Association d'implants endo-osseux avec les pathogènes parodontaux et le C-télopeptide à liaisons croisées avec la pyridinoline - JPIO n° 3 du 01/08/1999
 

Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 3 du 01/08/1999

 

Revue scientifique internationale

Y. Reingewirtz  

Diagnostiquer une perte d'attache est utile. La prédire par la mise en évidence d'espèces bactériennes spécifiques associées, de certains paramètres physico-chimiques ou par la présence de molécules résultant de la dégradation bactérienne est un atout précieux qui peut permettre d'anticiper la thérapeutique. Les auteurs de cette étude s'interrogent sur l'intérêt de l'ICTP (télopeptide carboxyterminale de collagène de type I à liaisons croisées avec la pyridinoline) comme...


Diagnostiquer une perte d'attache est utile. La prédire par la mise en évidence d'espèces bactériennes spécifiques associées, de certains paramètres physico-chimiques ou par la présence de molécules résultant de la dégradation bactérienne est un atout précieux qui peut permettre d'anticiper la thérapeutique. Les auteurs de cette étude s'interrogent sur l'intérêt de l'ICTP (télopeptide carboxyterminale de collagène de type I à liaisons croisées avec la pyridinoline) comme outil de diagnostic précoce d'une destruction osseuse péri-implantaire et sa corrélation avec les espèces pathogènes parodontales.

Pour cela, ils pratiquent des prélèvements au niveau de l'attache épithéliale de 71 implants et de 370 dents de 22 sujets (sauf pour deux sujets édentés totaux). Le taux d'ICTP est déterminé par réaction radio-immune ; l'identification bactérienne est réalisée par la technique de sondes et d'hybridation ADN-ADN en damier. Les résultats ne montrent pas de différence entre les groupes dents naturelles et implants pour les niveaux d'ICTP ainsi que pour les paramètres parodontaux habituels, sauf la profondeur de sondage, plus importante dans le groupe implants ; parmi les espèces bactériennes étudiées, seules Actinomyces viscosus et Campylobacter curvus présentaient des valeurs non comparables entre les deux groupes, plus importantes dans le groupe dents naturelles. Des taux significativement plus élevés d'ICTP ont été mis en évidence dans des sites dentaires ou implantaires où siégeaient des bactéries habituellement associées à la progression de la maladie parodontale, et notamment pour le groupe implants : P. intermedia, C. gingivalis, F. nucleatum ss vincentii, S. gordonii (odds-ratio respectivement de 12,4 ; 9,3 ; 8,1 ; 6,7). Cette étude, en mettant à notre disposition un révélateur non seulement de la maladie parodontale, mais également de la péri-implantite (l'ICTP évoluant parallèlement à la présence des pathogènes impliqués dans les phénomènes de destruction osseuse péri-implantaire), trace la voie d'une nouvelle forme de prévention. Restent à définir les modalités pratiques de cette approche : la recherche du taux d'ICTP doit-elle concerner un ou plusieurs sites ? De un, plusieurs ou de tous les implants ? Une corrélation systématique avec les espèces bactériennes s'impose-t-elle ? Bref, cette voie nouvelle laisse encore beaucoup de questions sans réponses. A suivre...

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