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Departement of Periodontology Karolinska Institutet, Stockholm-Huddinge, Suède
Le tabac inhalé est actuellement considéré comme le facteur d'environnement le plus important de maladie et de mort prématurée dans le monde occidental. Une quantité impressionnante de données scientifiques a été réunie, mettant en évidence sans équivoque une association entre la consommation de tabac fumé et la morbidité (Bartecchi, 1994). Concernant le cancer du poumon et les maladies...
De nombreuses études ont été réalisées sur le rôle du tabac inhalé dans les facteurs de risque de la maladie parodontale. Les études cliniques et épidémiologiques de ces dernières années ont montré une nette association entre la consommation de tabac et la prévalence et la sévérité de parodontite, suggérant ainsi que fumer est un facteur de risque important de parodontite. L'évaluation du risque calculé à partir des odds ratios est plus que doublée chez les fumeurs. Les résultats des traitements parodontaux sont moins bons. On trouve donc un nombre de fumeurs plus important parmi les cas réfractaires.
Les raisons pour lesquelles on constate une santé parodontale précaire chez les fumeurs ne sont pas entièrement comprises, mais des anomalies quantitatives ou fonctionnelles des immunoglobulines, des neutrophiles, des fibroblastes ou des cytokines pourraient jouer un rôle.
Le tabac chiqué ou prisé peut développer localement des récessions gingivales, mais ne constitue pas en général un facteur de risque des parodontites.
En conclusion, le tabac inhalé est associé pour une grande part aux parodontites et constitue un problème majeur de santé dentaire. En conséquence, l'arrêt du tabac peut être considéré comme une part importante dans le succès du traitement parodontal.
Le tabac inhalé est actuellement considéré comme le facteur d'environnement le plus important de maladie et de mort prématurée dans le monde occidental. Une quantité impressionnante de données scientifiques a été réunie, mettant en évidence sans équivoque une association entre la consommation de tabac fumé et la morbidité (Bartecchi, 1994). Concernant le cancer du poumon et les maladies cardio-coronariennes, une relation de cause à effet a été mise en évidence (US Department of Health, Education and Welfare, 1979 ; US Department of Health and Humans Services, 1982).
Les travaux de ces dernières années ont confirmé le rôle de la consommation du tabac inhalé comme un facteur de risque majeur de la maladie parodontale (Haber et coll., 1993 ; Bergström et Preber, 1994 ; AAP, Position paper, 1996 ; Salvi et coll., 1997). Cette revue de littérature résumera de façon concise nos connaissances actuelles sur les différents aspects associant la consommation de tabac à la maladie parodontale.
Bien qu'une relation possible ait déjà été proposée entre la consommation de tabac et la gingivite ulcéro-nécrotique (GUN), il y a plus d'un siècle (Bergeron, 1859), la première association entre consommation de tabac et maladie parodontale a été mise en évidence par Stammers (1944) et Pindborg (1947), montrant une prévalence plus importante de GUN chez les fumeurs. Ces résultats ont été confirmés dans des études ultérieures (Godhaber et Giddon, 1964 ; Kardachi et Clarke, 1974) et, récemment, une relation équivalente a été rapportée entre des lésions associées à la GUN chez des patients infectés par le virus VIH (Swango et coll., 1991). Les résultats de ces études suggèrent de manière probante une réelle association entre la consommation de tabac et la GUN.
