Régénération osseuse guidée après implantation immédiate postextractionnelle, à l'aide de membrane ou de matériau de comblement biorésorbable, chez le chien Beagle - JPIO n° 2 du 01/05/1999
 

Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 2 du 01/05/1999

 

Revue scientifique internationale

Y. Reingewirtz  

Quelle qualité d'attache peut-on espérer au niveau du col d'un implant non enfoui si celui-ci est placé dans un site d'extraction et recouvert d'une membrane résorbable, avec ou sans adjonction de matériau de comblement biorésorbable ?

Afin de répondre à cette question, une équipe toulouso-nancéenne a posé chez 10 chiens Beagle, dans des sites d'extraction prémolaires et molaires, ces derniers ayant été élargis dans la zone coronaire à l'aide d'une fraise boule, des...


Quelle qualité d'attache peut-on espérer au niveau du col d'un implant non enfoui si celui-ci est placé dans un site d'extraction et recouvert d'une membrane résorbable, avec ou sans adjonction de matériau de comblement biorésorbable ?

Afin de répondre à cette question, une équipe toulouso-nancéenne a posé chez 10 chiens Beagle, dans des sites d'extraction prémolaires et molaires, ces derniers ayant été élargis dans la zone coronaire à l'aide d'une fraise boule, des implants cylindriques creux (4 implants ITI Straumann de 8 mm de long et 2,8 mm de diamètre par chien). On distingue 4 groupes : contrôle/défaut comblé par des particules d'hydroxyapatite poreuse de 200 µm (Biostite®, Pred)/ défaut recouvert par une membrane de collagène (Paroguide®, Colética)/défaut comblé par les granules de Biostite et recouvert par la membrane Paroguide. L'histologie réalisée à 16 semaines sur des coupes de 30 µm d'épaisseur montre au niveau de la partie cervicale des implants, quel que soit le groupe étudié, la présence d'un tissu conjonctif infiltré ; la membrane a disparu et les granules d'HA sont rares ; la surface cervicale de l'implant est fréquemment recouverte de plaque bactérienne ; même pour les implants bien intégrés, la partie creuse est faiblement habitée par de l'os. L'analyse histomorphométrique réalisée sur 2 à 3 coupes par implant ne montre pas de différence significative quel que soit le groupe étudié ; une différence significative est constatée au niveau de la surface de contact (BIC) os-implant si l'on prend en compte les 8 cas d'échec ; dans ce cas les BIC sont de : groupe membrane : 47 % ; groupe HA + membrane : 43 % ; groupe HA : 22 % et groupe contrôle : 28 %. En ce qui concerne la zone du défaut, les auteurs ne rapportent pas de différence significative, quel que soit le groupe étudié.

Les résultats conduisent à plusieurs conclusions incitant à la plus grande prudence. En premier lieu, l'implantation immédiate a plus de chances de réussir, même si le mot immédiat doit en souffrir, si elle est légèrement différée ; les résultats de Cochran avec 100 % de réussite pour une implantation de 69 implants non enfouis 3 mois après extraction en témoignent, que l'excellence du score soit due à la réduction des conditions inflammatoires locales ou à l'accroissement de la stabilité primaire. En second lieu, l'utilisation d'une membrane résorbable, vu le résultat recherché (régénération osseuse) semble contre-indiquée. En troisième lieu, la présence de plaque au niveau des cols implantaires ne fait que confirmer l'incontournable discipline à assurer en matière d'hygiène après la mise en place d'implants. Enfin les pauvres résultats obtenus au niveau de la partie creuse des implants conduisent à les déconseiller dans ce type d'indication (post-extractionnelle). Mais les résultats particulièrement optimistes, sont peut-être des essais bien audacieux, eu égard aux résultats obtenus chez l'animal dans cette étude.

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