Clinic n° 07 du 01/07/2011

 

IDS 2011

INTRODUCTION

Et voilà, c’est reparti ! Levé à l’aube pour attraper le Thalys de 8 h 01, je m’étais dit que je dormirais dans le train pour commencer la visite, bien reposé, dès midi. C’est que désormais, Cologne n’est plus qu’à 3 heures un quart de Paris : la grande banlieue, en quelque sorte. Peine perdue ! À peine ai-je repéré mon siège qu’un confrère, collègue dans une revue amie, me fait signe. Lui aussi se rend à l’IDS pour un reportage. Quelques minutes plus tard,...


Et voilà, c’est reparti ! Levé à l’aube pour attraper le Thalys de 8 h 01, je m’étais dit que je dormirais dans le train pour commencer la visite, bien reposé, dès midi. C’est que désormais, Cologne n’est plus qu’à 3 heures un quart de Paris : la grande banlieue, en quelque sorte. Peine perdue ! À peine ai-je repéré mon siège qu’un confrère, collègue dans une revue amie, me fait signe. Lui aussi se rend à l’IDS pour un reportage. Quelques minutes plus tard, c’est l’un des responsables d’une grande société d’instruments dentaires qui arrive. Nous nous connaissons tous, c’est l’occasion de papoter en attendant le départ. Pendant que les serveurs nous offrent un copieux breakfast, nous ne prenons même pas le temps de nous asseoir et discutons avec passion de tout ce que nous espérons découvrir sur le salon. Les 3 heures passent incroyablement vite et c’est sous un soleil radieux – il ne nous lâchera pas de tout le séjour – que nous débarquons sur les quais de la gare de Cologne, au pied de la grande cathédrale, malheureusement toujours aussi noire et perpétuellement en travaux.

C’est la sixième fois que je viens ici : je commence à connaître les lieux. La Köln Messe est juste de l’autre côté du fameux pont du chemin de fer à trois arches qui enjambe le Rhin. Ce parc des expositions est encore plus grand que celui de Paris. L’International Dental Show n’occupe que 5 des 11 bâtiments, mais c’est déjà énorme : 145 000 m2, pas loin de 2 000 exposants. À côté de lui, notre ADF fait figure de foire régionale.

Quand vous expliquez cela à un non-initié, il a du mal à comprendre : quels matériels peut-on bien fabriquer et vendre en si grand nombre pour seulement soigner des dents ? Et puis, que font les gens de tous ces pays que l’on ne connaît pas quand les principales sociétés se comptent sur les doigts d’une main ?

Toutes les réponses sont dans les allées de l’exposition. Une première précision pour commencer. L’IDS, c’est avant tout une formidable vitrine de la suprématie industrielle allemande, qui se manifeste aussi en odontologie. Les stands les plus grands, les plus beaux, les plus luxueux, sont pratiquement tous détenus pas des sociétés germaniques. Ce sont aussi les plus nombreux, cela va de soi. Et ils concernent presque à égalité les productions destinées aux chirurgiens-dentistes et aux prothésistes dentaires. C’est qu’en Allemagne, les couronnes et les bridges sont depuis toujours bien remboursés par les assurances. Pourquoi se priver, alors, de faire tourner à plein les fabriques de fausses dents ? Deuxième remarque : on se rend parfaitement compte, ici, que les pays émergents ont aussi leur production. Ce sont parfois des copies, mais également des produits originaux tout à fait concurrentiels de ceux de l’Occident.

J’avais succinctement préparé ma visite en consultant, sur Internet, l’excellent site officiel de l’IDS. Mais les nouveautés annoncées par beaucoup de fabricants ne sont souvent que des modifications mineures de leurs produits habituels. Heureusement, nous avons d’autres sources d’information : tous les matins, des jeunes gens distribuent à l’entrée de l’exposition de gros journaux comme Today ou d’autres magazines gratuits bourrés d’infos et de publicités sur les sociétés représentées. La salle de presse de l’IDS, réservée aux journalistes, recèle de nombreux trésors : les dossiers des principaux fabricants, avec souvent des CD d’images de leur production. Et puis la visite minutieuse des stands est tout aussi passionnante : on parle avec les représentants, on leur demande des explications, on photographie leurs produits. Ils vous donnent un prospectus et parfois leur carte de visite. Et si vous avez de la chance ou qu’ils vous connaissent un peu, vous repartez avec un échantillon. Au retour, vous vous retrouvez avec un excédent de bagages de 5 kg, mais quel bonheur !

Cette année, je suis resté 3 jours et demi, qui sont passés en un éclair. Je ne sais pas si le salon était plus vaste que les autres fois ou si je me suis attardé sur certains stands plus que d’habitude. Je n’ai certainement pas tout vu, mais je me suis attaché à repérer les grandes tendances, les innovations majeures et aussi les petits gadgets ou les trucs inattendus si excitants, qui vous donnent l’énergie et le plaisir de marcher durant des heures, sans même vous arrêter pour déjeuner à midi ni penser à votre mal aux pieds.

La moisson, cette année, fut plutôt intéressante : bien plus riche qu’en 2009 où tout le monde, en pleine crise économique, semblait dans l’expectative. Les nouveautés sont nombreuses et, qu’elles soient simples ou très sophistiquées, ne peuvent laisser indifférent. Il faut bien le dire cependant, les innovations les plus spectaculaires ne seront pas opérationnelles dans tous les cabinets avant longtemps. Il s’agit d’équipements de haute technologie fort coûteux, que seuls des groupements de praticiens pourront s’offrir. Le petit cabinet de proximité, où le chirurgien-dentiste entretient une vraie relation humaine avec ses patients, est-il voué à disparaître ? À voir car, encore une fois, l’IDS reflète surtout une tendance, de loin minoritaire sur la planète : celle d’une dentisterie sophistiquée de pays riches. Tant qu’il y aura des dents à soigner, remplacer ou refaire, les industriels seront contents. Remettre en question ce modèle économique, ce mode de gestion de la santé des citoyens est hors de propos. S’orienter vers la prévention n’est accepté que s’il s’agit d’initiatives individuelles de la part des praticiens avec, comme on peut s’en douter, des résultats plus que limités. Bref, ce qui compte, c’est de faire prospérer le commerce et, surtout, ne pas scier la branche sur laquelle on est confortablement installé.