Concernant la relation entre la consommation de tabac et la gingivite chronique, les résultats des études épidémiologiques récentes sont contradictoires. Certaines études montrent peu ou pas de différence d'inflammation gingivale entre les fumeurs et les non-fumeurs (Ainamo, 1971 ; Bergström et Floderus-Myrhed, 1983 ; Feldman et coll., 1983), alors que d'autres études rapportent un niveau élevé d'inflammation gingivale chez les fumeurs (Arno et coll., 1958 ; Alexander, 1970 ; Preber et Kant, 1973 ; Preber et coll., 1980). Ces derniers résultats ne sont pas surprenants car les fumeurs ont, en général, une quantité de plaque dentaire ou de tartre plus importante que les non-fumeurs (Arno et coll., 1958 ; Kristoffersen, 1970 ; Alexander, 1970 ; Ainamo, 1971 ; Sheiham, 1971 ; Preber et Kant, 1973 ; Lavstedt, 1975 ; Preber et coll., 1980 ; Feldman et coll., 1983 ; Ismail et coll., 1983 ; MacGregor, 1984). Par conséquent, l'augmentation de l'inflammation gingivale chez les fumeurs peut être expliquée en grande partie par un taux de plaque plus important associé essentiellement à une moins bonne hygiène orale (MacGregor, 1984 ; MacGregor et Rugg-Gunn, 1984). Des études récentes, où les taux de plaque dentaire ont été contrôlés, mettent en évidence que l'inflammation gingivale chez les fumeurs est cliniquement diminuée, à quantité de plaque dentaire égale. Les fumeurs n'ont pas une gingivite aussi évidente que les non-fumeurs (Bergström et Floderus-Myrhed, 1983 ; Preber et Bergström, 1985a, 1986 ; Bergström et Preber, 1986 ; Bergström et coll., 1988 ; Bergström, 1991 ). Par ailleurs, à partir des résultats des études qui suivent le modèle de la gingivite expérimentale où les sujets suspendent toute hygiène orale pendant 3 à 4 semaines, les fumeurs présentent moins de saignement gingival malgré un niveau identique d'accumulation de plaque dentaire (Bergström et Preber, 1986 ; Danielsen et coll., 1990).
Ces résultats, qui suggèrent une propension au saignement plus faible chez les fumeurs (fig. 1), ne surprendront pas, compte tenu de l'effet vasoconstricteur de la nicotine sur la circulation périphérique (Suter et coll., 1983). Ils peuvent avoir, néanmoins, une importance clinique. En effet, le saignement au sondage est considéré comme un signe clinique important de la maladie parodontale, et intervient aussi comme critère de décision du plan de traitement parodontal. En conséquence, si une plus faible tendance au saignement au sondage des fumeurs n'est pas prise en considération, il existe un risque certain de sous-estimer et de sous-traiter la maladie parodontale chez les fumeurs.
Les études épidémiologiques transversales plus anciennes ne sont pas concluantes sur la relation entre la consommation de tabac et la maladie parodontale (Ludwick et Massler, 1952 ; Arno et coll., 1958 ; Solomon et coll., 1968 ; Summers et Oberman, 1968 ; Sheiman, 1971). Il faut cependant garder à l'esprit que, bien que nous puissions mettre en doute la fiabilité de ces premières études, elles fournissent une quantité importante d'informations et ont montré la voie des études qui les ont suivies.
Durant les quinze dernières années, plusieurs études bien contrôlées, sur d'importants groupes de population et utilisant des méthodes statistiques et épidémiologiques modernes, ont unanimement montré un rapport évident entre la parodontite et la consommation de tabac Ismail et coll., 1983 ; Feldman et coll., 1983 ; (Preber et Bergström, 1986 ; Bergström et Eliasson, 1987 ; Feldman et coll., 1987 ; Goultshin et coll., 1990 ; Ismail et coll., 1990 ; Haber et Kent, 1992 ; Haber et coll., 1993 ; Bergström et Preber, 1994 ; Grossi et coll., 1994 ; Linden et Mullally, 1994 ; Grossi et coll., 1995 ; Martinez-Canut et coll., 1995 ; Mullally et Linden, 1996 ; Zambon et coll., 1996). Les résultats de ces travaux suggèrent que les fumeurs ont une prévalence et une sévérité accrues de la maladie parodontale, une plus grande alvéolyse marginale, une profondeur de sondage plus importante, une perte d'attache clinique plus sévère et une atteinte plus étendue des furcations (fig. 2 et 3) . Concernant l'importance du déficit osseux, la différence reste la même après amélioration du contrôle de plaque, ce qui indiquerait un effet directement lié au tabac (Bergström et Eliasson, 1987 ; Bergström et coll., 1991).
