CENDRES & MÉTAUX, LA TRADITION AU SERVICE DE L'AVENIR

En 1924, il y a tout juste trois quarts de siècle, après avoir développé durant 39 ans une petite fonderie artisanale de métaux précieux, Maurice Aufranc décide d'unir ses forces à celles d'une entreprise concurrente, Zanelli SA, pour créer Cendres & Métaux SA, l'ancêtre de la société actuelle ( ^{fig. 1} et ² ).

Cela se passe dans la ville suisse, germano-francophone, de Bienne (Biel, en allemand), depuis toujours capitale de l'horlogerie où sont installées des sociétés prestigieuses comme Rolex, Omega-Swatch, Jaeger, pour n'en citer que quelques-unes.

Dans ce cadre industriel entièrement voué à la microprécision, la nouvelle structure s'appuiera sur son expérience dans la « refonte » des vieux bijoux ainsi que dans le traitement des déchets contenant des métaux précieux et provenant de la fabrication des boîtiers de montre^* (^{fig. 3} et ⁴). Mais elle profitera du savoir-faire et de la main-d'oeuvre ambiants pour étendre sa compétence à la production de pièces micromécaniques destinées à l'horlogerie.

Un « attachement » au dentaire

Intervient le second conflit mondial. Alors que la plupart des pays sont engagés dans les efforts de guerre, les entreprises helvétiques lancent toutes leurs forces dans l'innovation technologique et se positionnent dans ce qui deviendra plus tard la high tech.

Cendres & Métaux n'est pas en reste. La société ne tarde pas à investir le domaine dentaire où elle va notamment jouer un grand rôle dans le développement des alliages de métaux précieux (pour la technique céramo-métallique et la technique classique de couronnes et de bridges) à partir des années d'après-guerre.

Parallèlement, elle travaille avec l'industrie de pointe : toujours l'horlogerie, mais également l'aérospatiale, les télécommunications, la recherche médicale et, plus récemment, l'industrie du CD-Rom qui ont tous besoin de métaux précieux de contact. Dans le même temps, la réalisation de bijoux constitue l'un des autres points forts du développement permanent de l'entreprise dont la connaissance du traitement des métaux atteint un tel degré qu'elle est encore aujourd'hui la seule structure suisse, « hors actionnariat bancaire », à pouvoir compter parmi ses collaborateurs des essayeurs jurés » (ou « ouvriers d'Etat ») et fabriquer des lingots d'or. En touchant ainsi le high tech, le « département industrie » de Cendres & Métaux sert un peu d'éclaireur au « département dentaire ». Les connaissances micromécaniques de base restent les mêmes, ce sont les applications qui changent.

Après les alliages, viendront les attachements et les endo-systèmes (où Cendres & Métaux occupe une position de leader mondial) dont le développement obligera l'entreprise à quitter les vieux locaux du centre ville pour gagner un cadre plus adapté à la périphérie de Bienne.

L'arrivée en France

A l'époque, durant les années 60, cette nouvelle technique des attachements, relativement complexe et plus ou moins abordée lors de la formation initiale des chirurgiens-dentistes, oblige Cendres & Métaux à produire un gros effort pédagogique. L'entreprise décide d'envoyer des collaborateurs techniques dans quelques pays, comme la France, l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne, tout en ouvrant à Bienne un centre de formation pour universitaires et praticiens, mais on arrive assez vite à saturation. D'où la décision de créer des relais dans les pays limitrophes, sous forme de distributeurs ou de filiales. C'est cette dernière solution qui est choisie pour la France afin d'être plus proche des professionnels dentaires.

La société Dentor SA apparaît donc à la fin des années 60, en plein Paris, rue de Rivoli. Elle sera remplacée deux décennies plus tard par la société Cendres & Métaux France SA, domiciliée à La Varenne-Saint-Hilaire en banlieue parisienne.

Uniquement tournée vers les alliages, les attachements^** et la récupération des métaux précieux, l'entité française est autonome – tout en bénéficiant de la puissance de la prestation et de la recherche proposées par la maison mère biennoise – soucieuse, par ailleurs, comme toutes les autres filiales à travers le monde (Cendres & Métaux est présente dans 55 pays) de la spécificité de la pratique nationale, à travers les relations directes établies avec les praticiens par 9 attachés commerciaux (8 prothésistes dentaires 1 chirurgien-dentiste).

Sérénité et cohérence

Soixante-quinze ans après sa création, la société offre l'image d'une évolution sereine et cohérente, à partir de valeurs et d'un savoir-faire initiaux dont elle ne s'est jamais éloignée. Elle s'appuie encore aujourd'hui sur un actionnariat privé, et même familial, ainsi que sur une indépendance financière vis-à-vis des banques… Voilà en tout cas un des exemples de l'attachement de ses responsables aux traditions. « Nous ne pensons pas que tradition et avenir soient contradictoires, tiennent-ils d'ailleurs à souligner. Au siècle dernier, Cendres & Métaux SA s'occupait déjà du recyclage de métaux précieux et nos clients nous témoignaient déjà une confiance absolue. Mais si le groupe a acquis l'importance qu'il revêt aujourd'hui, c'est grâce à un esprit tourné vers l'avenir. Depuis toujours, nous nous intéressons de très près aux technologies modernes qui respectent l'environnement et concevons de nouveaux produits d'avenir en collaboration avec des scientifiques »…