 86-90° par rapport à la surface des implants. La grande majorité des trousseaux fibreux appartient aux groupes 0-5° et 6-30° ; aucune fibre conjonctive oblique-perpendiculaire ou perpendiculaire n'a pu être observée.

Conclusion

L'étude des paramètres cliniques et histologiques péri-implantaires montre après implantation chez le chien des résultats sensibles équivalents à 3 et 4 mois, que l'implant soit recouvert ou non d'un matériau bioactif (HA), par plasma spray ou rayon ionique. L'observation des faisceaux de fibres conjonctives n'a pas permis de mettre en évidence d'attache perpendiculaire aux surfaces implantaires.

Commentaires

L'analyse histologique qui nous est présentée ôte définitivement toute illusion au chirurgien-dentiste désireux de trouver au niveau implantaire ses points de repère habituels observés au niveau parodontal. Non, l'hydroxyapatite ne permet apparemment pas (il faut cependant demeurer prudent vu le nombre restreint de l'échantillon sur lequel porte l'analyse !) la création de trousseaux fibreux équivalant aux fibres de Sharpey. Et pourtant, bien que parallèles à la surface implantaire, les fibres conjonctives associées n'en constituent pas moins une barrière particulièrement efficace contre la pénétration bactérienne. Avec une profondeur de sondage augmentée en moyenne de 1 mm par rapport à l'équivalent parodontal sain, le système d'attache implantaire sain résiste bien au temps pour peu que l'hygiène soit au rendez-vous. Alors la croissance de cellules desmodontales à la surface des implants (Schou, 1996) est-elle impérative pour obtenir enfin une attache conjonctive perpendiculaire ? La barrière mécanique sera-t-elle alors améliorée ou aura-t-on une simple satisfaction théorique ? Les questions sont nombreuses et stimulent l'intérêt constant de la recherche.