L'évaluation du risque devient de plus en plus importante dans la prévention des maladies chroniques et a été appliquée récemment à la maladie parodontale.
Deux études sur des cas-contrôles similaires, réalisées sur des échantillons de patients atteints de parodontites (Preber et Bergström, 1986 ; Haber et Kent, 1992), évaluent le risque relatif pour les fumeurs de contracter la maladie. Ces deux études rapportent que la valeur des odds ratios des fumeurs se situe entre 2 et 2,5. Grossi et coll. (1994) signalent une estimation identique (odds ratios = 2,4) d'après une large enquête épidémiologique incluant 1 400 sujets. Pour les parodontites sévères, les odds ratios atteignent des valeurs situées entre 5 et 14 en fonction du degré de la maladie et du niveau de tabagisme (Bergström, 1989 ; Haber et Kent, 1992 ; Linden et Mullally, 1994). Le risque relatif calculé à partir d'études récentes est présenté dans le tableau I .
Bien qu'une valeur de risque relatif proche de 2 ne paraisse pas très impressionnante, il faut garder à l'esprit que le nombre de cas liés au tabagisme est important, compte tenu du fait que la maladie parodontale est considérée comme une maladie fréquente.
Il est communément admis que la pathogénie des maladies parodontales est sous la dépendance d'un petit groupe de bactéries qui est principalement responsable de leur déclenchement et de leur progression tandis que l'activation bactérienne des mécanismes de défense de l'hôte résulte en une destruction tissulaire (Taichman et Lindhe, 1989 ; Williams, 1990 ; Socransky et Haffajee, 1991 ; Page et Kornman, 1997). Le tabac inhalé pourrait ainsi interagir avec la flore microbienne et la réponse de l'hôte.
Plusieurs études cliniques et épidémiologiques montrent que les fumeurs ont plus de plaque et de tartre que les non-fumeurs (Arno et coll., 1958 ; Kristoffersen, 1970 ; Alexender, 1970 ; Ainamo, 1971 ; Sheiham, 1971 ; Preber et Kant, 1973 ; Lavstedt, 1975 ; Preber et coll., 1980 ; Feldman et coll., 1983 ; Ismail et coll., 1983 ; MacGregor, 1984). Ces observations confirment que les effets délétères du tabac inhalé sur les tissus parodontaux sont indirects, c'est-à-dire fonction d'une plus grande quantité de plaque chez les fumeurs. Néanmoins certaines études cliniques rapportent des taux d'accumulation de plaque dentaire identiques chez les fumeurs et les non-fumeurs (Bastian et Waite, 1978 ; Swenson, 1979 ; Bergström, 1981 ; Bergström et Preber, 1986), suggérant ainsi qu'un taux d'accumulation supérieur chez les fumeurs est fonction d'une moins bonne hygiène orale (MacGregor, 1984).
Les maladies parodontales sont en premier lieu considérées comme des infections spécifiques (Slots et coll., 1986 ; Slots et Listgarten, 1988). La parodontite humaine est initiée et entretenue par un petit groupe de bactéries principalement gram -, anaérobies, qui colonisent la zone sous-gingivale (Page et Korman, 1997). On pourrait s'attendre ainsi à ce que le tabac inhalé agisse en promouvant de telles infections. Dans une étude récente (Preber et coll., 1992), les relations entre le tabac et certains pathogènes anaérobies sont décrites dans un échantillon de patients atteints de parodontites sévères. Aucune différence n'a été trouvée entre les fumeurs et les non-fumeurs, quant à la fréquence, relativement élevée, ou les différentes combinaisons de A. actinomycetemcomitans, P. gingivalis, et P. intermedia. Les résultats ont été confirmés par d'autres études (Stoltenberg et coll., 1993 ; Preber et coll., 1995).
