Pérennité des restaurations prothétiques esthétiques en céramique hydrothermale : étude longitudinale prospective - Cahiers de Prothèse n° 141 du 01/03/2008
 

Les cahiers de prothèse n° 141 du 01/03/2008

 

revue de presse

Olivier Etienne*   Jean-Claude Schoeffler**  

Objectifs

La céramique hydrothermale testée dans cette étude est une céramique basse fusion sur alliage précieux à haute teneur en or. Cette céramique connue sous le nom de Golden-Gate-System (DeguDent, Hanau) est disponible depuis 1993.

Cette étude longitudinale prospective analyse le taux d’échec in vivo d’éléments cosmétiques en Golden-Gate-System en fonction des indications cliniques, du type de restauration et de la procédure de réalisation en...


Objectifs

La céramique hydrothermale testée dans cette étude est une céramique basse fusion sur alliage précieux à haute teneur en or. Cette céramique connue sous le nom de Golden-Gate-System (DeguDent, Hanau) est disponible depuis 1993.

Cette étude longitudinale prospective analyse le taux d’échec in vivo d’éléments cosmétiques en Golden-Gate-System en fonction des indications cliniques, du type de restauration et de la procédure de réalisation en fonction du laboratoire.

Méthodologie

L’étude clinique a été réalisée dans un cabinet privé ayant adopté ce protocole dans sa pratique quotidienne.

Au total, 115 dents antérieures (24,2 %) et 360 dents postérieures (75,8 %) ont été restaurées à l’aide d’éléments prothétiques unitaires ou pluraux. Une épaisseur de 1,4 à 1,6 mm a été ménagée pour l’élément cosmétique et des limites cervicales de type congé ont été préparées. La solidarisation a été obtenue soit avec du ciment verre-ionomère (Ketac-Cem, 3M Espe, Seefeld) soit avec un ciment oxyphosphate (Richter & Hoffmann Harvard Dental, Berlin). Les travaux prothétiques ont été réalisés dans deux laboratoires différents, mais toujours par le même prothésiste.

Après 144 mois, 364 des 475 éléments ont été inclus dans l’étude sur 67 des 97 patients initiaux. Visuellement, l’auteur recherchait des fractures, des lignes de fêlures et des éclats de céramique mettant à nu l’armature à l’aide d’une loupe (Carl Zeiss, Jena ; grossissement x 5).

Les 475 éléments prothétiques se répartissaient en 310 couronnes céramo-métalliques, 94 éléments intermédiaires de ponts, 31 couronnes télescopiques, 31 couronnes partielles et 10 inlays céramo-métalliques.

Après 144 mois, 179 couronnes périphériques (67 %), 52 éléments intermédiaires (19 %), 14 couronnes télescopiques (5,3 %), 18 couronnes partielles (6,7 %) et 2 inlays (1,1 %) ont pu être contrôlées, les autres patients ne s’étant pas présentés au rendez-vous de contrôle.

Résultats

Le taux de survie a été étudié selon la méthode de Kaplan-Meier : après 144 mois, 90,3 % des couronnes et 91,3 % des éléments intermédiaires ne présentaient aucun défaut.

Pour le groupe inlays-couronnes partielles (n = 40), un taux d’espérance de survie de 72 % suivant l’estimation de Kaplan-Meier a été observé après 144 mois. Pour le groupe couronnes-éléments intermédiaires de pont (n = 404), ce taux était de 92,6 %.

Pour déterminer l’influence du laboratoire sur le taux de survie, seuls les couronnes et les éléments de pont ont été pris en compte. Après 144 mois, un taux de fractures de 8,46 % a été relevé pour le laboratoire 1 et de 15,03 % pour le laboratoire 2.

Discussion

Cette étude ne tient compte que des incidents techniques et non des incidents biologiques (nécessité d’un traitement endodontique, avulsion après lésion carieuse radiculaire…). De ce fait, on peut estimer à 1 % par an le risque d’échec d’origine technique pour les couronnes et les éléments de pont.

Le taux de fractures important au niveau des inlays et des couronnes partielles peut s’expliquer par une épaisseur insuffisante de céramique, surtout au niveau des zones de transition céramique-métal. À l’instar de Biffar et al., on peut ainsi en déduire que la réalisation de couronnes partielles céramo-métalliques n’est pas une proposition probante.

L’importante différence entre les deux laboratoires, après contrôle au bout de 12 mois, peut s’expliquer par un non-respect scrupuleux de la procédure préconisée par le fabricant et un mauvais étalonnage du four.

Conclusion

Cette étude longitudinale prospective sur 144 mois analysant la survenue d’incidents techniques pour le Golden-Gate-System donne des résultats très satisfaisants par rapport aux systèmes conventionnels. Néanmoins, comme pour tous les autres systèmes, il est impératif de poser de bonnes indications, de respecter méticuleusement la procédure décrite par le fabricant et de contrôler très régulièrement l’étalonnage du four à céramique.

Cette étude, bien que prospective, néglige malheureusement certains facteurs tels le mode d’assemblage ou les forces occlusales en jeu selon la position des éléments sur l’arcade. De plus, seuls les incidents techniques ayant été relevés, il convient de relativiser les conclusions à leur juste réalité : cette céramique à basse fusion ne semble pas adaptée à la réalisation d’inlays et de couronnes à facette céramique.