Dans un autre travail récent (Zambon et coll., 1996) sur un échantillon de 1 400 sujets d'une population non spécifique, les analyses microbiologiques indiquent des taux significativement plus élevés de B. forsythus chez les fumeurs.
Puisque le tabac inhalé ne semble pas avoir un rôle majeur sur la flore bactérienne parodontale, il semble plus probable que le tabac influence la réponse de l'hôte. Le tabac a des effets importants sur le système immunitaire. Des niveaux décroissants des IgG, IgA et IgM ont été mis en évidence chez les fumeurs, mais l'effet inverse a été démontré pour les IgE (Holt et Keast, 1977 ; Gerrard et coll., 1980 ; Johnson et coll., 1990). Des quantités moindres de lymphocyte T-suppresseur CD8 et plus élevées pour les autres lymphocytes ont été rapportées chez les fumeurs (Mili et coll., 1991). Des niveaux plus élevés de lymphocyte DNA adduct ont été trouvés chez les fumeurs (Savela et Hemminki, 1991).
Le tabagisme est également connu pour altérer la fonction des neutrophiles. La viabilité, le chimiotactisme et la phagocytose sont influencés par la consommation de tabac (Eichel et Sharick, 1969 ; Thomas et coll., 1973 ; Kenney et coll., 1977 ; Hughes et coll., 1985 ; Mac Farlane, 1992).
Les cytokines pro-inflammatoires IL-1 et TNF-alpha sont considérées comme des régulateurs clef de la réponse de l'hôte à une infection microbienne. Récemment, Kornman et coll. (1997) ont décrit une parodontite spécifique associée à un génotype IL-1, corrélée à des niveaux élevés de production d'IL-1 chez des non-fumeurs. Chez les fumeurs, la sévérité n'était pas corrélée au génotype, ce qui signifie que l'association génétique n'est évidente que si les fumeurs sont exclus. Ces résultats confirment l'importance du tabac comme facteur de risque pour la parodontite. Une autre étude récente (Boström et coll., 1998), sur un suivi de 5 ans après la chirurgie parodontale, a mis en évidence des niveaux élevés de TNF-alpha, ce qui pourrait impliquer cette cytokine comme marqueur de cicatrisation altérée chez les fumeurs.
Les mécanismes exacts par lesquels la consommation de cigarettes agit sur les tissus parodontaux ne sont pas connus. A côté des effets spécifiques possibles des pathogènes parodontaux et de l'effet immunosuppresseur, ils pourraient être cytotoxiques par l'effet de la nicotine sur la fonction des fibroblastes. Comme pour les autres réponses tissulaires, une fonction fibroblastique normale est essentielle à la maintenance des tissus parodontaux et à une cicatrisation optimale. La nicotine peut être stockée, puis relarguée par les fibroblastes parodontaux (Hanes et coll., 1991) et inhiber la croissance des fibroblastes gingivaux et la production de fibronectine et de collagène (Tipton et Dabbous, 1995). Quoi qu'il en soit, le rôle de la nicotine sur la qualité de l'adhésion des cellules dans lesquelles elle est stockée n'a pas été éclairci : Peacok et coll. (1993) sont partisans d'une meilleure attache, Raulin et coll. (1989) d'une moins bonne. Si ces résultats d'étude in vitro sur la fonction des fibroblastes se reproduisent in vivo, on peut présumer que la nicotine influence le potentiel de cicatrisation du parodonte.
Le tabac inhalé est souvent cité comme facteur important de contribution à une mauvaise cicatrisation et aux complications postopératoires (Mosely et Finseth, 1977 ; Rees et coll., 1984 ; Nolan et coll., 1985). Le tabac est aussi déterminant sur le résultat à long terme des implants (Bain et Moy, 1993 ; Gorman et coll., 1994). La consommation de cigarettes semble exercer une influence défavorable sur les résultats des différentes thérapeutiques parodontales. Pour les thérapeutiques non chirurgicales de détartrage et de surfaçage radiculaire, il n'existe que des études à court terme évaluant les résultats de 1 à 3 mois après traitement. En dépit de ce délai très court de cicatrisation les résultats sont inférieurs pour les fumeurs dans toutes les études. Les résultats de profondeur de sondage de la région maxillaire antérieure sont significativement moins bons chez les fumeurs comparés aux non-fumeurs, un mois, à peine, après traitement (Preber et Bergström, 1985a). Dans l'étude suivante, le saignement au sondage était significativement réduit chez les fumeurs après les mêmes délais d'observation (Preber et Bergström, 1985b). Sur une période de 2 mois, les différences de diminution de profondeur de sondage étaient encore plus grandes (Preber et coll., 1995). Le nombre de sites atteints était réduit de 40 % chez les fumeurs contre 57 % chez les non-fumeurs, bien qu'il n'y ait pas de différence de composition de la flore sous-gingivale (A. actinomycetemcomitans, P. gingivalis, P. intermedia) ni avant, ni après traitement entre les différents groupes. Dans une étude récente, Kinane et Radvar (1997) comparent, chez des patients fumeurs et non fumeurs, trois systèmes à libération locale d'antimicrobiens associés au détartrage et au surfaçage radiculaire, sur une période d'observation de 6 semaines. L'amélioration des profondeurs de sondage et de niveaux d'attache est significativement plus importante chez les patients non fumeurs. Grossi et coll. (1996), dans une étude sur 1 400 sujets d'une population non spécifique, ont confirmé ces résultats sur une période d'observation étendue à 3 mois, montrant une réduction de profondeur de poche et un gain de niveau d'attache inférieurs pour les fumeurs. Cependant, concernant la flore sous-gingivale, le B. gingivalis et le B. forsythus sont plus souvent présents après traitement chez les fumeurs que chez les non-fumeurs.
Pour les thérapeutiques parodontales chirurgicales, sur 12 mois, la réduction des profondeurs de poches est significativement moins importante chez les fumeurs en comparaison des non-fumeurs, soit 0,8 mm et 1,3 mm respectivement (Preber et Bergström, 1990).
Dans deux études à long terme, les résultats de quatre modalités de traitement chirurgical et non chirurgical sont évalués après 6 et 7 années (Ah et coll., 1994 ; Kaldahl et coll., 1996). Les résultats thérapeutiques sont significativement inférieurs pour les fumeurs sur la réduction des profondeurs de sondage et sur le gain d'attache clinique durant toute la période d'observation. On note aussi un rapport dose/réponse indiquant un résultat inférieur pour les gros fumeurs comparés aux fumeurs modérés, et les fumeurs modérés comparés aux non-fumeurs ou anciens fumeurs. Boström et coll. (1998) dans une autre étude à long terme, 5 ans après la chirurgie, confirment non seulement les observations précédentes sur la réduction des profondeurs de poches chez les gros fumeurs, mais notent aussi des différences significatives sur les gains osseux. Les fumeurs ne présentent aucun gain osseux en comparaison des non-fumeurs ou anciens fumeurs, qui montrent des gains significatifs.
Les résultats des études sur la régénération montrent également que la consommation de tabac affecte les résultats de cette technique chirurgicale. Les résultats des techniques de régénération tissulaire, de greffe osseuse ou de greffes gingivales sont moins bons chez les fumeurs (Miller, 1987 ; Tonetti et coll., 1995 ; Rosen et coll., 1996 ; Trombelli et Scabbia, 1997).
Il est notoire que certains patients ont une mauvaise réponse à la thérapeutique. Chez ces patients la perte d'attache progresse après traitement et ils sont habituellement classés comme patients atteints de parodontites réfractaires. Bien que beaucoup de cliniciens aient noté un nombre accru de patients fumeurs dans cette catégorie de parodontite, jusqu'à maintenant seules quelques études ont analysé le rôle du tabac dans la parodontite réfractaire. Des études récentes ont montré une représentation supérieure de fumeurs parmi ces cas réfractaires (MacFarlane et coll., 1992 ; Bergström et Blomlöf, 1992).
Actuellement, il n'y a aucune étude concernant les effets de l'arrêt du tabac sur les patients atteints de parodontite. La prévalence et la sévérité de la parodontite sont plus importantes chez les fumeurs en comparaison d'anciens fumeurs et de non-fumeurs (Bergström et coll., 1991 ; Dunford et coll., 1991 ; Haber et coll., 1993 ; Grossi et coll., 1994 ; Grossi et coll., 1995 ; Haber et Kent, 1992). Bolin et coll. (1993) ont analysé le rôle des modifications d'habitudes tabagiques sur la perte d'os marginal. La hauteur d'os marginal de 349 sujets a été mesurée dans une étude longitudinale en 1970 et en 1980. Quarante-quatre sujets avaient arrêté de fumer sur cette période de 10 ans, montrant une perte d'os significativement moins importante comparée à celle de 139 patients qui continuèrent de fumer pendant cette période.
Une extrapolation de ces résultats suggérerait que l'arrêt du tabac est un facteur influençant le traitement parodontal. Il est néanmoins nécessaire d'approfondir ces résultats par d'autres études cliniques.
Les tabacs non inhalés, comme les tabacs à priser ou à chiquer, et leurs effets sur les tissus parodontaux n'ont pas été étudiés de façon extensive comme le rôle du tabac inhalé. De plus, les études cliniques publiées sur ces tabacs sont habituellement faites sur des sujets jeunes, ce qui implique une période relativement courte de consommation. Les tabacs à chiquer et à priser ont longtemps été associés aux récessions gingivales locales et aux leucoplasies orales (Weintrab et Burt, 1987 ; Robertson et coll., 1990 ; Wray et McGuirt, 1993). Une étude cas-contrôle récente donne des scores d'indice gingival et de niveaux de PgE2 du fluide gingival plus élevés au niveau des sites de placement du tabac, chez des consommateurs de tabacs non inhalés (Johnson et coll., 1996). Ceci indiquerait que le tabac induit la synthèse de PgE2, jouant ainsi un rôle dans les maladies de la sphère buccale.
Cependant ces données sont insuffisantes pour associer l'utilisation de tabac non fumé aux maladies parodontales.
Les études épidémiologiques et cliniques confirment sans ambiguïté le tabac comme un facteur de risque majeur des maladies parodontales. Les estimations de risque relatif font état d'un risque considérable chez les fumeurs. En conséquence la consommation de cigarettes intervient sur la prévalence et la sévérité des parodontites de l'adulte, ainsi que sur les parodontites réfractaires et la gingivite ulcéro-nécrotique.
Dans les études où les niveaux de plaque dentaire ont été corrigés, les fumeurs présentent des profondeurs de sondage, des niveaux d'attaches, et des pertes d'os marginale plus importantes, attribuant ainsi au tabac un effet indépendant. Le tabac masque et diminue les symptômes gingivaux de l'inflammation. Actuellement, aucune étude ne confirme une association entre les tabacs à priser et à chiquer et la parodontite généralisée. Cependant des récessions gingivales peuvent survenir au niveau des sites de localisation. Des études cliniques ont aussi montré que le tabac altère les résultats de différents types de traitement parodontal.
Les études publiées sur la parodontite n'ont pas montré de différence majeure entre la flore bactérienne des patients fumeurs et non fumeurs. Le tabac peut affecter les différentes formes de systèmes de la réponse immune.
Plusieurs études ont montré une relation dose-réponse entre la sévérité de la maladie parodontale et la quantité de tabac consommé. Bien qu'il n'y ait pas actuellement d'étude sur les effets de l'arrêt du tabac, des résultats d'études épidémiologiques et cliniques récentes suggèrent que l'arrêt de la consommation de tabac peut diminuer la progression de la maladie parodontale et améliorer les résultats des traitement parodontaux.
Demande de tirés à part
Hans PREBER, Department of Periodontology, Karolinska Institutet, Box 4064, S-141 04 HUDDINGE - SWEDEN. e-mail : ham.preber@ofa.aki.se.